Imaginez un coureur cycliste, pédalant avec grâce dans les cols alpins, le regard fixé sur l’horizon, conscient que chaque coup de pédale le rapproche de la fin d’une aventure. Romain Bardet, figure emblématique du cyclisme français, s’apprête à dire adieu à sa carrière professionnelle lors du Critérium du Dauphiné 2025. À 34 ans, ce grimpeur auvergnat, connu pour sa sincérité et son engagement, aborde cette dernière course avec sérénité et une pointe de nostalgie. Pourquoi cette épreuve marque-t-elle un tournant si particulier pour lui ? Plongeons dans son parcours, ses réflexions et l’héritage qu’il laisse derrière lui.
Un Adieu au Cœur des Alpes
Le Critérium du Dauphiné, qui débute ce dimanche, n’est pas une course comme les autres pour Romain Bardet. Cette compétition, souvent considérée comme une répétition générale avant le Tour de France, incarne pour lui la quintessence du cyclisme. « C’est une course où l’on retrouve toute la magie du Tour, mais sans l’épuisement d’une épreuve de trois semaines », confie-t-il. Ce choix n’est pas anodin : le Dauphiné est ancré dans son cœur, marqué par des souvenirs forts, comme sa première grande victoire d’étape en 2015.
Pour Bardet, cette épreuve représente un retour aux sources, une manière de boucler la boucle dans un cadre qu’il affectionne particulièrement. Les cols escarpés, les paysages grandioses et l’intensité des étapes rappellent pourquoi il s’est passionné pour ce sport dès son plus jeune âge. Mais au-delà du décor, c’est l’état d’esprit du coureur qui captive : il aborde cette dernière danse avec une sérénité remarquable, prêt à savourer chaque instant.
Une Carrière Guidée par la Sincérité
Quand on évoque Romain Bardet, un mot revient constamment : sincérité. « J’ai toujours essayé d’être vrai », déclare-t-il. Cette authenticité a défini sa carrière, marquée par des performances mémorables et une approche sans compromis. Depuis ses débuts professionnels en 2012, il s’est imposé comme l’un des meilleurs grimpeurs de sa génération, rivalisant avec des géants comme Chris Froome ou Tadej Pogačar.
« Dans mon engagement, j’ai toujours été sincère et entier. Les situations auraient pu être différentes, mais j’ai trouvé des satisfactions dans un accomplissement personnel. »
Romain Bardet
Son palmarès parle de lui-même : deux podiums sur le Tour de France (2e en 2016, 3e en 2017), plusieurs victoires d’étapes sur les grands tours, et un maillot jaune éphémère en 2024. Pourtant, ce ne sont pas seulement les résultats qui le définissent. Bardet a toujours privilégié l’effort collectif, le respect de ses adversaires et une quête d’amélioration constante. Cette philosophie l’a rendu cher au public français, qui voit en lui un symbole de persévérance.
Le Critérium du Dauphiné : Un Choix Symbolique
Pourquoi choisir le Critérium du Dauphiné pour tirer sa révérence ? Pour Bardet, cette course est bien plus qu’un simple rendez-vous du calendrier. « Il y a un état de pureté dans le Dauphiné », explique-t-il. En 2016, il avait frôlé la victoire au classement général, terminant à une poignée de secondes du leader. Ce souvenir, mêlé de fierté et d’amertume, fait de cette épreuve le théâtre idéal pour ses adieux.
Cette année, l’enjeu est différent. Après un Giro d’Italia exigeant, Bardet admet ne pas être au sommet de sa forme. « Je n’ai presque pas pu m’entraîner cette semaine », confesse-t-il. Pourtant, il ne vient pas en touriste. Son ambition ? Tenter de décrocher une dernière victoire d’étape, même face à une concurrence redoutable, avec des noms comme Pogačar ou Vingegaard sur la ligne de départ.
Les moments clés de Bardet au Critérium du Dauphiné
- 2015 : Première victoire d’étape chez les professionnels, un moment charnière.
- 2016 : Deuxième place au général, à un souffle de la victoire.
- 2025 : Dernière course, avec l’espoir d’un ultime coup d’éclat.
Une Transition Vers de Nouveaux Horizons
Que fera Romain Bardet après le 16 juin ? Loin de s’éloigner complètement du vélo, il envisage de se tourner vers le gravel, une discipline en pleine essor qui allie aventure et compétition. « Je vais rester dans le haut niveau, mais avec plus de flexibilité », précise-t-il. Cette transition illustre sa volonté de continuer à vivre sa passion autrement, loin des contraintes du cyclisme sur route.
En dehors des pédales, Bardet aspire à une vie plus libre. Passer du temps avec ses proches, redécouvrir le plaisir de ne pas être esclave de sa montre, et s’ouvrir à de nouveaux projets : voilà ce qui l’attend. Cette perspective montre un homme en paix avec ses choix, prêt à « renaître » dans une nouvelle phase de sa vie.
L’Héritage d’un Champion
Quel souvenir Romain Bardet laissera-t-il ? Il refuse de s’imposer une image figée. « Chacun se fera l’idée qu’il veut », dit-il avec humilité. Pourtant, son impact sur le cyclisme français est indéniable. Avec des coureurs comme Thibaut Pinot ou Julian Alaphilippe, il a incarné une génération dorée, capable de briller sur les scènes internationales.
« Je me suis régalé de courir avec Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe. Mais je suis aussi impatient de voir la génération qui arrive. »
Romain Bardet
Son optimisme pour l’avenir du cyclisme tricolore est contagieux. Des jeunes talents comme Lenny Martinez ou Paul Lapeira émergent déjà, prêts à prendre la relève. Pour Bardet, ce passage de témoin est naturel : « C’est le cycle de la vie. Il ne faut pas être triste. »
Les Défis d’une Dernière Danse
Le Critérium du Dauphiné 2025 s’annonce comme un défi de taille. Avec une start-list qualifiée de « cinq étoiles plus » par Bardet lui-même, la concurrence sera féroce. Les favoris comme Tadej Pogačar, en quête de victoire, ou Jonas Vingegaard, toujours redoutable, ne laisseront que peu d’opportunités aux outsiders. Pourtant, Bardet n’a pas l’intention de faire de la figuration. « Je veux encore faire la course », insiste-t-il.
Son approche pragmatique, mêlée d’une pointe d’audace, rappelle pourquoi il a marqué les esprits. Même fatigué par le Giro, il compte saisir la moindre ouverture pour briller une dernière fois. Cette détermination, alliée à son humilité, fait de lui un compétiteur à part.
Année | Performance notable | Épreuve |
---|---|---|
2015 | Victoire d’étape | Critérium du Dauphiné |
2016 | 2e au classement général | Critérium du Dauphiné |
2024 | Maillot jaune (1 jour) | Tour de France |
Un Cyclisme Français en Évolution
La retraite de Bardet, après celle de Thibaut Pinot, marque la fin d’une ère pour le cyclisme français. Ces deux figures ont porté haut les couleurs tricolores, redonnant espoir à un public souvent frustré par des années de domination étrangère. Mais Bardet reste confiant : la nouvelle génération, portée par des coureurs polyvalents et audacieux, est prête à écrire sa propre histoire.
Des noms comme David Gaudu, qui a déjà brillé sur le Tour, ou les jeunes sprinteurs comme Arnaud Démare, montrent que le cyclisme français est en bonne santé. Bardet, en passionné, attend avec impatience de voir ces talents éclore. « Ce sera tout aussi bien, voire mieux », prédit-il.
Un Homme, une Philosophie
Ce qui rend Romain Bardet unique, c’est sa capacité à rester fidèle à ses valeurs. Dans un sport où la pression des résultats peut éclipser l’humain, il a toujours privilégié l’authenticité. « Je n’ai jamais voulu paraître pour ce que je n’étais pas », affirme-t-il. Cette humilité, couplée à une détermination sans faille, a fait de lui un modèle pour beaucoup.
Sa carrière n’a pas été exempte de frustrations. Des chutes, des jours sans, des podiums manqués de peu : Bardet a connu son lot d’épreuves. Mais il refuse de s’attarder sur les regrets. « Ce serait trop facile de réécrire l’histoire », dit-il. Au contraire, il préfère célébrer les rencontres, les équipes et les moments de grâce qui ont jalonné son parcours.
Et Après ? Une Nouvelle Aventure
Si le Critérium du Dauphiné marque la fin de sa carrière sur route, il ne signe pas pour autant la fin de son histoire avec le vélo. Le gravel, avec son mélange de liberté et de défi, semble être le terrain idéal pour Bardet. Cette discipline, qui gagne en popularité, lui permettra de rester compétitif tout en explorant de nouveaux horizons.
En parallèle, il aspire à une vie plus équilibrée, loin des contraintes d’un calendrier chargé. « Ne plus regarder la montre » : cette phrase résume son envie de liberté. Mais connaissant son amour pour le sport, il est probable que Bardet reste un acteur influent, que ce soit comme ambassadeur ou compétiteur dans d’autres formats.
Pourquoi le gravel attire Bardet ?
- Liberté : Moins de contraintes que le cyclisme sur route.
- Aventure : Des parcours variés, entre chemins et sentiers.
- Compétition : Un format qui permet de rester dans le haut niveau.
Un Message pour l’Avenir
En quittant la scène, Romain Bardet ne laisse pas seulement un palmarès, mais un message. Son parcours montre qu’il est possible de briller tout en restant fidèle à soi-même. Pour les jeunes cyclistes, il incarne un modèle de résilience et de passion. Pour les fans, il est une source d’inspiration, un rappel que le sport est avant tout une affaire de cœur.
Alors que les routes du Dauphiné s’apprêtent à accueillir ses derniers tours de roue, une question demeure : Bardet parviendra-t-il à s’offrir une ultime victoire ? Quoi qu’il arrive, son adieu restera gravé comme un moment d’émotion pure, celui d’un champion qui a su rester vrai jusqu’au bout.