Alors que le Moyen-Orient est en plein bouleversement avec la chute de Bachar al-Assad en Syrie, les républicains au Congrès américain ont choisi de se focaliser sur un tout autre sujet brûlant : le retrait chaotique des troupes américaines d’Afghanistan en août 2021. Mercredi, ils ont ainsi passé sur le gril le secrétaire d’État Antony Blinken, à la veille de son départ pour la Jordanie où il doit justement évoquer la situation syrienne.
Un face à face houleux
L’audition du chef de la diplomatie américaine par la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, a donné lieu à des échanges tendus. Mettant fin à un long bras de fer, A. Blinken a finalement accepté de témoigner, lui qui était accusé de snober les convocations répétées de la commission.
Dès l’ouverture de la séance, le ton était donné. Le président républicain de la commission, Michael McCaul, a sommé A. Blinken de prendre « la responsabilité de ce retrait désastreux » d’Afghanistan, fustigeant « un évènement catastrophique qui a mis le feu au monde ». Une élue démocrate a bien tenté de recentrer les débats sur la crise syrienne actuelle, en vain.
L’ombre de l’attentat de Kaboul
En toile de fond des échanges, le souvenir douloureux de l’attentat suicide à l’aéroport de Kaboul le 26 août 2021, qui avait coûté la vie à 13 soldats américains dans les ultimes jours du retrait. Des proches des victimes étaient d’ailleurs présents dans la salle. « Je regrette profondément que nous n’ayons pas fait plus pour les protéger », a déclaré A. Blinken, la voix chargée d’émotion.
Retrait acté sous Trump, exécuté sous Biden
Le secrétaire d’État a toutefois rappelé que la décision du retrait remontait à l’ancien président Donald Trump, qui avait signé l’accord de Doha en février 2020, ouvrant la voie au départ des troupes et au retour au pouvoir des talibans. « Le président Biden a été confronté à un choix : mettre fin à la guerre ou l’intensifier », a-t-il argumenté, alors qu’un élu républicain accusait l’administration démocrate d’avoir « du sang sur les mains ».
Un dossier politisé
Ce retrait d’Afghanistan, voulu par D. Trump mais mis en œuvre de façon chaotique sous J. Biden, a été largement politisé dans la perspective de l’élection présidentielle de 2024. D. Trump, de nouveau candidat, l’a d’ailleurs dénoncé avec force. Le dossier s’annonce comme un angle d’attaque majeur des républicains contre les démocrates et le bilan de J. Biden en matière de politique étrangère.
Toujours pas digéré
Plus de deux ans après les faits, les plaies ne sont pas refermées et les leçons pas toutes tirées. Le choc du retrait et de l’attentat de Kaboul hante encore le débat politique américain, comme l’a montré le ton accusateur des élus républicains lors de l’audition de Blinken. Une façon aussi d’éluder les urgences du moment, alors que la chute du régime de Bachar al-Assad ouvre une nouvelle page incertaine au Moyen-Orient, où le chef de la diplomatie américaine est attendu.