Dans un geste diplomatique fort, la ministre française de la Culture Rachida Dati s’est rendue lundi dans le territoire disputé du Sahara occidental, une première pour un membre du gouvernement français. Cette visite, qualifiée d' »historique » par Mme Dati, marque un soutien appuyé à la position marocaine sur ce dossier sensible.
Un message clair en faveur de la souveraineté marocaine
En foulant le sol de Laâyoune, chef-lieu de ce que le Maroc nomme ses « provinces du Sud », Rachida Dati a tenu à souligner que cette visite « démontre que le présent et l’avenir de cette région s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Un message on ne peut plus explicite quant à la position française sur ce dossier qui empoisonne les relations entre le Maroc et l’Algérie depuis des décennies.
Le déplacement de la ministre s’inscrit dans la lignée du soutien exprimé fin juillet par le président Emmanuel Macron à un plan d’autonomie du Sahara occidental « sous souveraineté marocaine ». Une prise de position tranchée qui avait rompu avec la traditionnelle neutralité française et provoqué l’ire d’Alger, soutien indéfectible des indépendantistes sahraouis du Front Polisario.
Un processus de paix dans l’impasse
Malgré un cessez-le-feu signé en 1991 sous l’égide de l’ONU, qui prévoyait l’organisation d’un référendum d’autodétermination, le conflit au Sahara occidental reste dans l’impasse. Les efforts de la communauté internationale pour trouver une issue politique n’ont jusqu’ici pas porté leurs fruits, le Maroc et le Polisario campant sur leurs positions irréconciliables.
En octobre dernier, une résolution du Conseil de sécurité soutenue par 12 des 15 membres a appelé à une solution « réaliste et mutuellement acceptable », semblant ainsi privilégier la piste de l’autonomie défendue par Rabat. La France avait alors promis de peser de tout son poids diplomatique pour faire avancer cette option, tant à l’ONU qu’au sein de l’Union européenne.
Développer la coopération culturelle franco-marocaine
Au-delà de sa portée politique, la visite de Rachida Dati a aussi été l’occasion de donner un coup de projecteur sur la coopération culturelle entre la France et le Maroc dans cette région. La ministre a notamment lancé un centre culturel français à Laâyoune, destiné à devenir « un lieu phare » des échanges entre les deux pays.
Nous souhaitons que cette Alliance française devienne un lieu phare dans notre coopération France et Maroc.
Rachida Dati, ministre française de la Culture
Mme Dati s’est également rendue à Dakhla, à 500 km au sud de Laâyoune, pour inaugurer une antenne de l’Institut supérieur des métiers du cinéma (ISMAC). Une manière de promouvoir les industries culturelles et créatives dans une région qui souhaite diversifier son économie et offrir de nouvelles perspectives à sa jeunesse.
Des liens étroits entre la ministre et le Maroc
Si la visite revêt une dimension éminemment politique, Rachida Dati a aussi souligné son « attachement » personnel au Maroc, pays d’origine de son père. La ministre, qui effectue régulièrement des séjours privés dans le royaume, n’a jamais caché sa proximité avec le pays et ses dirigeants.
Cette affinité, conjuguée au volontarisme du président Macron sur ce dossier, a sans doute pesé dans le choix de lui confier cette mission délicate. Une manière aussi pour Paris de rassurer Rabat sur la solidité des liens bilatéraux, après une séquence compliquée autour de la réduction des visas accordés aux Marocains.
Un dossier loin d’être réglé
Si la visite de Rachida Dati marque incontestablement un réchauffement des relations franco-marocaines et un soutien appuyé aux thèses de Rabat, elle ne règle pas pour autant la question épineuse du statut du Sahara occidental. Les négociations sous l’égide de l’ONU restent au point mort et les tensions avec l’Algérie sont toujours vives.
Reste à voir si cette nouvelle donne diplomatique suffira à faire bouger les lignes et à relancer un processus de paix enlisé depuis trop longtemps. Une chose est sûre, le dossier sahraoui est loin d’avoir livré tous ses secrets et continuera de peser sur la stabilité et le développement de toute la région.
