Le procès d’un homme accusé d’avoir assassiné son ex-fiancée fait grand bruit en Italie. Lundi, le parquet de Venise a requis la réclusion criminelle à perpétuité pour ce féminicide qui avait choqué tout le pays l’an dernier. La jeune femme de 22 ans, une étudiante, avait été retrouvée sans vie dans un ravin, son corps portant de multiples coups de couteau. Ce drame avait suscité une vague d’indignation nationale, poussant des centaines de milliers d’Italiens à descendre dans la rue pour dénoncer la persistance des violences faites aux femmes.
Un procès sous haute tension émotionnelle et symbolique
Par une troublante coïncidence, les réquisitions au procès de Filippo Turetta ont eu lieu le jour même de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Une date qui confère à cette audience une portée symbolique toute particulière. Le procureur Andrea Petroni a tenu à souligner que la peine maximale demandée à l’encontre de l’accusé s’appuyait uniquement sur les faits, et non sur le contexte de mobilisation contre les féminicides.
« Nous ne considérons pas opportun d’évoquer ces réflexions dans un tribunal »
Andrea Petroni, procureur
Un débat sociétal qui s’invite dans le prétoire
Néanmoins, difficile de dissocier totalement ce procès du climat social et politique qui agite actuellement l’Italie autour des droits des femmes. Giorgia Meloni, présidente du Conseil, a elle-même fustigé la « plaie sociale et culturelle » que constituent les violences misogynes, bien qu’une polémique ait éclaté la semaine dernière après que son ministre de l’Éducation a nié l’existence du patriarcat. Des associations et ONG reprochent d’ailleurs au gouvernement ultraconservateur de ne pas faire assez pour promouvoir l’égalité des genres.
Une mobilisation historique contre les féminicides
L’an dernier, le meurtre de Giulia Cecchettin avait agi comme un électrochoc dans la société italienne. Des manifestations monstres s’étaient tenues aux cris de « Nous sommes le cri, fort et féroce, de toutes ces femmes qui n’ont plus de voix ». Un autre procès pour féminicide s’est d’ailleurs conclu lundi à Milan avec la condamnation à perpétuité d’un homme ayant tué sa fiancée enceinte de 7 mois.
Depuis le début de l’année 2024, le ministère de l’Intérieur a recensé 84 féminicides en Italie, après 96 l’année précédente et 106 en 2022. Des chiffres glaçants qui démontrent l’ampleur du phénomène. De nombreuses voix s’élèvent pour demander des changements législatifs, comme une meilleure définition du viol basée sur le consentement dans le code pénal.
Un verdict très attendu
Le jugement dans l’affaire Giulia Cecchettin, attendu le 3 décembre prochain, revêt donc une importance cruciale. Au-delà du sort de l’accusé, c’est un signal fort que la justice italienne est appelée à envoyer face à ce fléau des violences conjugales et des féminicides. Un combat de longue haleine pour faire évoluer les mentalités et mieux protéger les femmes, qui semble hélas encore loin d’être gagné dans la péninsule comme ailleurs.
Une lutte qui dépasse les frontières
Ce procès résonne bien au-delà des frontières italiennes. Il rappelle tristement que les féminicides demeurent une réalité dans de nombreux pays à travers le monde. La mobilisation historique des Italiennes et des Italiens contre ce fléau souligne l’urgence d’agir à tous les niveaux (éducatif, judiciaire, politique…) pour endiguer cette violence intolérable faite aux femmes.
Le cas de Giulia Cecchettin devient ainsi le symbole d’un combat universel pour le droit des femmes à vivre en sécurité et dans la dignité. Un combat de chaque instant qui nécessite un engagement inébranlable de toute la société. Il est grand temps que la justice, en Italie comme ailleurs, envoie un message clair en sanctionnant fermement les auteurs de ces crimes odieux. Toute notre compassion va à la famille et aux proches de Giulia.