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Syrie : Les jihadistes et rebelles prennent le contrôle d’Alep

Alep, bastion du régime syrien, est tombée aux mains des jihadistes et rebelles après une offensive fulgurante. La ville a sombré dans le chaos et la violence, faisant craindre un retour aux pires heures de la guerre civile...

Dans un revirement de situation brutal en Syrie, les jihadistes et les factions rebelles alliées ont pris le contrôle de la majeure partie d’Alep, la deuxième plus grande ville du pays, après une offensive éclair qui a fait plus de 300 morts. Ces violences sont les premières d’une telle ampleur depuis des années, brisant la relative accalmie qui régnait malgré la guerre civile dévastatrice débutée en 2011.

Le régime syrien perd le contrôle d’Alep

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni mais disposant d’un large réseau de sources sur le terrain, les jihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe lié à Al-Qaïda, et leurs alliés rebelles ont réussi à s’emparer de la plupart des quartiers d’Alep ainsi que des bâtiments gouvernementaux et des prisons.

Cette prise de contrôle constitue un revers majeur pour le régime de Bachar al-Assad, qui avait reconquis Alep en 2016 avec le soutien crucial de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais après d’intenses bombardements. Malgré cela, de vastes portions du territoire syrien échappent toujours au contrôle du gouvernement, notamment la province d’Idleb dans le nord-ouest, fief des jihadistes et rebelles.

Le retour des combats et le spectre d’une nouvelle escalade

L’entrée des combattants anti-régime dans Alep vendredi a marqué le retour des affrontements dans la ville, faisant resurgir chez les habitants la peur de revivre le scénario catastrophique des pires années de la guerre. Selon un habitant cité par l’AFP:

Pour la première fois depuis près de cinq ans, nous entendons les roquettes et des obus et parfois les avions. On a peur que le scénario de la guerre se répète et d’être obligés de fuir nos maisons.

L’offensive rebelle, lancée mercredi, aurait fait au moins 311 morts dont 183 jihadistes et rebelles, 100 soldats et miliciens pro-régime ainsi que 28 civils d’après l’OSDH. Les jihadistes affirment avoir lancé l’assaut en réaction aux bombardements du régime sur les zones civiles qui auraient provoqué l’exode de dizaines de milliers de personnes.

L’aviation russe intervient, des victoires stratégiques pour les rebelles

Face à l’avancée jihadiste, l’armée russe a annoncé avoir mené des frappes aériennes contre les groupes « extrémistes » pour appuyer les forces du régime syrien. Il s’agit des premiers raids russes sur Alep depuis 2016. L’aviation syrienne a elle aussi intensifié ses bombardements sur la région d’Idleb.

Malgré cela, les jihadistes et leurs alliés ont remporté d’importantes victoires en s’emparant d’environ 70 localités dont la ville clé de Saraqeb, au sud d’Alep, située à un carrefour stratégique entre l’autoroute M4 reliant Lattaquié à Alep et la M5 entre Damas et Alep. Cette avancée a été facilitée par au moins deux attentats suicide à la voiture piégée selon l’OSDH.

Un cessez-le-feu fragile vole en éclats

L’offensive rebelle a mis à mal le calme précaire qui régnait dans le nord-ouest syrien depuis l’instauration d’un cessez-le-feu en mars 2020, parrainé par la Russie et la Turquie. Elle intervient au moment où un autre cessez-le-feu entrait en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais après plus de deux mois d’affrontements.

Cette escalade soudaine ravive les craintes d’un embrasement général et d’un retour aux heures les plus sombres du conflit syrien qui a fait un demi-million de morts et des millions de déplacés depuis 2011. La guerre en Syrie reste plus que jamais un bourbier complexe où de multiples acteurs régionaux et internationaux s’affrontent par procuration, rendant toute résolution durable particulièrement ardue.

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