C’est dans la plus grande discrétion que des pourparlers d’une importance capitale se déroulent ce vendredi à Genève. Autour de la table : l’Iran d’un côté, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni de l’autre. L’enjeu ? Rien de moins que l’avenir du programme nucléaire iranien, l’équilibre géopolitique au Moyen-Orient et les relations houleuses entre Téhéran et l’Occident. Le tout avec en toile de fond l’ombre menaçante de Donald Trump, qui s’apprête à retrouver le Bureau Ovale dans moins de deux mois.
Un Contexte Explosif
Ces discussions interviennent dans un contexte particulièrement tendu. Les accusations fusent contre l’Iran, soupçonné par les Occidentaux de fournir des drones à la Russie pour sa guerre en Ukraine. Une allégation fermement démentie par Téhéran. Mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg. Car le véritable point de crispation reste le dossier nucléaire iranien, véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de la région.
Malgré les dénégations répétées de l’Iran, qui clame haut et fort que son programme nucléaire est purement civil, la méfiance est de mise du côté occidental. Et pour cause : les progrès fulgurants réalisés par Téhéran en matière d’enrichissement d’uranium font craindre le pire. Avec un taux d’enrichissement porté à 60%, l’Iran n’est plus très loin du seuil fatidique des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.
Entre Menaces et Ouverture
Face à cette situation explosive, l’Iran oscille entre fermeté et volonté d’apaisement. D’un côté, les autorités iraniennes brandissent la menace d’une reprise du programme nucléaire militaire en cas de nouvelles sanctions européennes. De l’autre, elles multiplient les signaux d’ouverture, à l’image de ce diplomate iranien assurant que son pays n’a « pas l’intention d’aller au-delà de 60% pour le moment ».
Mais cette main tendue suffira-t-elle à rassurer des Européens échaudés par des années de tensions et de méfiance ? Rien n’est moins sûr. D’autant que plane toujours le spectre d’un Donald Trump décidé à en découdre avec l’Iran. Son retour à la Maison Blanche pourrait bien sonner le glas de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, déjà moribond depuis le retrait américain de 2018.
Un Avenir Incertain
Dans ce contexte, les pourparlers de Genève revêtent une importance capitale. Pour l’Iran, il s’agit d’éviter à tout prix une situation « doublement désastreuse » : le retour de la politique de « pression maximale » de Trump, doublée cette fois-ci de sanctions européennes. Une perspective cauchemardesque pour une économie iranienne déjà exsangue.
Mais les Européens ne sont pas en reste. Eux aussi jouent gros dans ces négociations. Car au-delà du dossier nucléaire, c’est toute la stabilité du Moyen-Orient qui est en jeu. Entre les tensions récurrentes entre l’Iran et Israël, les conflits qui déchirent la région et la menace terroriste toujours présente, une escalade avec Téhéran pourrait avoir des conséquences désastreuses.
Alors, que sortira-t-il de ces discussions genevoises ? Une percée diplomatique inespérée ? Un simple sursis avant une nouvelle escalade ? Ou un statu quo précaire, dans l’attente de jours meilleurs ? Une chose est sûre : dans ce grand jeu d’échecs géopolitique, chaque coup peut être décisif. Et l’avenir de toute une région – et peut-être du monde – se joue en ce moment même, dans le plus grand secret, au bord du Lac Léman.
