Ce vendredi, un nouveau chapitre s’est ouvert dans l’histoire des relations franco-tchadiennes. 120 soldats français ont décollé de l’aéroport militaire de N’Djamena en début d’après-midi, marquant une étape supplémentaire dans le retrait des troupes françaises du pays. Cette opération fait suite à la décision du gouvernement tchadien, il y a dix jours, de mettre fin à 60 années de coopération militaire en rompant les accords de défense qui liaient les deux pays depuis l’indépendance.
Un retrait progressif et méthodique
D’après une source proche du dossier, le départ de ce premier contingent n’est que le début d’un processus de retrait qui va se poursuivre dans les prochaines semaines. L’objectif est de rapatrier l’ensemble des 1450 militaires français actuellement déployés sur le sol tchadien dans le cadre de l’opération Barkhane.
Cette opération, lancée en 2014 pour lutter contre les groupes djihadistes dans la région du Sahel, mobilisait jusqu’ici d’importants moyens militaires français au Tchad :
- Une base aérienne à N’Djamena
- Des forces spéciales
- Des capacités de renseignement
- Un état-major de commandement
Le retrait de ces forces se veut progressif et coordonné pour ne pas déstabiliser la situation sécuritaire. Les autorités françaises assurent travailler en étroite collaboration avec leurs homologues tchadiens pour assurer une transition en douceur.
Une page qui se tourne
Le départ des soldats français ce vendredi sonne comme un véritable tournant dans l’histoire des relations entre Paris et N’Djamena. Depuis l’indépendance du Tchad en 1960, la France a toujours été un partenaire militaire de premier plan, intervenant à de multiples reprises pour soutenir le régime en place face à des rebellions ou des menaces extérieures.
La France a été aux côtés du Tchad à chaque fois que sa stabilité et son intégrité territoriale étaient menacées.
Un diplomate français
Mais les temps changent. Avec l’arrivée au pouvoir du général Mahamat Idriss Déby Itno après le décès de son père Idriss Déby en avril 2021, le Tchad semble vouloir prendre ses distances avec l’ancienne puissance coloniale. La rupture des accords de défense est un signal fort envoyé à Paris.
Quelles conséquences pour la stabilité régionale ?
Au-delà de la symbolique, ce retrait soulève de nombreuses questions quant à ses conséquences sur la sécurité et la stabilité dans la région. Le Tchad est en effet un acteur clé dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel, en particulier contre Boko Haram qui sévit à sa frontière avec le Nigeria.
Sans le soutien des forces françaises, l’armée tchadienne aura-t-elle les moyens de contenir seule cette menace ? C’est tout l’enjeu des prochains mois. Paris assure que ce retrait ne signifie pas un désengagement et que la coopération sécuritaire se poursuivra sous d’autres formes, notamment via la force conjointe du G5 Sahel. Mais beaucoup d’observateurs restent sceptiques et craignent un affaiblissement durable du dispositif anti-terroriste dans la région.
Une chose est sûre : le départ des soldats français du Tchad ce vendredi marque un tournant historique et stratégique majeur, dont les conséquences seront scrutées de près dans les capitales de la région et au-delà. La suite des événements dira si ce pari de l’autonomie tchadienne était le bon.