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Théorie du genre : la HAS accusée de promouvoir une idéologie

La Haute Autorité de Santé est au cœur d'une vive polémique après ses recommandations sur la transition de genre des mineurs. Les experts sont accusés de promouvoir une idéologie plutôt que de s'appuyer sur des faits scientifiques. Certains parlent même de "théologiens du genre"...

Depuis la publication des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur l’accompagnement des personnes trans, une tempête médiatique s’est levée. Les experts de l’autorité sanitaire sont accusés par certains de promouvoir une idéologie plutôt que de s’appuyer sur une approche médicale rationnelle. Au cœur de cette polémique : la théorie du genre.

Les recommandations controversées de la HAS

Mi-février, la HAS a publié de nouvelles recommandations de bonnes pratiques pour la prise en charge des personnes transgenres. Elles prévoient notamment un accès facilité à la transition médicale, y compris pour les mineurs à partir de 16 ans, sans autorisation parentale obligatoire. La HAS justifie ces mesures par la nécessité de réduire les risques de détresse psychologique et de suicide chez ces personnes vulnérables.

Mais dès leur publication, ces recommandations ont suscité de vives critiques d’une partie du corps médical, de personnalités politiques et d’associations. Certains dénoncent une approche idéologique qui ne prendrait pas suffisamment en compte les risques et incertitudes médicales liés aux traitements hormonaux et chirurgicaux de réassignation sexuelle. D’autres s’inquiètent d’une « épidémie trans » chez les jeunes, en questionnant le rôle des réseaux sociaux et des influences culturelles dans le développement de ces identités.

L’accusation d’une dérive idéologique

Pour les détracteurs des recommandations de la HAS, c’est la théorie du genre qui serait à l’œuvre derrière cette évolution. Selon eux, cette théorie postule que le sexe et le genre ne seraient que des constructions sociales indépendantes de la réalité biologique des corps. Certains parlent même des experts de la HAS comme des « théologiens du genre » dont les croyances imprégnées de cette idéologie les conduiraient à nier les risques des transitions précoces.

Les théologiens du genre considèrent que nulle limite ne doit être posée à la demande de transition.

Paulin Césari, philosophe

Face à ces accusations de dérive idéologique, la HAS se défend en affirmant que ses recommandations s’appuient sur un travail scientifique rigoureux et sur l’état actuel des connaissances médicales, en lien avec les principales sociétés savantes concernées. Elle rappelle que la transition de genre reste un parcours strict et encadré, avec des délais de réflexion, et qu’elle permet une réduction significative de la souffrance des personnes trans.

Une polémique symptômatique d’un débat de société

Au-delà des enjeux spécifiquement médicaux, cette polémique illustre la cristallisation du débat autour des questions de genre et d’identité. Alors que la visibilité des personnes trans n’a jamais été aussi grande, elle suscite en retour d’intenses controverses philosophiques, éthiques et politiques.

  • Défenseurs des droits des personnes trans à disposer librement de leur corps
  • Tenants d’une approche prudente et méfiants envers la théorie du genre
  • Transphobes affirmés attisant les peurs d’une « contagion » chez les jeunes

Entre ces différentes positions, émerge tout un spectre d’attitudes et d’arguments. Où tracer la frontière entre le respect de l’autodétermination et la protection des personnes vulnérables ? Quelle place donner à l’expertise médicale face aux revendications identitaires ? Comment arbitrer sereinement ces tensions ?

En recommandant un accès facilité à la transition, la HAS a pris parti dans ce débat hautement sensible. Elle s’expose ainsi aux critiques de ceux qui y voient le signe d’un aveuglement idéologique. Pourtant, quelles que soient les convictions de chacun, ces recommandations ont le mérite de poser publiquement la question de l’accompagnement des personnes trans, dans une logique de réduction des risques et de prévention des discriminations. Une question sociétale qui est loin d’être tranchée, comme en témoigne cette vive polémique.

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