C’est une investiture qui fait couler beaucoup d’encre dans les milieux politiques et médiatiques. Le Nouveau Front Populaire (NFP) a choisi d’accorder son soutien à Nicolas Cadène, un ancien “Monsieur Laïcité” auprès du Premier ministre, pour les prochaines élections législatives dans la 6e circonscription du Gard. Une décision qui suscite de vives réactions, beaucoup pointant du doigt le passé controversé de ce candidat apparenté écologiste.
Un choix qui interroge
Alors que le NFP souhaitait initialement investir Béatrice Leccia, une candidate EELV, c’est finalement vers Nicolas Cadène que le jeune parti s’est tourné. Un revirement de situation qui n’est pas passé inaperçu, surtout au vu du parcours atypique de celui qui fut rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité entre 2013 et 2021.
Vivement critiqué à l’époque pour ses prises de position jugées complaisantes envers l’islamisme, il avait notamment été accusé de relayer des pétitions proches des Frères musulmans et de s’afficher avec le sulfureux Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Des reproches qui lui avaient même valu d’être menacé de remplacement au sein de l’Observatoire fin 2020.
Une conception de la laïcité remise en cause
Plus que ses accointances douteuses, c’est surtout la façon dont Nicolas Cadène concevait son rôle de défenseur de la laïcité qui avait été remise en cause. Beaucoup estimaient en effet qu’il semblait davantage préoccupé par la lutte contre l’islamophobie que par la stricte séparation de l’Église et de l’État. Une posture ambiguë dénoncée par de nombreux laïques et responsables politiques.
Nicolas Cadène semble plus préoccupé par la lutte contre la stigmatisation des musulmans que par la défense de la laïcité.
– Un proche de Marlène Schiappa en 2020
L’ombre de “l’islamo-gauchisme”
En investissant un homme aussi clivant, le NFP s’expose à de sévères critiques, certains allant jusqu’à y voir un signe de complaisance envers les idées dites “islamo-gauchistes”. La journaliste Caroline Fourest a ainsi vertement réagi sur Twitter :
Le #NFP vient d’investir Nicolas Cadène… L’homme qui depuis l’Observatoire de la laïcité (courageusement débranché) hurlait contre les laïques, défendait le mot « islamophobie » et relayait des pétitions fréristes. Honteux.
– Caroline Fourest, journaliste
Un choix risqué donc pour le jeune parti, qui devra démontrer que son candidat a réellement tourné la page de ses anciennes ambiguïtés s’il ne veut pas se voir taxé de double jeu sur la question de la laïcité. D’autant que cette investiture surprise intervient dans un contexte national tendu, marqué par de vifs débats sur la place de l’islam dans la société française.
Un signal politique ambigu
Au-delà du cas personnel de Nicolas Cadène, c’est donc un signal politique fort qu’envoie le NFP avec cette investiture. En adoubant celui qui fut longtemps vu comme l’incarnation d’une laïcité “molle” par ses détracteurs, le mouvement prend le risque de brouiller son message sur ce sujet pourtant central dans le débat public.
Il lui faudra redoubler de clarté et de fermeté dans les semaines à venir pour dissiper les doutes. Faute de quoi, c’est toute sa crédibilité sur les questions régaliennes et identitaires qui pourrait être entamée. Un faux pas potentiellement lourd de conséquences à moins d’un an des élections législatives.
Quoi qu’il en soit, cette polémique montre à quel point la laïcité demeure un marqueur idéologique puissant et clivant dans le paysage politique français. Et que le moindre faux-pas sur ce terrain peut se payer cash dans les urnes. Le NFP l’aura-t-il compris à temps ? Réponse dans les mois à venir.
