Du 2 au 13 décembre, tous les regards seront tournés vers l’Arabie saoudite qui s’apprête à accueillir la 16e réunion des parties à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). Cet événement d’envergure mondiale, qualifié de « moment décisif » par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, cristallise les espoirs d’une lutte renforcée contre l’avancée des déserts et la sécheresse qui menacent notre planète.
Si le choix de l’Arabie saoudite pour accueillir ce sommet peut surprendre, le royaume entend bien prouver son engagement en faveur de l’environnement. Abritant l’un des plus grands déserts du monde, le pays est directement confronté à la problématique de la désertification et a fait de la restauration des terres dégradées une priorité. L’objectif affiché est ambitieux : restaurer pas moins de 40 millions d’hectares.
Un défi planétaire aux enjeux cruciaux
La désertification est loin d’être un phénomène anodin. Selon Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD, nous avons déjà perdu 40% de nos terres et sols. Les conséquences sont désastreuses en termes d’insécurité alimentaire et de migrations. « La sécurité mondiale est vraiment en jeu, et on le voit partout dans le monde. Pas seulement en Afrique, pas seulement au Moyen-Orient », alerte-t-il.
Face à ce constat alarmant, la COP16 aura pour mission de parvenir à un consensus sur la nécessité d’accélérer la restauration des terres dégradées et de développer une approche proactive des sécheresses. L’enjeu est de taille puisque la CNULCD estime désormais qu’il faudrait restaurer 1,5 milliard d’hectares de terres dégradées avant la fin de la décennie. Un défi colossal.
L’Arabie saoudite en première ligne
Même si son rôle de premier exportateur de pétrole au monde lui vaut des critiques quant à sa contribution au changement climatique, l’Arabie saoudite entend montrer sa détermination. Comme le souligne Patrick Galey de l’organisation Global Witness, le fait que le royaume soit directement exposé à la désertification pourrait lui donner « une certaine légitimité » dans les négociations.
Les initiatives se multiplient sur le terrain, avec notamment :
- La lutte contre l’abattage illégal des arbres
- La multiplication des parcs nationaux, passant de 19 en 2016 à plus de 500
- La restauration de 240 000 hectares
Une mobilisation internationale attendue
Des milliers de délégués sont attendus à Ryad, dont une centaine de ministres selon Ibrahim Thiaw. Le président français Emmanuel Macron est aussi annoncé en marge de la conférence pour un sommet sur l’eau.
Cette mobilisation de haut niveau témoigne de l’urgence de la situation. Osama Faqeeha, ministre adjoint de l’Environnement saoudien, met en garde :
Si nous continuons à laisser les terres se dégrader, nous subirons d’énormes pertes.
Osama Faqeeha, ministre adjoint de l’Environnement d’Arabie saoudite
Il espère une forte participation de la société civile, avec de nombreux événements prévus en parallèle des négociations officielles. Le défi sera de transformer ces discussions en actions concrètes et rapides sur le terrain. Car comme le martèle Ibrahim Thiaw, la dégradation des terres est aujourd’hui un phénomène majeur qui passe encore trop souvent inaperçu.
Cette COP16 sera donc scrutée de près. Elle devra prouver la capacité de la communauté internationale à se mobiliser efficacement face à l’un des plus grands défis environnementaux de notre époque. L’avenir de nos terres, et de l’humanité qui en dépend, est en jeu.