Un procès hors norme se déroule actuellement à Avignon, mettant en lumière l’un des dossiers de viols en série les plus choquants de ces dernières années en France. Au cœur de l’affaire : Dominique Pelicot, 72 ans, accusé d’avoir drogué et violé son ex-épouse Gisèle pendant une décennie, mais aussi de l’avoir livrée à des dizaines d’inconnus recrutés sur internet. Face à lui, 50 hommes sont jugés pour avoir participé à ces viols.
La Défense Pointe le Rôle du « Loup » Manipulateur
Mais alors que l’accusation dénonce un réseau de monstres, les avocats de la défense, eux, mettent en avant le rôle central de Dominique Pelicot. Décrit tour à tour comme « l’ogre », « le loup », ou encore « le metteur en scène pervers », ce dernier est présenté comme le véritable cerveau de l’affaire, celui qui a manipulé non seulement sa femme mais aussi les autres accusés.
Mercredi, plusieurs avocats ont ainsi insisté sur le passé souvent traumatique de leurs clients, des hommes en proie à une grande « misère affective, sociale et sexuelle » selon Me Henri Amr. Des hommes qui auraient pu croire, en étant invités dans la maison cossue de Dominique Pelicot, que son épouse était consentante.
Un Procès Symbolique des Violences Faites aux Femmes
Mais pour l’accusation, la théorie du consentement par procuration, donné par le mari, est tout bonnement intolérable. Dans son réquisitoire, elle a dénoncé cette vision « d’un autre âge » et requis des peines allant jusqu’à 20 ans de réclusion contre les principaux accusés, dont Dominique Pelicot.
Il y a besoin de recul pour juger les cinquante hommes recrutés par Dominique Pelicot.
Me Henri Amr, avocat de la défense
Sur le banc des parties civiles, Gisèle Pelicot écoute avec attention les débats. Elle qui a eu le courage de porter plainte et de se battre pour que ce procès ait lieu, est devenue malgré elle le symbole du combat contre les violences sexuelles faites aux femmes.
Quel Verdict pour ce Procès Hors Norme ?
Malgré les tentatives de la défense de contextualiser les actes des accusés, les faits restent accablants. Agressions sexuelles répétées, administration de substance nuisible, proxénétisme aggravé… Les chefs d’accusation sont nombreux et graves.
Ce procès, qui jette une lumière crue sur les réseaux de violences sexuelles, marque indéniablement les esprits. Son issue, attendue le 20 décembre, enverra un message fort. Quelle peine permettra de condamner l’horreur subie par Gisèle Pelicot tout en prenant en compte le profil des accusés ? C’est la difficile question à laquelle la cour d’assises du Vaucluse devra répondre.
Une chose est sûre, ce procès restera comme l’un des plus symboliques de la décennie en matière de lutte contre les violences sexuelles. Il montre que la parole des victimes peut être entendue, même dans les affaires les plus complexes et choquantes. Un combat essentiel qui est encore loin d’être gagné.