Dans un tournant décisif pour l’avenir de la Syrie, le nouveau pouvoir en place a annoncé mardi avoir conclu un accord avec tous les groupes armés du pays pour leur dissolution et intégration au sein du ministère de la Défense. Une étape cruciale vers le retour de la paix et de la stabilité après plus d’une décennie de conflit dévastateur.
Un accord historique pour tourner la page de la guerre
Selon des sources officielles, une réunion au sommet entre le nouveau dirigeant syrien Ahmad al-Chareh et les chefs des différentes factions armées a abouti à cet accord sans précédent. Toutes les milices, qu’elles soient pro-régime ou rebelles, ont accepté de déposer les armes et d’intégrer les rangs de l’armée régulière, sous l’autorité du ministère de la Défense.
Ahmad al-Chareh, qui avait pris le pouvoir suite à la chute de Bachar el-Assad début décembre, s’était engagé à restaurer la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire syrien. Il avait notamment promis de ne plus tolérer aucun groupe armé échappant au contrôle des autorités légitimes.
Je ne permettrai absolument pas que des armes échappent au contrôle de l’État. Cette décision s’appliquera à toutes les factions, y compris dans les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes.
Ahmad al-Chareh, nouveau dirigeant syrien
Le Qatar souhaite une levée rapide des sanctions
Dans la foulée de cet accord, le Qatar a appelé mardi à une levée « rapide » des sanctions internationales imposées à la Syrie. Selon le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, ces sanctions n’ont plus lieu d’être maintenant que le régime répressif de Bachar el-Assad a été renversé.
Une délégation qatarie de haut niveau avait rencontré lundi le nouveau dirigeant syrien à Damas, marquant un réchauffement des relations entre les deux pays. Le Qatar, à l’instar de nombreux États arabes, avait rompu ses liens avec la Syrie au début de la révolte en 2011.
Le retour progressif des réfugiés
Autre signe du retour progressif à la normale en Syrie, plus de 25 000 réfugiés syriens de Turquie ont regagné leur pays au cours des 15 derniers jours, depuis la chute du régime Assad. La Turquie accueille encore près de 3 millions de Syriens sur son sol.
Le ministre turc de l’Intérieur a annoncé la création de bureaux dédiés au sein de l’ambassade et du consulat turcs en Syrie pour faciliter les procédures de retour. Les autorités turques espèrent organiser le rapatriement d’importants contingents de réfugiés dans les mois à venir, sous réserve que la situation sécuritaire continue de s’améliorer.
Révélations sur le sort de civils disparus
Parallèlement, de nouvelles informations ont émergé concernant certains civils portés disparus pendant la guerre. L’ONG Hostage Aid Worldwide a ainsi révélé que l’évêque syro-américain Yohanna Ibrahim, enlevé en 2013, avait été vu en 2018 dans une prison du régime Assad.
L’organisation a également affirmé détenir des preuves que le journaliste américain Austin Tice, disparu en 2012, serait toujours en vie. Le président Joe Biden avait lui-même déclaré en août dernier avoir la certitude que le reporter était vivant et retenu en otage en Syrie.
Vers une transition pacifique et inclusive ?
Si beaucoup de questions restent en suspens, notamment sur le sort de Bachar el-Assad et de ses proches, le nouveau pouvoir syrien semble déterminé à tourner la page de la guerre civile et à engager le pays sur la voie de la réconciliation nationale.
La dissolution des groupes armés et leur intégration dans les forces régulières constituent indéniablement une avancée majeure dans ce processus. Reste à voir si le changement de régime saura répondre aux aspirations démocratiques du peuple syrien et jeter les bases d’une transition politique pacifique et inclusive.
L’initiative du Qatar pour la levée des sanctions témoigne en tout cas d’un changement d’approche de la communauté internationale, qui semble prête à donner sa chance au nouveau pouvoir en place. Une attitude pragmatique, motivée par le souci de stabiliser durablement le pays et d’éviter l’émergence de nouveaux foyers de violence.
Pour des millions de Syriens, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, l’accord de dissolution des groupes armés représente l’espoir d’un retour à une vie normale, loin du fracas des armes et des souffrances endurées depuis 2011. Un espoir encore fragile, mais qui pourrait bien marquer un tournant décisif dans l’un des conflits les plus meurtriers du XXIe siècle.