Les récentes émeutes xénophobes secouant plusieurs villes britanniques ont fait ressurgir avec force le débat houleux sur l’immigration outre-Manche. Au cœur de la controverse, les propos polémiques d’un ministre conservateur, Byron Davies, qualifiant ces violences de “politiquement justifiées”. Une déclaration choc qui a suscité l’indignation, y compris dans son propre camp, et poussé l’intéressé à présenter ses excuses. Mais le mal est fait. La question migratoire, plus que jamais, cristallise les tensions au Royaume-Uni.
Le meurtre de trois fillettes, étincelle de la colère
Tout a commencé par un fait divers sordide. L’assassinat au couteau de trois jeunes filles par un britannique d’origine rwandaise à Southport. Un drame qui a mis le feu aux poudres, déclenchant un déchaînement de violences visant la communauté musulmane et les lieux associés à l’immigration, de Liverpool à Belfast en passant par Hull et Halifax. Des exactions inédites par leur ampleur, qui ont plongé le pays dans la stupeur.
C’est dans ce contexte inflammable que Lord Byron Davies, ministre fantôme conservateur, a jugé bon d’affirmer sur le réseau social X (ex-Twitter) que ces émeutes étaient “politiquement justifiées”. Et d’en rejeter la faute sur le Parti travailliste, qui s’est longuement opposé au projet controversé d’expulsion des migrants vers le Rwanda. Un argumentaire pour le moins maladroit, qui a suscité un tollé immédiat.
Vives réactions et mea culpa
Inévitablement, ces propos incendiaires ont été vivement condamnés, dans l’opposition comme dans la majorité. Jo Stevens, nouvelle Secrétaire d’État travailliste pour le Pays de Galles, a ainsi fustigé des commentaires “dégoûtants, malavisés et dangereux”, martelant qu’“aucune violence raciste n’est jamais justifiée”. Même son de cloche chez les Tories, où un porte-parole a tancé des déclarations “inacceptables”, annonçant un avertissement à l’encontre de Byron Davies.
Acculé, le ministre fantôme a fini par exprimer ses regrets, non sans réitérer ses critiques sur “l’approche totalement négative” du Labour concernant l’immigration et le crime organisé. Un mea culpa en demi-teinte, qui peine à éteindre la polémique. D’autant que le gouvernement Starmer avait pourtant fini par entériner le partenariat migratoire avec Kigali, permettant l’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda.
Le spectre d’une “guerre civile” communautaire
Au-delà du cas Davies, cet épisode illustre surtout la crispation extrême du débat migratoire au Royaume-Uni. Un pays traumatisé par les images de pillages et d’agressions ciblées, où l’extrême droite attise les braises par ses slogans va-t-en-guerre. Certains, au sein d’une “ligue” nationaliste radicale, vont jusqu’à brandir la menace d’une “guerre civile” entre communautés. De quoi glacer le sang, dans une société britannique plus polarisée et inflammable que jamais sur ces questions.
Face à ces démons, le nouveau gouvernement de Keir Starmer semble pour l’heure désemparé. Malgré la reprise en main des expulsions vers le Rwanda, les travaillistes peinent à convaincre sur leur fermeté migratoire. Et la bourde de Byron Davies leur offre un angle d’attaque rêvé. Mais au-delà des joutes politiciennes, l’urgence est ailleurs. Il s’agit de restaurer la cohésion du tissu national, en désamorçant les haines communautaires qui le déchirent un peu plus chaque jour. Un défi colossal pour le Royaume d’aujourd’hui.