Un procès choquant vient de se tenir à Marseille. Un ressortissant algérien a été condamné à 12 mois de prison avec sursis pour avoir orchestré un trafic de chardonnerets élégants, une espèce d’oiseaux protégée. Ces volatiles, réputés pour la beauté de leur plumage et la mélodie de leur chant, sont malheureusement très prisés sur le marché noir.
41 Oiseaux Découverts Lors D’Une Interpellation
L’individu a été interpellé dimanche dernier sur le marché aux puces de Marseille. Dissimulés dans de grands cabas, les enquêteurs ont découvert pas moins de 41 chardonnerets enfermés dans des cages exiguës. Une scène déchirante témoignant de la cruauté de ce trafic ignoble.
Ce n’était malheureusement pas la première fois que le prévenu était pris sur le fait. En novembre dernier, il avait déjà été interpellé en possession de 53 oiseaux qu’il proposait à la vente entre 150 et 300 euros pièce. Malgré cela, il avait alors été laissé en liberté.
Des Techniques De Chasse Dévastatrices
Lors de l’audience, des associations de protection des oiseaux se sont portées parties civiles. Elles ont alerté sur les techniques de chasse particulièrement mortifères employées par les braconniers pour capturer les chardonnerets, comme la chasse à la glu. Non seulement les populations de chardonnerets s’effondrent, mais de nombreuses autres espèces se retrouvent elles aussi victimes de ces pratiques barbares.
Entre 2001 et 2012, la population de chardonnerets en région PACA a diminué de 52%.
Me Céline Bronzani, avocate de la LPO
Un Oiseau Emblématique Au Bord De L’Extinction
Le chardonneret élégant, reconnaissable à son masque rouge et ses ailes noires tachetées de jaune, est un oiseau emblématique du bassin méditerranéen. Malheureusement, il est aujourd’hui en voie de disparition dans tout le Maghreb et en forte régression en France métropolitaine, victime à la fois de la destruction de son habitat et du braconnage.
En Algérie, cet oiseau chanteur a une place toute particulière dans le cœur de la population. Une chanson intitulée « Ô joli chardonneret » y est très populaire. Elle aurait été composée par un poète et militant indépendantiste emprisonné à l’époque coloniale.
Un Jugement Exemplaire, Mais Encore Insuffisant
Si la peine prononcée par le tribunal est plus lourde que les réquisitions du parquet qui demandait 6 mois ferme, elle reste bien en-deçà des peines encourues pour ce type de trafic qui peuvent aller jusqu’à 3 ans de prison et 150 000 euros d’amende. Les associations espèrent que ce jugement aura valeur d’exemple, mais appellent à un durcissement de la législation.
Car si 43 oiseaux ont pu être sauvés et relâchés cette fois-ci, combien d’autres continueront à être victimes de ce commerce illégal cruel et lucratif ? Une chose est sûre, le combat est loin d’être terminé pour protéger ces oiseaux exceptionnels, trésors de notre biodiversité.