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Un Pakistanais condamné pour le meurtre d’une nonagénaire à Paris

Un Pakistanais a été condamné à une lourde peine pour le meurtre d'une femme de 91 ans lors d'un cambriolage d'une rare violence à Paris. Le mobile et le déroulé exact de l'agression restent flous, l'accusé évoquant une amnésie. La famille espère que justice est rendue, même si aucune peine ne pourra...

Après 8 heures d’un long délibéré, le verdict est finalement tombé aux alentours d’une heure du matin ce samedi. Dilawar Riaz, un ressortissant pakistanais âgé de seulement 25 ans, a été reconnu coupable du meurtre de Berthe, une Parisienne de 91 ans. Il écope d’une lourde peine de 22 ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté des deux tiers. À l’issue de sa peine, il sera expulsé vers son pays d’origine.

Une agression d’une rare violence

Les faits remontent à la nuit du 9 au 10 juin 2021. Ils se sont déroulés dans un appartement HLM du 13ème arrondissement de Paris. Selon les éléments de l’enquête, l’accusé, déjà connu des services de police pour des vols avec violence et qui subvenait notamment à ses besoins en se prostituant, se serait introduit au domicile de Berthe après avoir passé la soirée chez un voisin de cette dernière.

Le déroulé exact de l’agression reste flou, Dilawar Riaz ayant maintenu durant tout le procès ne pas se souvenir précisément des faits. «Il dit qu’il ne se souvient de rien car il a bu. Mais il se souvient de tout avant les faits. Je pense que nous sommes dans une amnésie de stratégie», a dénoncé l’avocat de la famille de la victime, Me Benoît Chabert.

C’est l’auxiliaire de vie de Berthe qui a découvert son corps sans vie le lendemain matin, gisant au sol dans une mare de sang. Malgré sa prise en charge en urgence, la nonagénaire est décédée de ses blessures le jour suivant.

Une peine exemplaire mais incommensurable

Marius, le petit-fils de Berthe, confiait quelques heures avant le verdict qu’«aucune peine ne peut être à la mesure de ce qu’on a éprouvé avec ma famille». La peine prononcée, proche des réquisitions de l’avocate générale, semble aller dans ce sens.

Il n’y a rien de satisfaisant. C’est un bon verdict. L’accusé va rester encore au moins 12 ans derrière les barreaux avant d’être renvoyé au Pakistan. Je ne pense pas qu’il sera bien accueilli au Pakistan. C’est quelqu’un qui était dans un enfer personnel et qui va y rester.

Marius, petit-fils de la victime

De nombreuses zones d’ombre subsistent

Si la culpabilité de Dilawar Riaz ne fait aucun doute au vu des éléments matériels accablants, de nombreuses questions restent en suspens. Quel était son mobile ? Comment explique-t-il une telle violence gratuite sur une personne aussi vulnérable ? Ses déclarations évasives et contradictoires tout au long de l’instruction et du procès n’ont pas permis d’y voir plus clair.

L’hypothèse d’un cambriolage qui aurait mal tourné reste la plus probable, mais elle n’explique pas tout. Les experts psychiatres ont décelé chez l’accusé des traits de personnalité antisociale et psychopathique, une propension à la manipulation et au mensonge, sans pour autant conclure à une abolition ou une altération de son discernement au moment des faits.

Une affaire emblématique des violences faites aux personnes âgées

Au-delà du drame familial, ce procès met en lumière la problématique plus large des violences subies par les personnes âgées, souvent isolées et vulnérables. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, les atteintes aux personnes de plus de 65 ans ont bondi de près de 20% entre 2016 et 2021 en France.

Face à ce fléau, des dispositifs de prévention et de protection se mettent progressivement en place, comme le plan gouvernemental “Grand Âge” déployé depuis 2020. Mais pour les familles endeuillées comme celle de Berthe, aucune politique publique ne pourra apaiser leur immense douleur. Elles devront vivre avec cette plaie béante, cette incompréhension face à une telle cruauté gratuite.

Le procès de Dilawar Riaz aura au moins eu le mérite de lever le voile sur ces drames de l’ombre et d’honorer la mémoire de celles et ceux qui en sont les victimes oubliées. Espérons que la sévérité de la peine aura valeur d’exemple et contribuera à endiguer ce fléau silencieux mais terriblement destructeur.

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