C’est un séisme politique qui vient de secouer la France. Au lendemain du second tour des élections législatives 2024, le paysage de l’Assemblée nationale s’apprête à connaître un bouleversement sans précédent sous la Ve République. Si la coalition présidentielle Ensemble! parvient à limiter la casse en sauvant son statut de deuxième force politique du pays, elle sort néanmoins très affaiblie de ce scrutin.
Un recul historique pour la majorité présidentielle
Selon les estimations, la coalition Ensemble! (Renaissance, MoDem, Horizons) obtiendrait entre 161 et 169 sièges, soit une chute vertigineuse d’au moins 80 députés par rapport à 2022. Un score décevant après un premier tour en demi-teinte où elle n’avait récolté que 20,76% des voix. Le “front républicain” aura finalement permis au camp présidentiel d’éviter le pire, sans pour autant lui offrir les moyens de ses ambitions.
La carte électorale de la France ressemble à un patchwork géopolitique où Ensemble! ne domine plus que dans quelques fiefs de l’ouest et de la région parisienne.
Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos
Renaissance, première victime du désamour des Français
Dans le détail, le parti présidentiel Renaissance devrait compter entre 98 et 100 élus, loin de la majorité absolue. Le MoDem obtiendrait de 29 à 33 sièges et Horizons entre 22 et 23.
Parmi les battus figurent des poids lourds de la Macronie comme l’ancienne secrétaire d’État Bérangère Abba. Des défaites qui illustrent le désamour croissant des Français pour la politique menée par l’exécutif depuis 2017.
Le Rassemblement national, grand gagnant des législatives
Porté par une dynamique inédite, le Rassemblement national s’impose quant à lui comme le grand vainqueur de ces législatives 2024. Le parti de Marine Le Pen obtiendrait entre 240 et 270 députés selon les projections, soit presque autant qu’Ensemble! et ses alliés réunis.
Cette percée sans précédent permet au RN de devenir la première force d’opposition et de peser plus que jamais sur les débats à l’Assemblée nationale.
Vers une Assemblée ingouvernable ?
Avec un hémicycle aussi morcelé, où aucune force politique ne dispose de majorité claire, c’est une période d’instabilité et de paralysie qui s’annonce pour le pouvoir en place. Emmanuel Macron devra composer avec des oppositions toujours plus puissantes et virulentes pour faire voter ses réformes.
Dans ce contexte explosif, l’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale avant la fin du quinquennat n’est plus à exclure. Le spectre d’une cohabitation plane également sur l’Élysée.
Après ces élections législatives 2024 aux allures de déflagration politique, une nouvelle ère s’ouvre pour la vie démocratique française. Une ère incertaine et mouvementée, à l’image du nouveau visage d’une Assemblée nationale méconnaissable.