La polémique enfle autour du nouveau programme d’éducation à la sexualité qui doit être présenté début décembre devant le Conseil supérieur de l’éducation. Avant même sa publication officielle, le texte suscite de vives critiques de la part de ceux qui l’accusent d’être « sous influence woke et imprégné d’idéologie ». La controverse promet d’être animée.
C’est un sujet éminemment sensible qui s’apprête à faire son entrée dans les écoles : l’éducation sexuelle. Rendue obligatoire de la maternelle au lycée par la loi de 2001 sur l’IVG et la contraception, elle peine pourtant à être mise en œuvre sur le terrain, faute d’un cadre clair. C’est tout l’enjeu du nouveau programme d’éducation à « la vie affective, relationnelle et sexuelle » qui doit passer le 5 décembre prochain devant le Conseil supérieur de l’éducation.
Un texte déjà très critiqué
Mais avant même sa publication officielle, le texte suscite déjà une vive polémique. Ses contempteurs l’accusent en effet d’être « sous influence woke et imprégné d’idéologie ». Ils pointent notamment du doigt l’introduction de notions comme l’identité de genre ou le consentement, qu’ils jugent inadaptées pour de jeunes élèves.
Parmi les plus virulents opposants au texte, on retrouve des personnalités conservatrices comme la directrice de SOS Éducation ou encore certains élus Les Républicains. Ils dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une « dérive » et une « déconstruction » de l’éducation sexuelle traditionnelle.
L’éducation sexuelle à l’école constitue une dérive totalitaire.
-Sophie Audugé, directrice de SOS Éducation
Des craintes sur le contenu
Les inquiétudes portent notamment sur le contenu même des séances d’éducation sexuelle. Certains redoutent que les intervenants, souvent issus d’associations externes à l’Éducation nationale, profitent de ce cadre pour diffuser un discours militant en décalage avec les valeurs familiales.
Des parents s’alarment aussi d’une forme de « confusion des genres » qui pourrait naître de l’évocation de l’identité de genre auprès d’enfants qui n’ont pas encore construit leur identité. Ils craignent que cela ne les perturbe plus qu’autre chose.
Le gouvernement assume
Face à ces critiques, le gouvernement assume son texte et le juge au contraire indispensable pour adapter l’éducation sexuelle aux réalités contemporaines. Le ministère de l’Éducation nationale rappelle que le contenu a été élaboré en concertation avec des experts et des professionnels de santé.
Il ne s’agit pas d’un programme idéologique mais d’un programme réaliste et pragmatique.
-Une source au ministère de l’Éducation
L’exécutif souligne que l’éducation à la sexualité est un outil essentiel de prévention, que ce soit en matière de violences sexistes et sexuelles, de grossesses précoces non désirées ou encore de maladies sexuellement transmissibles. Selon le gouvernement, ne pas aborder ces sujets reviendrait à laisser les jeunes dans l’ignorance et à les exposer à des risques.
La difficile question de l’âge
Au cœur des débats : la question de l’âge à partir duquel il convient d’évoquer la sexualité avec les enfants. Si la loi prévoit des séances dès la maternelle, avec un contenu adapté, cela hérisse certains parents qui estiment que c’est bien trop tôt.
Pourtant, les spécialistes rappellent que même à cet âge, les enfants s’interrogent déjà sur le corps et les relations. Ne pas répondre à leurs questionnements avec des mots simples ne ferait que renforcer un certain tabou et laisser place à d’autres influences, potentiellement néfastes comme la pornographie.
Il est important d’accompagner les questionnements des enfants de manière bienveillante et adaptée.
-Un pédiatre spécialiste du développement de l’enfant
Des garanties demandées
Pour tenter d’apaiser les esprits, le gouvernement a promis un certain nombre de garde-fous :
- L’éducation sexuelle se fera toujours sous le contrôle des équipes éducatives
- Les parents seront informés en amont du contenu des séances
- Celles-ci seront adaptées à l’âge des élèves et respectueront leur développement psycho-affectif
- Une vigilance particulière sera portée au choix des intervenants extérieurs
Malgré ces assurances, la polémique promet d’être vive lors du passage du texte devant le Conseil supérieur de l’éducation. Ce programme, très attendu sur le terrain, cristallise en effet des visions différentes de la société et du rôle de l’école. Certains y voient un progrès nécessaire quand d’autres craignent un bouleversement des repères.
Une chose est sûre : le sujet de l’éducation sexuelle à l’école n’a pas fini de faire parler. Au-delà des clivages, l’enjeu est de trouver le bon équilibre pour outiller au mieux les jeunes générations face aux défis relationnels et affectifs d’aujourd’hui, sans pour autant heurter les familles. Un sacré défi dans une société en pleine évolution sur ces questions.