Après quatre ans d’absence, le voici de retour. Ce lundi 20 janvier, Donald Trump reprendra ses quartiers à la Maison Blanche pour un second mandat qui s’annonce d’ores et déjà explosif. Immigration, environnement, politique étrangère… Le président fraîchement élu a prévu une flopée de mesures chocs qu’il compte adopter par décrets dès son premier jour. De quoi mettre immédiatement à l’épreuve sa marge de manœuvre institutionnelle.
Une croisade anti-immigration
C’est la grande priorité de Donald Trump. Celui qui avait fait de la lutte contre l’immigration clandestine un marqueur de son premier mandat entend bien remettre le sujet en haut de la pile. « Dès que j’aurai prêté serment, je lancerai le plus grand programme d’expulsions de l’histoire américaine », a-t-il martelé pendant sa campagne. Au menu : la fin du droit du sol, qu’il juge « ridicule », et l’appel aux militaires pour chasser les sans-papiers du territoire.
Pour passer à l’acte, Donald Trump veut déclarer l’état d’urgence national.
Reste à savoir si le bouillonnant président parviendra à mettre en œuvre un tel programme. Si certaines mesures, comme la suppression d’une application pour les demandeurs d’asile, peuvent être prises par simple décret, d’autres risquent de se heurter à une farouche résistance. Le droit du sol est par exemple garanti par la Constitution. Et tout programme d’expulsion massive pourrait buter sur des recours en justice et le refus de certains pays de récupérer leurs ressortissants.
Une guerre commerciale avec le Canada et le Mexique
Taxes douanières, menaces d’annexion, provocations en tous genres… Les relations avec les voisins canadien et mexicain devraient une nouvelle fois être mises à rude épreuve. Dès le 20 janvier, Donald Trump a promis de signer « tous les documents nécessaires pour imposer des droits de douane de 25% sur TOUS les produits » en provenance de ces deux pays, pourtant liés aux États-Unis par un accord de libre-échange.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche voit dans cette surenchère protectionniste un moyen de faire pression pour endiguer l’entrée de drogues et de clandestins sur le sol américain. Pas sûr cependant que le Congrès, qui a la main sur les questions commerciales, le suive sur ce terrain glissant.
Le grand pardon des émeutiers du Capitole
C’est une promesse que Donald Trump a martelée ces derniers mois : gracier les partisans inculpés pour l’attaque contre le Capitole du 6 janvier 2021, lorsqu’une foule en furie avait tenté d’empêcher la certification de l’élection de Joe Biden. Plus de 1.500 personnes ont été inculpées et quelque 1.270 condamnées dans ce dossier.
Le président élu a répété qu’il prendrait « une mesure de grâce majeure » pour ces « otages » dès son investiture. Une certaine ambiguïté persiste néanmoins sur le sort des émeutiers condamnés pour violences sur des policiers.
Bras de fer diplomatique et retrait d’Ukraine
Sur la scène internationale, le retour de « Trump first » risque de provoquer quelques remous. Avant l’accord trouvé entre Israël et le Hamas, le milliardaire avait prévenu que les islamistes palestiniens vivraient « un enfer » s’ils ne libéraient pas leurs otages à Gaza. Une rhétorique va-t-en-guerre qu’il pourrait être tenté de rallumer à la première occasion.
Autre dossier brûlant : l’Ukraine, où les États-Unis sont engagés militairement depuis l’invasion russe de février 2022. Pendant sa campagne, Donald Trump a répété qu’il voulait mettre fin au conflit, évoquant un horizon de 6 mois. Reste à savoir s’il aura les moyens de ses ambitions, lui qui a multiplié les louanges envers Vladimir Poutine par le passé.
Dérégulation environnementale à tous les étages
Ce climato-sceptique assumé ne s’en est jamais caché : les énergies fossiles ont un brillant avenir devant elles. Sitôt arrivé au Bureau ovale, Donald Trump devrait annuler une récente décision de son prédécesseur interdisant l’exploitation des hydrocarbures au large des côtes. Son credo : « drill baby, drill » (« fore, mon bébé, fore »).
L’ex-magnat de l’immobilier a aussi exprimé sa farouche opposition aux véhicules électriques, malgré son alliance avec Elon Musk, patron de Tesla. Nul doute qu’il fera tout pour enrayer leur développement, quitte à revenir sur certaines normes environnementales.
Contre « le délire transgenre »
Les personnes transgenres seront également dans le viseur du nouveau président républicain. « D’un simple trait de plume, dès le premier jour, nous mettrons un terme au délire transgenre », a-t-il tonné pendant la campagne.
Au programme : l’exclusion pure et simple des personnes transgenres de l’armée et des écoles. « La politique officielle des États-Unis sera qu’il n’y a que deux genres, homme et femme », a prévenu celui qui entend revenir sur les mesures progressistes de l’ère Obama-Biden.
Contre la « théorie critique de la race »
Autre cheval de bataille de la droite américaine dans lequel Donald Trump entend foncer tête baissée : la lutte contre ce qu’il appelle la « théorie critique de la race ». Un terme fourre-tout qui désigne les enseignements de sensibilisation au racisme systémique.
Le successeur de Joe Biden a promis de supprimer tous les financements fédéraux aux écoles qui auraient adopté ces contenus jugés « antipatriotiques ». Une offensive idéologique qui s’annonce explosive dans une Amérique encore profondément divisée sur les questions raciales.
Nul doute que les premiers mois de ce nouveau mandat trumpien s’annoncent aussi intenses que le premier, il y a quatre ans. Avec une incertitude de taille : la capacité du président à imposer ses vues face à un Congrès qui ne lui est que partiellement acquis. Les bras de fer institutionnels risquent de se multiplier, pour le plus grand bonheur des amateurs de political drama.