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Perquisition chez Sanofi : Enquête Explosive sur la Fraude Fiscale

Ce mardi, le siège de Sanofi à Paris a été perquisitionné dans une enquête explosive pour blanchiment de fraude fiscale. Un montage financier proposé par la Société Générale il y a plus de dix ans refait surface… Mais jusqu’où ira cette affaire qui touche aussi Lactalis et d’autres géants ?

Imaginez : il est tôt ce mardi matin à Paris. Des véhicules banalisés se garent discrètement devant un immeuble de verre et d’acier. Des hommes et femmes en costume sombre en sortent, dossiers sous le bras. Quelques minutes plus tard, le siège d’un des fleurons de l’industrie française est placé sous scellés. Ce n’est pas une scène de film. C’est la réalité qui a frappé le géant pharmaceutique Sanofi.

Une perquisition qui fait trembler le CAC 40

Le Parquet National Financier (PNF) a confirmé l’information : une vaste opération a eu lieu au cœur de la capitale, ciblant directement le siège social de Sanofi. L’entreprise est soupçonnée d’avoir bénéficié, il y a plus d’une décennie, d’un montage financier complexe proposé par la Société Générale. Objectif présumé ? Réduire fortement la facture fiscale lors d’une importante acquisition.

Ce n’est pas la première fois que ce type de pratique refait surface. Ces schémas, souvent transfrontaliers avec le Luxembourg, permettent à certaines grandes entreprises de faire transiter des flux financiers de manière à minimiser l’impôt dû en France. Ce que la justice qualifie aujourd’hui de potentielle fraude fiscale aggravée.

De quoi Sanofi est-il exactement soupçonné ?

L’enquête, ouverte dès janvier 2024, porte sur des faits graves : blanchiment de fraude fiscale, blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs. Des qualifications qui laissent peu de place au doute quant à la détermination des enquêteurs.

Au centre du dispositif : un produit financier structuré par la banque de la Défense, alors dirigée par des équipes spécialisées dans l’ingénierie fiscale sophistiquée. Sanofi, comme d’autres groupes du CAC 40 à l’époque, aurait souscrit à cette offre pour optimiser le coût fiscal d’une opération de croissance externe réalisée il y a plus de dix ans.

« Comme de nombreuses autres entreprises, Sanofi a eu recours il y a plusieurs années à un dispositif de financement proposé par la Société Générale […] Le groupe considère avoir respecté l’ensemble des lois et règles applicables »

Communiqué officiel de Sanofi

Le groupe pharmaceutique joue donc la carte de la transparence et de la coopération totale avec la justice. Une posture classique dans ce genre d’affaires, mais qui ne préjuge en rien de la suite des événements.

La Société Générale déjà dans le viseur depuis plusieurs mois

Ce n’est pas une surprise totale. Dès le mois de juin dernier, les locaux parisiens et luxembourgeois de la Société Générale avaient été perquisitionnés dans le même dossier. Quatre personnes, dont des cadres supérieurs, avaient été placées en garde à vue. Leurs domiciles avaient également été fouillés.

À l’époque, une source judiciaire expliquait que l’enquête cherchait à déterminer si une unité dédiée de la banque avait systématiquement proposé des montages à visée essentiellement fiscale à de grandes entreprises françaises. Des pratiques qui, si elles étaient jugées illicites, pourraient coûter très cher aux établissements concernés.

Et l’affaire ne s’arrête pas là. La Société Générale est également concernée par une autre procédure d’ampleur : celle des fameux « CumCum », ces dividendes arbitrage qui ont déjà valu des amendes colossales à plusieurs grandes banques européennes.

Lactalis dans le même bateau

Sanofi n’est pas seul. Le groupe agroalimentaire Lactalis, numéro un mondial des produits laitiers, est également dans le collimateur des enquêteurs pour des faits similaires. Le schéma serait identique : une optimisation fiscale agressive via des structures passant par le Grand-Duché du Luxembourg.

Cette affaire illustre parfaitement la difficulté pour les autorités de tracer les flux financiers complexes entre la France et ses voisins européens. Le Luxembourg, souvent pointé du doigt pour sa législation fiscale avantageuse, reste un passage obligé pour nombre d’opérations d’ingénierie financière.

Sanofi, déjà sous pression sur un autre front

Comme si cela ne suffisait pas, le laboratoire français fait parallèlement l’objet d’une enquête de la Commission européenne. Cette fois, il est question d’abus de position dominante concernant ses vaccins antigrippaux. Bruxelles soupçonne Sanofi d’avoir entravé la concurrence sur ce marché stratégique.

Entre les soupçons de pratiques anticoncurrentielles et cette affaire fiscale tentaculaire, l’année 2025 commence mal pour le champion tricolore de la pharmacie. L’image de marque, déjà fragilisée par certaines controverses passées, risque d’en prendre un nouveau coup.

Que risque réellement Sanofi ?

À ce stade, difficile de prédire l’issue judiciaire. Les perquisitions ne valent pas condamnation. Beaucoup d’entreprises ayant eu recours à des montages similaires par le passé s’en sont sorties avec des amendes transactionnelles ou des régularisations fiscales.

Cependant, le climat a changé. Le Parquet National Financier, créé en 2013 dans la foulée de l’affaire Cahuzac, a montré sa détermination à frapper fort. Les conventions judiciaires d’intérêt public (CJIP) se multiplient, mais les peines peuvent aussi être lourdes quand les faits sont qualifiés de particulièrement graves.

Pour Sanofi, une condamnation pourrait se traduire par des centaines de millions d’euros d’amende, sans compter le préjudice réputationnel. Un scénario catastrophe pour un groupe dont la valorisation boursière dépasse les 100 milliards d’euros.

Un dossier qui pose des questions de société

Au-delà du cas Sanofi, cette affaire relance le débat sur l’optimisation fiscale des multinationales. Pendant que les PME et les particuliers paient leurs impôts plein pot, certains géants semblent bénéficier pendant des années de zones grises juridiques.

Les révélations successives – Panama Papers, LuxLeaks, CumCum, et maintenant ces nouveaux montages – montrent que le combat contre l’évasion fiscale est loin d’être gagné. Chaque nouvelle enquête met un peu plus en lumière les rouages d’un système où l’argent circule sans frontière pendant que les États peinent à récupérer leur dû.

Et pendant ce temps, les contribuables ordinaires assistent, souvent impuissants, à ces feuilletons judiciaires qui durent des années. La question de l’équité fiscale reste plus que jamais d’actualité.

Et maintenant ?

L’enquête du PNF ne fait que commencer. D’autres perquisitions pourraient suivre. D’autres entreprises pourraient être citées. La Société Générale, déjà fragilisée par plusieurs scandales ces dernières années, va devoir gérer cette nouvelle crise avec prudence.

Pour Sanofi, l’heure est à la défense. Le groupe a déjà annoncé qu’il réserverait tous ses droits et coopérerait pleinement. Mais dans ce genre de procédure, la coopération ne suffit pas toujours à éviter les sanctions.

Une chose est sûre : cette affaire n’a pas fini de faire parler. Elle illustre, une fois de plus, la complexité du monde financier et les limites d’une régulation qui court souvent derrière les innovations des ingénieurs fiscaux. Affaire à suivre, donc. Très attentivement.

En résumé : Une perquisition choc chez Sanofi, une enquête du PNF pour blanchiment de fraude fiscale, des montages via le Luxembourg proposés par la Société Générale il y a plus de dix ans, Lactalis également concerné, et un contexte judiciaire de plus en plus dur pour les grandes entreprises. Le monde de la finance française retient son souffle.

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