Une tension sans précédent secoue actuellement la Namibie, pays d’ordinaire réputé pour sa stabilité et sa démocratie. Suite aux élections présidentielles et législatives de mercredi dernier, marquées par de nombreux dysfonctionnements, l’opposition monte au créneau et dénonce un « simulacre » électoral. Malgré ces protestations, les autorités ont décidé de rouvrir certains bureaux de vote pour deux jours supplémentaires.
Des files d’attente interminables qui privent de nombreux Namibiens de leur droit de vote
Mercredi, jour du scrutin, de nombreux électeurs ont dû patienter jusqu’à 12 heures devant les bureaux de vote, quand ils n’ont pas tout simplement renoncé à glisser leur bulletin dans l’urne. Une situation inédite et chaotique qui fait planer le doute sur la transparence et la crédibilité de ces élections.
Face à l’ampleur de la pagaille, la commission électorale a pris la décision controversée de rouvrir 36 bureaux de vote dans le pays pour deux jours supplémentaires, jusqu’à samedi. Une manière de permettre au plus grand nombre d’exercer son devoir citoyen selon les autorités. Mais l’opposition n’est pas de cet avis.
L’opposition dénonce un « simulacre » et appelle à la mobilisation
Pour les partis d’opposition, emmenés par les Patriotes indépendants pour le changement (IPC), ces élections sont entachées d’irrégularités et ne sont qu’un « simulacre ». Ils dénoncent notamment le manque d’organisation et de moyens qui a conduit à priver une partie de la population de son droit de vote.
« Tout ça, c’était pour décourager les gens » estime avec colère Ensley Engermund, un agent de sécurité de 49 ans rencontré par l’AFP. « Il n’y a que 1,5 million d’électeurs inscrits et on se retrouve avec ce chaos ? C’est absurde. »
Ensley Engermund, citoyen namibien
Les leaders de l’opposition doivent se réunir ce vendredi matin pour définir une position commune face à ce qu’ils considèrent comme un déni de démocratie. Des manifestations pourraient être organisées dans les prochains jours pour contester la validité du scrutin.
Le parti au pouvoir, la Swapo, sous pression
Pour ce parti qui dirige sans partage le pays depuis son indépendance en 1990, ces élections s’annoncent plus serrées que jamais. Miné par le chômage massif des jeunes, les inégalités criantes et le renouvellement des générations, le soutien à la Swapo s’est érodé au fil des années.
Netumbo Nandi-Ndaitah, la candidate du parti, pourrait bien être contrainte à un second tour inédit pour accéder à la fonction suprême. Une première dans ce pays minier.
Autre signe du changement des mentalités, 42% des inscrits sur les listes électorales ont moins de 35 ans. Une jeunesse avide de changement et qui aspire à un renouveau politique.
Une démocratie fragilisée
Au-delà des résultats, c’est la solidité de la démocratie namibienne qui est en jeu. Considéré comme un modèle sur le continent, le pays voit son image écornée par ces élections chaotiques.
« Notre démocratie est mise à mal par cette mascarade électorale. Il est temps de changer les choses et de redonner confiance aux citoyens. »
déclare une source proche de l’opposition à l’AFP
Les prochaines heures s’annoncent décisives en Namibie. Entre réouverture contestée des bureaux de vote et menace de contestation des résultats par l’opposition, le pays retient son souffle. Une seule certitude : quel que soit le vainqueur de ce scrutin historique, la société namibienne en ressortira profondément transformée.