C’est un nouveau drame qui endeuille la bande de Gaza, déjà meurtrie par des années de conflit. La Défense civile palestinienne a annoncé ce samedi la mort de trois travailleurs humanitaires, victimes d’une frappe aérienne israélienne sur la ville de Khan Younès, au sud du territoire.
Selon des sources proches du dossier, les trois hommes, tous de nationalité palestinienne, œuvraient pour l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK). Cette organisation, qui intervient dans les zones de crise pour fournir des repas aux populations, avait déjà perdu sept de ses membres dans des bombardements en avril dernier.
L’armée israélienne évoque un « terroriste »
De son côté, l’armée israélienne affirme avoir visé un « terroriste » qui circulait à bord d’un « véhicule civil banalisé ». Elle indique examiner les informations faisant état de victimes travaillant pour WCK, tout en soulignant qu’aucune coordination n’avait été effectuée pour le transport d’aide humanitaire.
Un lourd bilan
D’après Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile gazaouie, au moins cinq « martyrs » ont été extraits des décombres, dont les trois employés de WCK. Il précise que ces derniers ont été touchés alors qu’ils circulaient dans un véhicule de l’organisation clairement identifié, sur l’axe principal de Khan Younès.
Aucun endroit n’est sûr, ni les hôpitaux, ni les maisons, ni même les véhicules humanitaires.
Un habitant de Gaza
La sécurité des ONG en question
Cette tragédie rappelle la précarité de la situation dans laquelle opèrent les organisations humanitaires à Gaza. Malgré les précautions prises, elles restent exposées aux violences dans cette zone de conflit. En avril, WCK avait suspendu ses activités suite à la perte de sept de ses membres, avant de les reprendre fin du mois.
Contactée, l’ONG n’a pas encore réagi à ce nouveau drame. Mais cette énième frappe meurtrière ne manquera pas de relancer le débat sur les « dommages collatéraux » et la protection des civils, humanitaires compris, pris entre deux feux.
Une crise humanitaire qui empire
Sur le terrain, la situation ne cesse de se dégrader pour les deux millions d’habitants de l’enclave palestinienne, sous blocus israélien depuis plus de 15 ans. Pauvreté, chômage, destruction des infrastructures… Tous les indicateurs sont au rouge. Selon l’ONU, Gaza est au bord d’une « catastrophe humanitaire ».
- 80% de la population dépend de l’aide internationale pour survivre
- Le taux de chômage avoisine les 50%
- 97% de l’eau est impropre à la consommation
Dans ce contexte, le travail des ONG est vital mais de plus en plus périlleux. Outre les risques liés aux combats, elles font face à des restrictions de mouvement et d’accès imposées par Israël. Une situation intenable qui pousse certaines à jeter l’éponge.
Un processus de paix en panne
En toile de fond, le conflit israélo-palestinien semble s’enliser chaque jour davantage, faute d’horizon politique. Les négociations de paix sont au point mort depuis des années et la colonisation israélienne, illégale au regard du droit international, se poursuit inexorablement.
De quoi nourrir un peu plus la colère et le désespoir des Palestiniens, dont une partie bascule dans la violence. Une impasse dont les civils, comme ces trois humanitaires, paient le prix fort. A quand une issue à ce cycle infernal ? C’est toute la question. Mais à Gaza plus qu’ailleurs, l’espoir s’amenuise de jour en jour.