Après des années de guerre civile et un bouleversement politique majeur, la Syrie se prépare à un tournant décisif. En septembre 2025, une nouvelle assemblée transitoire verra le jour, marquant une étape clé dans la reconstruction du pays. Ce processus, mêlant scrutin indirect et nominations présidentielles, soulève espoirs et interrogations. Comment ce nouveau parlement façonnera-t-il l’avenir d’une nation fragilisée ?
Un Nouveau Chapitre pour la Syrie
Depuis la chute de l’ancien régime en décembre 2024, la Syrie vit une période de transition sous la direction du président par intérim, Ahmad al-Chareh. Ce dernier a dissous l’ancienne assemblée et mis en place une déclaration constitutionnelle provisoire, fixant une période transitoire de cinq ans. Ce cadre vise à stabiliser le pays tout en posant les bases d’une gouvernance renouvelée. Mais les défis sont nombreux, notamment en termes de représentativité et de sécurité.
Un Scrutin Indirect pour une Nouvelle Assemblée
Le processus électoral prévu pour septembre 2025 est inédit. Contrairement à une élection classique, deux tiers des 210 membres de la nouvelle Assemblée du peuple seront choisis par des instances électorales locales. Le tiers restant, soit 70 sièges, sera directement nommé par le président par intérim. Cette méthode hybride vise à équilibrer représentation locale et contrôle centralisé, mais elle suscite déjà des débats.
Le président de la commission électorale, Mohammed Taha al-Ahmad, a détaillé les étapes du processus lors d’une récente rencontre avec Ahmad al-Chareh. Selon lui, le scrutin se tiendra entre le 15 et le 20 septembre. Les comités locaux, sélectionnés par la commission, formeront le corps électoral chargé de désigner les 140 députés élus. Ce système, bien que structuré, pourrait limiter la participation directe des citoyens.
Le scrutin pour élire les membres de l’Assemblée du peuple devrait se tenir entre le 15 et le 20 septembre.
Mohammed Taha al-Ahmad
Une Représentation Féminine Garantie
Un point notable de ce scrutin est l’engagement en faveur de la participation féminine. Mohammed Taha al-Ahmad a annoncé qu’au moins 20 % des membres du corps électoral seront des femmes. Cette mesure, bien que symbolique, marque une volonté d’inclure davantage les femmes dans la vie politique syrienne, un domaine historiquement dominé par les hommes. Cependant, certains observateurs estiment que cet objectif reste modeste face aux attentes d’une société en quête de renouveau.
La participation féminine, un pas vers l’inclusion, mais suffira-t-elle à répondre aux aspirations d’une société fragmentée ?
Le Rôle de la Commission Électorale
Pour encadrer ce processus, une commission de dix membres a été créée par décret présidentiel en juin 2025. Cette commission supervise la formation des organes électoraux locaux et veille à l’organisation du scrutin. Elle a récemment soumis au président par intérim la version finale du mode de scrutin, marquant une avancée concrète vers la tenue des élections. Les candidatures seront ouvertes prochainement, offrant aux postulants une semaine pour présenter leurs programmes et participer à des débats avec les comités locaux.
Cette approche, bien que méthodique, soulève des questions sur la transparence et l’indépendance des comités locaux. Qui seront les candidats ? Comment seront-ils sélectionnés ? Ces interrogations alimentent les discussions dans un pays où la confiance envers les institutions reste fragile.
Un Mandat Transitoire aux Enjeux Majeurs
La nouvelle assemblée, une fois constituée, aura un mandat de deux ans et demi, renouvelable. Son rôle sera crucial : elle exercera les fonctions législatives jusqu’à l’adoption d’une Constitution permanente et l’organisation de nouvelles élections. Ce cadre transitoire est perçu comme une étape vers la normalisation politique, mais il n’est pas sans critiques.
La déclaration constitutionnelle, promulguée en mars 2025, a été pointée du doigt pour la concentration des pouvoirs qu’elle accorde au président par intérim. De nombreux observateurs dénoncent un manque de représentativité, notamment pour les minorités ethniques et religieuses. Dans un pays marqué par des décennies de conflits intercommunautaires, cette question est loin d’être anodine.
Les Défis de la Stabilité et de la Sécurité
La capacité du nouveau pouvoir à garantir la stabilité politique et la sécurité reste un sujet brûlant. Des violences sporadiques, impliquant parfois des forces pro-gouvernementales, continuent de secouer le pays. Ces tensions ravivent les craintes des minorités, qui s’inquiètent de leur place dans le futur système politique. La nouvelle assemblée devra donc relever un double défi : légiférer pour une société divisée tout en rassurant les différentes communautés.
- Représentation des minorités : un enjeu clé pour la légitimité de l’assemblée.
- Sécurité : des violences sporadiques menacent la stabilité du processus.
- Confiance : restaurer la foi des citoyens dans les institutions politiques.
Un Processus sous Surveillance
Le scrutin de septembre sera scruté de près, tant par les Syriens que par la communauté internationale. Les attentes sont immenses : il s’agit non seulement de former une assemblée représentative, mais aussi de poser les bases d’une gouvernance inclusive. Les critiques formulées contre la déclaration constitutionnelle et le rôle prédominant du président par intérim risquent de peser sur la légitimité du processus.
Pourtant, des voix optimistes soulignent l’opportunité qu’offre cette transition. Après des années de conflit, la création d’une nouvelle assemblée pourrait marquer le début d’une reconstruction politique. Mais pour cela, la transparence et l’inclusion devront être au rendez-vous.
Vers un Avenir Incertain
À l’approche de septembre, la Syrie se trouve à un carrefour. Le processus électoral, bien que perfectible, représente une lueur d’espoir pour un pays meurtri. La nouvelle assemblée, avec ses 210 membres, aura la lourde tâche de légiférer dans un contexte de tensions persistantes. Réussira-t-elle à surmonter les divisions et à répondre aux aspirations d’un peuple en quête de paix ?
Les prochaines semaines seront déterminantes. Les débats entre candidats et comités locaux promettent d’animer la scène politique, tandis que la communauté internationale observera avec attention. Une chose est sûre : l’avenir de la Syrie dépendra de la capacité de ses dirigeants à construire un système inclusif et stable.
Aspect | Détails |
---|---|
Nombre de membres | 210 (140 élus, 70 nommés) |
Date du scrutin | 15-20 septembre 2025 |
Participation féminine | Minimum 20 % |
Durée du mandat | 2,5 ans, renouvelable |
En conclusion, le scrutin de septembre 2025 est bien plus qu’une simple élection. Il s’agit d’un test pour la résilience et l’ambition de la Syrie post-conflit. Entre espoirs de renouveau et défis structurels, ce processus pourrait redéfinir les contours d’un pays en quête de stabilité. Reste à savoir si les promesses d’inclusion et de transparence seront tenues.