Un drame a frappé le nord de Paris ce mercredi. En fin d’après-midi, une violente altercation a éclaté entre deux migrants afghans à proximité de la station de métro la Chapelle, dans le 18e arrondissement. Selon une source proche de l’enquête, l’un des deux hommes aurait assené plusieurs coups de couteau à l’autre lors d’une dispute dont l’origine reste à déterminer. La victime, grièvement blessée, a été conduite en urgence à l’hôpital avec un pronostic vital engagé.
La précarité et les traumatismes, terreaux de la violence
Cet événement tragique met une nouvelle fois en lumière la situation très précaire des migrants vivant dans les rues de la capitale. Nombre d’entre eux sont livrés à eux-mêmes, sans hébergement ni ressources, dans l’attente d’une hypothétique régularisation. Une précarité matérielle doublée souvent de lourds traumatismes psychologiques liés à leur parcours d’exil.
“Il y a des mecs qui ont connu des trucs traumatisants dans leur pays d’origine et quand il y a embrouille, certains peuvent aller loin.”
Un travailleur social du quartier
Des tensions récurrentes entre communautés
Les associations présentes sur le terrain font régulièrement état de tensions, voire d’affrontements entre les différentes communautés migrantes. Des heurts souvent liés à la compétition pour l’accès aux maigres ressources disponibles, comme les places d’hébergement d’urgence ou l’aide alimentaire. Mais aussi parfois à l’importation sur le sol français de conflits intercommunautaires préexistants dans les pays d’origine.
L’échec des politiques d’accueil
Au-delà des drames individuels, ces violences interrogent sur l’efficacité des dispositifs d’accueil et d’accompagnement des demandeurs d’asile en France. Malgré les discours volontaristes, force est de constater que les moyens alloués restent insuffisants face à l’ampleur des besoins. Résultat : des milliers d’exilés se retrouvent à la rue, livrés à eux-mêmes, avec tous les risques que cela comporte en termes de santé physique et mentale.
Une crise migratoire européenne
Plus largement, cet événement s’inscrit dans le contexte de la crise migratoire qui secoue l’Europe depuis plusieurs années. Face à l’afflux de réfugiés fuyant les guerres et la misère, les pays de l’Union peinent à définir une politique commune et solidaire. Chacun gère tant bien que mal la situation sur son territoire, avec des fortunes diverses. Et ce sont souvent les migrants eux-mêmes qui en paient le prix fort, comme l’illustre ce drame parisien.
Des parcours d’exil semés d’embûches
Car derrière chaque migrant se cache un itinéraire singulier, jalonné de traumatismes et de souffrances. Qu’ils fuient les combats en Afghanistan, les persécutions en Érythrée ou la misère en Afrique subsaharienne, tous ont connu un parcours d’exil long et éprouvant. Un périple au cours duquel ils ont souvent été confrontés à la violence, à l’exploitation et au dénuement le plus total. Une fois arrivés en Europe, beaucoup pensaient toucher au but. Mais c’est une nouvelle forme de précarité et de vulnérabilité qui les attend.
“J’ai fui la guerre, j’ai traversé des montagnes et des mers au péril de ma vie. Et maintenant je dors dans la rue, j’ai peur et j’ai froid. Ce n’est pas la vie dont je rêvais.”
Hamid, migrant afghan de 24 ans
Des histoires comme celle d’Hamid, les rues du nord de Paris en comptent des dizaines, des centaines. Autant de destins brisés, de rêves piétinés qui nous renvoient à nos propres responsabilités. Car au-delà de l’indispensable accompagnement social et psychologique des exilés, c’est bien une réponse politique globale qu’exige la situation. Une réponse humaniste, fondée sur la solidarité et le respect inconditionnel de la dignité humaine. Serons-nous à la hauteur de ce défi ? L’avenir de milliers de migrants en dépend. Tout comme un peu de notre propre humanité.