C’est dans un contexte géopolitique tendu qu’Alicher Ousmanov, milliardaire russe faisant l’objet de sanctions internationales, a été réélu à la présidence de la Fédération Internationale d’Escrime (FIE) ce samedi à Tachkent, en Ouzbékistan. Un retour qui soulève de nombreuses questions sur l’indépendance du sport et la gouvernance des instances internationales.
Un vote sans appel malgré les sanctions
Alicher Ousmanov, 71 ans, a été plébiscité par les membres du congrès de la FIE, obtenant 120 voix contre 26 pour son unique adversaire, le Suédois Otto Drakenberg. Et ce, en dépit des sanctions dont il fait l’objet de la part de l’Union Européenne et des États-Unis depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, en raison de ses liens avec le président russe Vladimir Poutine.
Ces sanctions, toujours en vigueur, l’empêchent notamment de voyager dans l’UE ou à Lausanne, siège de la FIE. Mais cela n’a pas suffi à dissuader les votants, malgré les mises en garde d’Otto Drakenberg sur les risques d’un tel retour.
Une fortune colossale et des liens controversés
Alicher Ousmanov, dont la fortune personnelle est estimée à 13,4 milliards d’euros par Forbes, conteste l’appellation d’oligarque et cherche à faire lever les sanctions qui le visent. Mais ses liens étroits avec le Kremlin restent un sujet de préoccupation pour beaucoup dans le monde du sport.
On peut supposer qu’on ne se contente plus de manteaux de fourrure en cadeau bonus pour obtenir les votes des très honorables membres du congrès de la FIE.
– Un membre anonyme de la communauté de l’escrime
Des sources proches du milieu de l’escrime évoquent, sous couvert d’anonymat, la possibilité de cadeaux de valeur offerts aux votants pour s’assurer de leur soutien. Des allégations qui, si elles étaient avérées, jetteraient une ombre supplémentaire sur ce scrutin.
Des enjeux qui dépassent le cadre sportif
Au-delà de la personne d’Alicher Ousmanov, c’est la question de l’indépendance des instances sportives face aux enjeux géopolitiques qui est posée. Le sport peut-il, doit-il, rester à l’écart des tensions internationales ? Les sanctions décidées par les États doivent-elles s’appliquer dans les sphères sportives ?
Pour beaucoup d’observateurs, ce retour d’Alicher Ousmanov à la tête de la FIE illustre la difficulté à faire prévaloir des principes éthiques dans un milieu où les intérêts personnels et les jeux d’influence sont souvent prédominants. Une situation qui risque de fragiliser la crédibilité et l’image de l’escrime, et plus largement du mouvement sportif.
Des défis à relever pour la nouvelle gouvernance
Pour Alicher Ousmanov et son équipe, les défis ne manqueront pas dans les mois à venir. Il leur faudra notamment :
- Rassurer sur la transparence et l’intégrité de la gouvernance de la FIE
- Prouver leur capacité à diriger l’instance malgré les sanctions et restrictions de déplacement
- Oeuvrer au développement et à la promotion de l’escrime dans un contexte troublé
- Gérer les inévitables polémiques et critiques liées à ce retour controversé
Autant de chantiers qui s’annoncent complexes et périlleux pour la nouvelle équipe dirigeante. L’avenir dira si Alicher Ousmanov parviendra à relever ces défis et à installer une gouvernance apaisée et efficace à la tête de la FIE. Les prochains mois seront décisifs pour l’escrime mondiale et son instance dirigeante.