Les négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique ont pris un tour tendu ce dimanche matin à Busan en Corée du Sud. À quelques heures de l’échéance fixée pour trouver un accord, les pays favorables à un texte ambitieux ont accusé un petit groupe d’États de bloquer le processus.
La « Coalition des Hautes Ambitions » Dénonce une « Obstruction »
Lors d’une conférence de presse, la ministre française de l’Énergie Olga Givernet s’est dite « inquiète de l’obstruction continue » de certains pays producteurs de pétrole. Elle faisait écho aux propos du délégué des Fidji, Sivendra Michael, qui a accusé « une petite minorité » de pays de « bloquer le processus ».
Si vous ne nous rejoignez pas pour obtenir un traité ambitieux, alors partez !
Sivendra Michael, délégué des Fidji
Cette conférence de presse des pays dits « aux hautes ambitions » a eu lieu alors qu’il ne reste plus que quelques heures pour trouver un accord sur un texte contraignant. Ni les États-Unis, ni la Chine, les deux premiers producteurs de plastique au monde, n’y ont participé.
Des Positions Irréconciliables sur le Cycle de Vie du Plastique
La frustration s’est accrue tout au long de la semaine au sein de la « Coalition des hautes ambitions », forte d’une soixantaine de pays favorables à un traité fort s’attaquant à l’ensemble du « cycle de vie » du plastique, de la production aux déchets.
Cette coalition s’oppose à un petit groupe de pays, surtout des producteurs de pétrole menés par la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran, qui estiment que le futur traité doit uniquement concerner la gestion des déchets et le recyclage.
Il est temps de trouver un terrain d’entente mais le Rwanda ne peut accepter un traité édenté.
Juliet Kabera, déléguée rwandaise
Panama Propose de Graver dans le Marbre la Réduction de la Production
Plus de cent pays se sont joints à une proposition du Panama pour inscrire le principe d’une réduction de la production de plastique dans le traité, tout en renvoyant à plus tard la question des objectifs chiffrés. Une possibilité rejetée en bloc par les pays producteurs de pétrole.
Certains, comme le Panama ou les Fidji, voudraient même exclure des négociations les pays qui s’opposent à toute réduction de la production. D’autres évoquent la possibilité de soumettre au vote un traité comportant cette disposition, plutôt que de rechercher un consensus comme c’est généralement la règle.
Vers une Nouvelle Conférence pour Continuer les Négociations ?
Alors que la journée avance, la diffusion d’un avant-projet de texte, initialement promise pour samedi soir, se fait toujours attendre. Certains diplomates évoquent désormais la possibilité que la conférence s’achève sans accord.
Je pense que certains d’entre nous ont déjà en tête une nouvelle réunion après Busan pour continuer à négocier.
Maria João Teixeira, déléguée portugaise
La déléguée mexicaine, Camila Zepeda, espère toujours un consensus. Mais elle n’exclut pas non plus l’organisation d’un sixième cycle de négociations après Busan.
Busan n’est pas un échec, parce que nous avons une coalition d’une grande majorité de pays qui sont prêts à aller de l’avant.
Camila Zepeda, déléguée mexicaine
Malgré les tensions et les incertitudes, les partisans d’un accord ambitieux ne baissent pas les bras. Ils espèrent toujours parvenir à un texte fort d’ici la fin de la conférence, ou à défaut, lors d’une prochaine réunion. L’enjeu : lutter efficacement contre une pollution plastique devenue incontrôlable.