Imaginez un territoire ravagé par 15 mois de conflit, où plus de 2,4 millions d’âmes vivent au milieu des décombres. Ce vendredi, huit dirigeants arabes se réunissent à Ryad, en Arabie saoudite, pour débattre d’un sujet brûlant : que faire de Gaza face à une proposition choc venue d’outre-Atlantique ? Le président américain envisage de déplacer toute sa population et de transformer ce bout de terre en une sorte de paradis touristique. Une idée qui divise, intrigue et soulève une vague de réactions dans le monde arabe.
Un Sommet Décisif pour l’Avenir de Gaza
Ce n’est pas un sommet ordinaire. Officiellement qualifiée de « réunion fraternelle informelle » par les hôtes saoudiens, cette rencontre réunit les six pays du Golfe, l’Égypte et la Jordanie. Pourtant, derrière cette façade décontractée, l’enjeu est colossal : élaborer une réponse collective face à un projet qui pourrait redessiner la carte du Moyen-Orient. Les décisions prises ici seront scrutées de près, avant d’être peaufinées lors d’un prochain sommet en Égypte, prévu le 4 mars.
Le projet américain : une « Riviera » controversée
Le président américain a une vision radicale : vider Gaza de ses habitants, les reloger en Jordanie et en Égypte, puis métamorphoser ce territoire en une destination de luxe, une « Riviera du Moyen-Orient ». Soutenu par Israël, ce plan estimé à plus de 53 milliards de dollars pour la reconstruction a provoqué un tollé mondial. Si certains y voient une opportunité économique, beaucoup dénoncent une tentative d’effacer l’identité palestinienne.
« Nous sommes à un tournant historique majeur du conflit israélo-palestinien, où de nouvelles réalités irréversibles pourraient être imposées. »
– Un expert en relations internationales du King’s College de Londres
Ce n’est pas la première fois que des idées audacieuses émergent pour Gaza, mais celle-ci se distingue par son ampleur. Les 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, déclenchés par une attaque meurtrière en octobre 2023, ont laissé le territoire exsangue. Les immeubles effondrés, les routes détruites et les familles déplacées sont devenus le quotidien de cette enclave.
Une alternative arabe : le plan égyptien dévoilé
Face à cette proposition américaine, les leaders arabes ne restent pas les bras croisés. D’après une source proche des discussions, un « plan égyptien de reconstruction » sera au cœur des débats. Ce projet ambitieux, encore officieux, se déploie en trois étapes sur trois à cinq ans. Une réponse pragmatique, mais semée d’embûches.
- Phase 1 (6 mois) : Déblaiement des décombres avec des équipements lourds et création de trois zones sécurisées pour les déplacés, équipées de logements mobiles.
- Phase 2 : Organisation d’une conférence internationale pour mobiliser des fonds et lancer les travaux de reconstruction.
- Phase 3 : Relance d’un processus politique visant une solution à deux États, une idée toujours rejetée par Israël.
Un ancien diplomate égyptien, membre d’un influent groupe de réflexion au Caire, a laissé entendre que ce plan pourrait changer la donne. Mais entre le rêve et la réalité, deux obstacles majeurs se dressent : le financement et la gouvernance future de Gaza.
Financement : un casse-tête à 53 milliards
Reconstruire Gaza, c’est relever un défi titanesque. Selon des estimations de l’ONU, il faudrait plus de 53 milliards de dollars pour remettre le territoire sur pied. Mais qui paiera ? Les pays du Golfe, riches en pétrodollars, seront-ils prêts à investir massivement ? Ou faudra-t-il compter sur une solidarité internationale fragile ?
Étape | Objectif | Coût estimé |
Déblaiement | Nettoyage des décombres | Milliards initiaux |
Reconstruction | Bâtiments et infrastructures | Plus de 50 % du total |
Relance politique | Stabilité à long terme | Investissement indirect |
Un diplomate arabe confie : « Le plus grand défi, c’est l’argent. Sans un accord clair sur le financement, tout reste théorique. » Les discussions à Ryad pourraient poser les bases d’un fonds commun, mais rien n’est garanti.
Gouvernance : qui dirigera Gaza demain ?
Si le « quoi » de la reconstruction préoccupe, le « qui » l’est tout autant. Depuis 2007, le Hamas contrôle Gaza, mais son rôle futur reste incertain. Les pays arabes s’accordent sur le rejet du plan américain, mais divergent sur la gestion post-conflit. Une autorité palestinienne unifiée ? Une tutelle internationale ? Les options sont nombreuses, les consensus rares.
Un équilibre délicat : trouver une gouvernance qui satisfasse à la fois les habitants de Gaza, les pays voisins et les puissances étrangères.
Pour certains observateurs, ce sommet offre une chance unique aux Saoudiens de fédérer les pays du Golfe, l’Égypte et la Jordanie autour d’une position commune. « Une occasion exceptionnelle », selon un analyste, pour contrer l’influence américaine et poser les jalons d’une solution régionale.
Un consensus arabe est-il possible ?
Le défi est de taille : huit pays, huit visions, mais une nécessité absolue de parler d’une seule voix. D’après une source proche du gouvernement saoudien, un « accord » devrait émerger de Ryad. Pourtant, un diplomate tempère : « Un consensus, oui, mais tout dépendra de son contenu et de sa mise en œuvre. »
Ce qui est sûr, c’est que Gaza est à un carrefour. Entre le projet américain qui rêve d’une transformation radicale et le plan égyptien qui mise sur une reconstruction progressive, les dirigeants arabes jouent gros. Leur réponse pourrait non seulement façonner l’avenir de ce territoire, mais aussi redéfinir les équilibres régionaux pour les décennies à venir.
Et vous, que pensez-vous de ces projets ? Un déplacement massif ou une reconstruction sur place : quelle voie semble la plus juste pour Gaza ? Les prochains jours nous diront si ce sommet marque un tournant… ou juste une étape de plus dans un conflit sans fin.