L’hôpital public français est à nouveau secoué par une nouvelle alarmante : selon une étude de la DREES publiée ce jeudi, près de 4900 lits d’hospitalisation complète ont été supprimés en 2023. Invité sur LCI, l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau a partagé son inquiétude face à cette situation préoccupante qui met en lumière la crise profonde que traverse notre système de santé.
43 500 lits fermés depuis 2013 : l’hémorragie continue
D’après les chiffres de la DREES, ce sont 4867 lits d’hospitalisation complète qui ont disparu des hôpitaux publics et privés français en 2023, portant à 43 500 le nombre de lits fermés depuis fin 2013. Une baisse continue de l’offre hospitalière qui soulève de vives inquiétudes quant à la capacité de notre système de santé à répondre aux besoins de la population.
Si dans le même temps, 3489 places d’hospitalisation partielle (de jour) ont été ouvertes, cela ne suffit pas à compenser les fermetures massives de lits traditionnels. Au 31 décembre 2023, les 2962 établissements hospitaliers français comptaient 369 423 lits d’hospitalisation complète et 88 504 places d’hospitalisation partielle.
Aurélien Rousseau : “Une crainte pour l’avenir de l’hôpital”
Face à ces données préoccupantes, Aurélien Rousseau, député NFP-Place Publique des Yvelines et ancien ministre de la Santé, a exprimé ses vives inquiétudes sur LCI. S’il reconnaît une volonté de développer l’hospitalisation de jour “sur beaucoup de pathologies”, il met en garde contre les effets pervers d’une réduction trop brutale des capacités d’hospitalisation traditionnelle.
“De fait, on va baisser les moyens de l’hosto et ça, j’ai une grosse crainte qu’on coupe cette dynamique”, s’alarme l’ancien ministre.
Aurélien Rousseau pointe notamment du doigt le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui risque selon lui de fragiliser le fragile “retour de confiance” observé à l’hôpital suite aux revalorisations du Ségur de la santé. Des augmentations qui ont certes permis d’importantes créations de postes, mais qui pourraient être anéanties par de nouvelles coupes budgétaires.
Le casse-tête des lits vacants
L’ancien ministre a également évoqué le problème des lits vacants, c’est-à-dire des lits “existants sur le papier mais non ouverts” faute de personnel suffisant. Grâce aux recrutements permis par le Ségur, certains de ces lits ont pu rouvrir, permettant le développement de l’ambulatoire malgré les fermetures.
Mais pour combien de temps ? Entre pénuries de soignants, épuisement des équipes et restrictions budgétaires, l’équation pour maintenir un nombre suffisant de lits ouverts semble insoluble. Et c’est bien l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge des patients qui risquent d’en pâtir.
Un enjeu majeur pour l’avenir du système de santé
Les fermetures de lits d’hospitalisation ne sont que la partie émergée de l’iceberg des difficultés auxquelles est confronté l’hôpital public. Sous-effectif chronique, épuisement des soignants, manque d’attractivité des carrières hospitalières… Les défis sont immenses pour garantir un système de santé performant et accessible à tous.
Conscients de l’urgence de la situation, de nombreux acteurs du monde de la santé appellent à une grande concertation nationale pour refonder en profondeur notre modèle hospitalier. Car si rien n’est fait, c’est la pérennité même de notre système de santé solidaire qui pourrait être remise en question dans les années à venir.
Face à ce constat alarmant, il est urgent que le gouvernement prenne la mesure de la crise hospitalière et engage des réformes ambitieuses pour redonner à l’hôpital public les moyens d’assurer pleinement ses missions. L’avenir de notre système de santé est en jeu, et avec lui, la santé de millions de Français.