En politique, les sondages font souvent office de boule de cristal, prédisant l’avenir électoral avec plus ou moins de fiabilité. Mais que se passerait-il si ces projections venaient à se réaliser ? C’est la question que soulève un sondage confidentiel commandé par Les Républicains en décembre dernier, en plein débat sur la loi immigration. Selon cette enquête réalisée par Ipsos, une dissolution de l’Assemblée nationale donnerait une majorité absolue au Rassemblement national, avec entre 243 et 305 sièges. Une véritable déflagration politique en perspective, qui mérite qu’on s’y attarde.
Des résultats à prendre avec des pincettes
Avant de tirer des conclusions hâtives de ce sondage, il convient d’en souligner les limites. Tout d’abord, il ne s’agit que d’une photographie à un instant T, qui plus est vieille de six mois. Ensuite, le mode de scrutin des législatives, avec ses 577 élections locales, rend les projections en sièges particulièrement délicates. En 2022, les sondages avaient ainsi largement sous-estimé le poids du RN, crédité d’une vingtaine d’élus une semaine avant le scrutin, contre 89 sièges obtenus in fine.
La dynamique Rassemblement national confirmée
Malgré ces réserves méthodologiques, force est de constater que ce sondage confirme la dynamique du parti de Marine Le Pen. Longtemps marginalisé au Parlement, le RN apparaît aujourd’hui comme le grand favori des élections, en passe de tripler son nombre de sièges. Une mue spectaculaire qui valide définitivement la stratégie de normalisation entreprise ces dernières années.
La victoire est possible : ne vous abstenez plus jamais. Si le peuple vote, le peuple gagne!
Alexandre Loubet, député RN de Moselle
L’effondrement annoncé du camp présidentiel et de la gauche
En miroir de la poussée du RN, le sondage laisse entrevoir un recul significatif des autres forces politiques en cas de dissolution :
- Les macronistes passeraient de 246 à 117-165 députés
- La NUPES obtiendrait 55-79 sièges, contre 131 actuellement
- Seul LR limiterait la casse avec 44-60 élus (62 aujourd’hui)
Un véritable séisme politique qui rebattrait totalement les cartes à l’Assemblée nationale. Mais là encore, prudence sur les chiffres exacts, tant la marge d’erreur est grande sur ce type d’exercice.
Du sondage à la réalité des urnes
En définitive, ce sondage dessine les contours d’un futur possible, où le RN s’imposerait comme première force à l’Assemblée. Mais il ne s’agit que d’une hypothèse parmi d’autres, soumise aux aléas de la campagne électorale et de la mobilisation des électeurs. La dissolution sera-t-elle prononcée ? Les Français se déplaceront-ils massivement aux urnes ? Les reports de voix s’opéreront-ils conformément aux projections ? Autant de questions qui restent en suspens et qui décideront de l’issue du scrutin.
Une chose est sûre : ce sondage aura eu le mérite de relancer le débat sur l’évolution du paysage politique français et la place qu’y occupe désormais le Rassemblement national. Un parti qui, s’il venait à décrocher une majorité de sièges, serait en mesure de bouleverser en profondeur l’équilibre des pouvoirs. Rendez-vous dans les urnes pour voir si ce scénario se confirmera.
