Imaginez rentrer chez vous après une longue journée de travail, pour découvrir des inscriptions menaçantes taguées sur votre boîte aux lettres. C’est la réalité qu’a vécue un surveillant pénitentiaire cette semaine à Morangis, en Essonne. Les lettres DDPF, acronyme de « Défense des prisonniers français », ont été retrouvées dans son immeuble, semant l’inquiétude dans un contexte déjà tendu pour le personnel des prisons françaises. Cet incident, loin d’être isolé, s’inscrit dans une vague d’intimidations ciblant les agents pénitentiaires à travers le pays.
Une vague d’intimidation qui secoue les prisons
Depuis plusieurs semaines, les surveillants pénitentiaires sont la cible d’actes malveillants. Voitures incendiées, dégradations de biens, tags menaçants : ces incidents se multiplient, portant souvent la signature DDPF. Mais que représente cet acronyme ? Selon les autorités, il s’agirait d’un étendard sous lequel s’organisent des individus ou groupes cherchant à intimider le personnel carcéral. L’incident de Morangis, survenu le 7 mai 2025, illustre cette escalade inquiétante.
Dans cet immeuble résidentiel, les tags ont été découverts non seulement sur la boîte aux lettres du surveillant, mais aussi dans la cage d’ascenseur. Un message clair : on sait où vous vivez. Cette découverte a immédiatement déclenché une réponse des autorités, avec l’ouverture d’une enquête pour dégradation de biens.
Morangis : un cas emblématique
À Morangis, petite commune de l’Essonne, l’incident a pris une résonance particulière. Le surveillant visé, employé au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis, est le seul agent pénitentiaire de son immeuble. Cette précision rend l’acte d’autant plus ciblé, éliminant presque tout doute sur l’intention des auteurs. Les inscriptions, repérées mercredi dernier, ont conduit à une mobilisation rapide des forces de l’ordre.
Un étendard criminel derrière lequel se sont agrégés des malfaiteurs.
Une magistrate, décrivant le phénomène DDPF
Pour répondre à la gravité de la situation, l’enquête a été confiée à la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS 91), une unité expérimentée dans les affaires sensibles. Un dispositif de sécurité a également été mis en place autour de la résidence du surveillant, signe de la tension ambiante.
Un phénomène national
Si l’incident de Morangis attire l’attention, il n’est qu’un épisode parmi d’autres. Depuis la mi-avril 2025, les actes d’intimidation se sont multipliés à travers la France. Voici quelques exemples marquants :
- Incendies criminels : Dans l’Oise, un couple de surveillants a échappé de justesse à un feu déclenché au pied de leur maison dans la nuit du 5 au 6 mai.
- Dégradations : Des tags similaires ont été recensés près des domiciles d’agents dans plusieurs régions, souvent accompagnés de messages hostiles.
- Violences ciblées : Des véhicules appartenant à des surveillants ont été vandalisés ou brûlés, parfois en pleine nuit.
Ces actes, loin d’être spontanés, semblent coordonnés. Les autorités parlent d’un mouvement criminel qui cherche à déstabiliser l’administration pénitentiaire. Mais qui sont les responsables ?
DDPF : un étendard criminel ?
L’acronyme DDPF est devenu un symbole de cette vague d’hostilité. Présenté comme un groupe ou un mot d’ordre, il regrouperait des individus issus de milieux criminels, potentiellement liés à des détenus ou à leurs proches. Selon une magistrate interrogée récemment, il s’agit d’un « étendard criminel » sous lequel s’agrègent des malfaiteurs en quête de revanche contre le système carcéral.
Les motivations derrière ces actes restent floues. Certains y voient une réponse à des conditions de détention jugées trop strictes, d’autres une tentative d’affaiblir l’autorité des surveillants. Une chose est sûre : ces intimidations ont un impact psychologique fort sur les agents et leurs familles.
Chiffres clés : Depuis avril 2025, plus de 20 suspects ont été mis en examen dans le cadre des attaques contre le personnel pénitentiaire. Les incidents touchent toutes les régions de France.
Les surveillants sous pression
Travailler dans une prison comme Fleury-Mérogis, l’un des plus grands centres pénitentiaires d’Europe, est déjà un métier à haut risque. Les surveillants doivent gérer des détenus parfois violents, dans un environnement où les tensions sont permanentes. Mais aujourd’hui, le danger s’étend au-delà des murs de la prison.
Pour beaucoup d’agents, ces tags et actes d’intimidation sont vécus comme une violation de leur vie privée. « On ne se sent plus en sécurité nulle part », confiait récemment un surveillant anonyme. Cette insécurité touche aussi les familles, qui craignent des représailles.
Une réponse judiciaire et sécuritaire
Face à cette vague d’hostilité, les autorités ont renforcé leurs moyens. Outre l’enquête ouverte à Morangis, des investigations nationales sont en cours pour identifier les responsables du mouvement DDPF. Début mai, une opération d’envergure a conduit à la mise en examen de 21 suspects, soupçonnés d’être impliqués dans ces actes.
Sur le terrain, des mesures concrètes sont mises en place :
- Renforcement des patrouilles : Des rondes policières sont organisées autour des résidences des surveillants ciblés.
- Soutien psychologique : Des dispositifs d’accompagnement sont proposés aux agents et à leurs familles.
- Coopération interservices : Les unités spécialisées, comme la DCOS 91, collaborent avec les parquets pour accélérer les enquêtes.
Quel avenir pour la sécurité pénitentiaire ?
La multiplication des incidents soulève des questions sur la sécurité des surveillants pénitentiaires. Comment protéger ceux qui assurent l’ordre dans les prisons ? Les réponses passent par une combinaison de mesures judiciaires, sécuritaires et sociales. Mais pour l’heure, le climat reste tendu, et les agents vivent dans la crainte d’une nouvelle escalade.
À Morangis, l’enquête suit son cours. Les habitants de l’immeuble, choqués, se demandent si leur quartier est désormais dans le viseur de ces malfaiteurs. Quant au surveillant visé, il doit composer avec une réalité nouvelle : celle d’un métier qui, plus que jamais, expose à des risques hors des murs.
Et si la prochaine cible était plus proche qu’on ne le pense ?
Cette affaire, bien que locale, reflète un problème national. Les tags DDPF ne sont pas de simples graffitis : ils sont le symptôme d’un conflit plus profond entre certains milieux criminels et l’administration pénitentiaire. Reste à savoir si les autorités parviendront à enrayer ce cycle d’intimidation avant qu’il ne dégénère davantage.