Imaginez une nationale en pleine transformation, où les pelleteuses grondent, les arbres tombent, et les voies se rétrécissent pour laisser place à un tramway flambant neuf. Entre Juvisy-sur-Orge et Athis-Mons, la N7, axe vital de l’Essonne, vit une métamorphose. Mais au milieu de ce chantier titanesque, une question brûle les lèvres : où sont les cyclistes ? Alors que le prolongement du tramway T7 promet de relier Villejuif à Juvisy d’ici 2031, les associations locales crient au scandale. Aucun aménagement pour les vélos n’est prévu. Comment une telle omission est-elle possible dans une ère où la mobilité douce est sur toutes les lèvres ?
Un Projet Ambitieux, mais Incomplet
Le prolongement du T7, un chantier de 3,7 km, est bien plus qu’une simple extension de ligne. Il s’agit de repenser un corridor essentiel du département, avec des voies repensées, un tramway moderne au centre, et une promesse de fluidité pour les voyageurs. Mais ce projet, porté par Île-de-France Mobilités, semble avoir oublié un acteur clé : le cycliste. Deux associations, l’une axée sur les circulations douces et l’autre sur la promotion du vélo, ont déposé un recours pour dénoncer cet oubli. Leur constat est sans appel : sur une nationale en pleine mutation, pas une piste cyclable n’est prévue.
« C’est incompréhensible. À une époque où l’on prône le vélo comme solution écologique, laisser la N7 sans aménagements cyclables est une aberration. »
Représentant d’une association locale
Pour comprendre ce choix, il faut plonger dans les contraintes du projet. Selon le maître d’ouvrage, intégrer des pistes cyclables serait techniquement impossible. Mais est-ce vraiment le cas, ou s’agit-il d’un manque de volonté politique ?
La N7 : Un Axe en Mutation
Depuis deux ans, la N7 entre Juvisy et Athis-Mons est un vaste chantier. Les passages souterrains ont disparu, des arbres centenaires ont été abattus, et les voies de circulation se sont réduites. À terme, l’axe comportera deux voies de circulation dans chaque sens, avec le tramway occupant le centre. Ce réaménagement vise à fluidifier le trafic et à offrir une alternative durable aux voitures. Pourtant, les cyclistes, eux, semblent relégués au second plan.
Pourquoi un tel oubli ? Les associations pointent du doigt une planification qui privilégie les transports motorisés. La N7, historiquement conçue pour les voitures, peine à s’adapter aux nouveaux usages. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 40 % des trajets en Île-de-France font moins de 5 km, une distance idéale pour le vélo.
- 10 % des Franciliens utilisent régulièrement le vélo pour leurs déplacements quotidiens.
- 80 % des cyclistes déclarent éviter les axes sans pistes sécurisées.
Ces données soulignent l’urgence d’intégrer le vélo dans les grands projets d’urbanisme. Mais sur la N7, les contraintes techniques semblent avoir eu le dernier mot.
Des Contraintes Techniques… Vraiment ?
Le maître d’ouvrage justifie l’absence d’aménagements cyclables par des contraintes techniques. Selon les études réalisées, l’espace disponible sur la N7 ne permettrait pas d’intégrer des pistes sécurisées sans compromettre la fluidité du trafic ou la sécurité des autres usagers. Mais cette explication ne convainc pas tout le monde.
Pour les associations, il s’agit d’un manque de vision à long terme. Elles proposent des solutions alternatives, comme des pistes partagées ou des aménagements temporaires en attendant une refonte plus ambitieuse. Le maire d’Athis-Mons, lui, milite pour des aménagements entre le rond-point de la Belle Étoile et l’actuel terminus du T7. Une proposition qui, pour l’instant, reste sans réponse.
« On ne peut pas continuer à penser la ville uniquement pour les voitures et les transports en commun. Le vélo doit avoir sa place. »
Maire d’Athis-Mons
Pourtant, d’autres projets franciliens ont su intégrer le vélo avec succès. Prenons l’exemple du prolongement du RER E, où des pistes cyclables ont été ajoutées le long des nouvelles infrastructures. Pourquoi la N7 fait-elle exception ?
Le Vélo, Parent Pauvre de la Mobilité ?
En Île-de-France, le vélo connaît un essor fulgurant. Depuis la crise sanitaire, les ventes de vélos ont explosé, et les pistes cyclables se multiplient dans les grandes villes. Mais dans des zones périurbaines comme Juvisy ou Athis-Mons, les infrastructures peinent à suivre. La N7, avec son trafic dense et ses enjeux de sécurité, illustre ce décalage.
Pour les cyclistes, emprunter cet axe est un pari risqué. Sans piste dédiée, ils doivent se faufiler entre les voitures ou renoncer à leur trajet. Une situation qui décourage les habitants, pourtant nombreux à vouloir adopter le vélo pour des raisons écologiques ou économiques.
Problème | Impact | Solution Proposée |
---|---|---|
Absence de pistes cyclables | Insécurité pour les cyclistes | Création de voies partagées |
Trafic dense | Conflits entre usagers | Réduction des voies voitures |
Manque de concertation | Frustration des associations | Nouvelles consultations |
Ce tableau résume les enjeux et les pistes de solution. Mais au-delà des aspects techniques, c’est une question de priorité. Dans un monde où le changement climatique impose des choix radicaux, le vélo devrait être au cœur des politiques de mobilité.
Les Associations en Première Ligne
Face à l’inaction, les associations ne baissent pas les bras. Leur recours gracieux, déposé en mars, demande une révision du projet pour inclure des aménagements cyclables. Elles appellent également à une concertation plus large avec les usagers. Pour elles, il ne s’agit pas seulement de la N7, mais d’un symbole : celui d’une transition écologique qui ne doit laisser personne sur le bord de la route.
Leur action a déjà suscité des débats au sein des conseils municipaux. À Athis-Mons, le maire soutient leur cause, tandis qu’à Juvisy, les élus restent prudents, craignant des retards dans le chantier. Mais pour les militants, chaque jour sans piste cyclable est un jour de trop.
Vers une Mobilité Plus Inclusive ?
Le prolongement du T7 est une opportunité unique de repenser la N7. Mais pour qu’il soit un succès, il doit répondre aux besoins de tous les usagers, pas seulement des automobilistes et des usagers du tram. Intégrer des pistes cyclables, même partagées, serait un signal fort en faveur de la mobilité durable.
Les solutions existent. D’autres villes, comme Lisbonne ou Copenhague, ont transformé leurs axes routiers en modèles de cohabitation entre voitures, trams et vélos. En Île-de-France, des initiatives comme le Plan Vélo Régional montrent la voie. Reste à savoir si la N7 saura s’en inspirer.
En attendant, les cyclistes de Juvisy et d’Athis-Mons continuent de pédaler, entre frustration et espoir. Le recours des associations sera-t-il entendu ? Ou la N7 restera-t-elle un symbole d’une mobilité à deux vitesses ? Une chose est sûre : dans cette bataille pour l’espace public, chaque mètre gagné pour le vélo est une victoire pour l’avenir.
En résumé :
- Le prolongement du T7 transforme la N7, mais oublie les cyclistes.
- Les associations dénoncent l’absence d’aménagements et proposent des solutions.
- Les contraintes techniques sont invoquées, mais la volonté politique manque.
- Le vélo, clé de la mobilité durable, mérite sa place sur cet axe.
Ce chantier, bien plus qu’une question d’urbanisme, est un révélateur des priorités de notre société. Alors que les enjeux climatiques s’intensifient, il est temps de donner au vélo la place qu’il mérite. Sur la N7 comme ailleurs, l’avenir de la mobilité se joue maintenant.