Dans le paysage rap français en constante évolution, un nouveau phénomène fait parler de lui : le crew parisien 135, composé de 12 jeunes rappeurs pour la plupart blancs. Une situation atypique dans ce milieu artistique, qui leur vaut hélas d’être la cible de moqueries à caractère raciste de la part de certains. Un exemple frappant de ce que l’on nomme parfois le “racisme inversé” ou “racisme anti-blancs”.
Le 135, un crew parisien pas comme les autres
Le 135 est un groupe de 12 rappeurs tous originaires de Paris et de sa banlieue proche. Une particularité les distingue de la plupart des autres groupes de rap français : ils sont en grande majorité blancs de peau, à une ou deux exceptions près. Pourtant, leur musique et leur attitude n’ont rien à envier aux plus grands noms de la scène urbaine.
D’après une source proche du groupe, les 12 membres se sont rencontrés pour la plupart au lycée et partagent depuis des années une même passion pour le rap, au point d’avoir fondé leur collectif il y a quelques mois à peine. Le nom “135” ferait référence au numéro de leur salle de répétition.
Un talent indéniable mais des critiques injustes
Si leurs premiers titres et freestyle diffusés sur les réseaux rencontrent un succès d’estime, le crew doit aussi faire face à des remarques désobligeantes ciblant la couleur de peau de ses membres. “Retournez écouter Céline Dion”, “Le rap c’est pas pour les faces de craie”, peut-on lire parmi les commentaires.
Pourtant, rien dans la musique ou l’attitude des membres du 135 ne les différencie fondamentalement des rappeurs noirs ou arabes. Comme le souligne un proche du groupe :
Ils sont nés dans les mêmes quartiers, ont grandi dans la même culture, partagent les mêmes valeurs que les autres rappeurs. Mais on les attaque sur leur couleur, c’est paradoxal et injuste.
Le “racisme anti-blancs”, une réalité qui dérange
Si le concept de “racisme anti-blancs” fait encore débat, force est de constater qu’il existe bel et bien des discriminations ciblant spécifiquement les blancs dans certains milieux, y compris artistiques. Loin des clichés, le rap n’est pas immunisé contre ces dérives.
Au delà des attaques contre le 135, d’autres rappeurs blancs témoignent avoir subi des remarques similaires :
- “On m’a souvent dit que je n’avais pas ma place dans le game”
- “Certains m’ont déconseillé de rapper car ça ne “collerait” pas avec ma couleur”
- “J’ai dû faire deux fois plus mes preuves que les autres à cause de ma peau”
Ces discriminations peuvent avoir un impact très négatif sur la confiance et la motivation des artistes visés. Pourtant, elles restent un sujet tabou dont on parle peu publiquement.
Le 135 reste confiant et concentré sur la musique
Malgré les critiques essuyées, les membres du 135 gardent la tête haute et les yeux rivés sur leurs objectifs musicaux. Un des rappeurs confie :
On est là pour faire du son, pour représenter nos quartiers et notre passion. Notre couleur n’a rien à voir là dedans. A ceux qui critiquent, on répondra avec nos kicks et nos lyrics.
De fait, les premiers retours des auditeurs sur leur musique sont très positifs. Beaucoup louent l’énergie et la créativité du groupe, qui s’inscrit dans ce que certains appellent déjà “le renouveau du rap parisien”. Le 135 promet d’ailleurs de nouvelles surprises à venir.
Dans un milieu musical qui se veut porte-parole des opprimés, la question du racisme “inversé” reste épineuse. L’exemple du crew 135 montre que le talent et la passion n’ont pas de couleur. Espérons que leur musique et leur parcours permettent de faire évoluer certains regards. Le rap, comme la société, a tout à gagner à combattre tous les racismes.