Vous est-il déjà arrivé de vous battre pour une police de caractères dans un document ? Imaginez que cette querelle devienne une affaire d’État, au sens propre du terme. Aux États-Unis, une décision apparemment anodine sur la typographie des documents officiels vient de prendre une tournure hautement politique.
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a récemment ordonné le retour à la police Times New Roman pour tous les documents du Département d’État. Cette mesure inverse directement le choix fait par l’administration précédente, qui avait opté pour Calibri.
Ce revirement n’est pas passé inaperçu, car il s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question des politiques liées à la diversité et à l’inclusion.
Une Guerre Typographique au Cœur de la Diplomatie Américaine
La note interne envoyée par Marco Rubio au personnel du ministère porte un titre évocateur : un appel au retour à la tradition avec Times New Roman en taille 14. Cette police, avec ses empattements caractéristiques, est jugée plus formelle et professionnelle.
En contraste, Calibri, une police sans empattements aux formes plus arrondies et espacées, avait été introduite pour améliorer la lisibilité. Elle visait particulièrement à faciliter la lecture pour les personnes souffrant de dyslexie ou de troubles visuels.
Rubio a qualifié cette précédente décision d’inutile, la reliant à des initiatives de diversité qu’il considère comme superflues.
Les Origines du Changement sous l’Administration Précédente
En janvier 2023, le Département d’État, alors sous une direction différente, avait annoncé l’abandon de Times New Roman au profit de Calibri. Cette évolution provenait d’une recommandation émise par le bureau chargé de la diversité, de l’équité et de l’inclusion.
Les arguments avancés mettaient l’accent sur l’accessibilité. Les polices sans empattements comme Calibri offrent un espacement plus généreux entre les lettres et des formes plus simples, ce qui peut réduire la fatigue oculaire et améliorer la compréhension pour certains lecteurs.
Cette mesure s’inscrivait dans une volonté plus large de rendre les communications officielles plus inclusives, en tenant compte des besoins des employés et des destinataires potentiellement affectés par des handicaps visuels.
Calibri permet une meilleure lisibilité grâce à ses angles arrondis et son espacement large.
Cependant, ce choix n’avait pas fait l’unanimité, certains y voyant une complication inutile dans les pratiques établies depuis longtemps.
Pourquoi Times New Roman Reprend-il le Dessus ?
Marco Rubio a défendu son décision en soulignant le caractère plus solennel de Times New Roman. Cette police à empattements, avec ses petites extensions aux extrémités des lettres, évoque la tradition et l’autorité.
Elle est largement utilisée dans les institutions judiciaires, législatives et administratives fédérales, où la permanence et la formalité des écrits priment.
Le secrétaire d’État a estimé que le passage à Calibri n’avait apporté aucun bénéfice concret, tout en dégradant l’aspect professionnel des correspondances officielles.
Points clés du revirement :
- Retour à Times New Roman taille 14
- Abandon définitif de Calibri
- Alignement sur une voix unifiée et professionnelle
Cette police serif est perçue comme conférant plus de dignité aux documents, en harmonie avec l’en-tête officiel du Département.
Le Contexte Politique Plus Large
Ce changement typographique ne survient pas isolément. Il fait écho à une offensive plus vaste contre les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion dans l’administration fédérale.
Dès son retour au pouvoir, le président Donald Trump a signé un décret exécutif rendant certains de ces programmes illégaux au sein de l’État fédéral.
Marco Rubio avait lui-même annoncé précédemment la fin de l’ère de ces initiatives, les qualifiant de destructrices et imposées par l’administration antérieure.
Il a insisté sur une récompense de l’excellence plutôt que sur des mesures perçues comme cosmétiques.
Serif ou Sans Serif : Un Débat Technique Ancien
Pour comprendre l’enjeu, il faut plonger dans les différences fondamentales entre ces deux familles de polices.
Les polices serif, comme Times New Roman, possèdent des empattements qui guident l’œil le long des lignes, favorisant traditionnellement la lecture prolongée sur papier.
Les polices sans serif, telles que Calibri, offrent une apparence plus nette et moderne, souvent recommandées pour les écrans numériques.
| Caractéristique | Times New Roman (Serif) | Calibri (Sans Serif) |
|---|---|---|
| Empattements | Présents | Absents |
| Style | Formel, traditionnel | Moderne, accessible |
| Lisibilité écran | Bonne sur papier | Optimisée pour numérique |
| Usage typique | Documents officiels | Communications inclusives |
Le débat sur la supériorité de l’une ou l’autre pour l’accessibilité reste ouvert, avec des études contradictoires selon les contextes.
Certains experts soulignent que les sans serif réduisent les confusions pour les dyslexiques, tandis que d’autres affirment que les technologies d’assistance permettent d’ajuster n’importe quelle police.
Réactions et Implications
Cette décision a suscité des réactions variées. Pour les uns, elle restaure un sentiment de professionnalisme et de continuité.
Pour les autres, elle symbolise un recul sur les avancées en matière d’accessibilité et d’inclusion.
Le créateur de Calibri, un designer néerlandais, a exprimé sa surprise face à cette politisation d’une police conçue pour la clarté.
Au-delà de la typographie, ce choix illustre les tensions culturelles et idéologiques traversant l’administration américaine actuelle.
Vers une Uniformité Typographique Fédérale ?
En alignant le Département d’État sur les pratiques d’autres agences fédérales, cette mesure vise à une voix unifiée dans les communications étrangères.
Times New Roman, standard depuis des décennies dans de nombreuses institutions, renforce cette cohérence.
Les diplomates doivent désormais adapter leurs modèles et habitudes, un ajustement pratique qui pourrait sembler mineur mais chargé de symbolisme.
Cette affaire montre comment même les détails les plus techniques peuvent devenir des enjeux politiques majeurs.
Conclusion : Plus qu’une Simple Police
Derrière ce retour à Times New Roman se profile une vision de la gouvernance privilégiant tradition et formalité sur certaines formes d’innovation inclusive.
Que cette décision influence durablement les pratiques administratives ou reste anecdotique, elle reflète les priorités d’une nouvelle ère à Washington.
Et vous, quelle police préférez-vous pour vos documents importants ? Le débat, semble-t-il, est loin d’être clos.
(Note : Cet article s’appuie sur des faits rapportés concernant la politique typographique du Département d’État américain, en respectant fidèlement les éléments connus sans ajout spéculatif excessif.)
Pour approfondir, observons que les polices de caractères influencent subtilement notre perception des textes. Une police formelle peut inspirer confiance et autorité, tandis qu’une plus moderne évoque ouverture et accessibilité.
Dans le monde diplomatique, où chaque mot compte, le choix de la présentation n’est jamais neutre.
Ce cas illustre parfaitement comment des éléments graphiques deviennent des marqueurs idéologiques dans les luttes contemporaines.
Il invite aussi à réfléchir sur l’équilibre entre tradition et progrès dans les institutions publiques.
Finalement, que Calibri soit reléguée ou non, l’histoire typographique américaine continue d’évoluer, lettre par lettre.
- Avantages perçus de Times New Roman : formalité, tradition, harmonie avec en-têtes officiels
- Inconvénients potentiels : lisibilité moindre sur écrans pour certains utilisateurs
- Avantages de Calibri : modernité, accessibilité accrue, espacement optimal
- Inconvénients : perçue comme moins solennelle
Ces listes résument les arguments des deux camps, montrant la subjectivité inhérente à ces choix.









