Le président américain élu Donald Trump a envoyé un message clair aux pays des BRICS ce week-end : toute tentative de saper la domination du dollar sera sévèrement punie. Dans une déclaration fracassante sur son réseau social Truth Social, le milliardaire républicain a menacé d’imposer des droits de douane à 100% sur les importations en provenance de ces puissances émergentes si elles s’avisent de créer une nouvelle monnaie pour concurrencer le billet vert.
Cette mise en garde intervient alors que le groupe des BRICS, qui comprend le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, multiplie les réflexions pour s’affranchir de l’hégémonie du dollar dans les échanges internationaux. Ces pays, qui pèsent pour près d’un quart du PIB mondial, souhaitent façonner un ordre international plus « multipolaire » et moins centré sur l’Occident.
Une monnaie commune des BRICS, un projet encore lointain
Si l’idée d’une devise propre aux BRICS revient régulièrement sur la table, sa concrétisation reste encore très hypothétique. Un tel projet impliquerait en effet pour ces pays de renoncer à une partie de leur souveraineté monétaire, un pas difficile à franchir au sein d’un ensemble aussi hétérogène.
Lors de leur dernier sommet fin octobre à Kazan en Russie, les dirigeants des BRICS ont d’ailleurs jugé que les conditions n’étaient « pas encore mûres » pour lancer leur monnaie unique. Le président russe Vladimir Poutine a lui-même estimé qu’il fallait encore « travailler sérieusement » avant d’aller dans cette direction.
Le dollar, un instrument de puissance contesté
Au-delà de cet épisode, les menaces de Donald Trump illustrent surtout la volonté américaine de préserver coûte que coûte le statut du dollar comme monnaie reine des échanges planétaires. Cette position dominante confère en effet aux États-Unis un levier d’influence considérable dans l’économie mondiale.
Aucun pays ne peut se permettre d’être exclu de l’accès au marché et au système financier américain. C’est cette dépendance qui fait du dollar une arme redoutable.
Un expert en relations internationales
Mais cet « exorbitant privilège » est de plus en plus ouvertement contesté par les puissances montantes. Outre les BRICS, plusieurs pays comme l’Iran ou le Venezuela cherchent activement à s’émanciper de l’emprise du dollar pour échapper aux sanctions américaines.
La dédollarisation, un long chemin semé d’embûches
Pour autant, renverser la suprématie du billet vert s’annonce comme une tâche herculéenne. Malgré son déclin relatif, le dollar reste en effet la devise de référence pour le commerce international, les réserves de change et les transactions financières.
Selon le FMI, il représente encore près de 60% des réserves mondiales de change, loin devant l’euro (20%) et les autres monnaies. Et plus de la moitié des échanges commerciaux dans le monde sont toujours libellés en dollars.
Trump prêt à tout pour défendre le dollar
En brandissant la menace de droits de douane prohibitifs, Donald Trump montre en tout cas qu’il est prêt à employer les grands moyens pour défendre la prééminence du dollar. Le président élu, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier, a d’ailleurs multiplié ces derniers jours les mises en garde tout azimut sur le front commercial.
Dans ce contexte de tensions exacerbées, les velléités d’émancipation monétaire des BRICS risquent fort de se heurter à une résistance américaine farouche. Si l’avènement d’un monde « post-dollar » semble inéluctable à terme, le chemin pour y parvenir s’annonce encore long et périlleux.