Les trains roses low-cost Ouigo de la SNCF se retrouvent au cœur d’une vive polémique. Plusieurs organisations syndicales tirent la sonnette d’alarme sur les dérives de ce modèle ferroviaire ultra-économique, dénonçant des dysfonctionnements techniques à répétition, des problèmes d’hygiène et une surexploitation du matériel. Elles brandissent désormais la menace d’une grève ce vendredi pour faire entendre leurs inquiétudes.
La logique low-cost poussée à l’extrême ?
Lancés en 2013, les TGV Ouigo représentent la réponse low-cost de la SNCF face à la concurrence et à la demande croissante de voyages à petits prix. Avec des billets à partir de 10€, moins de personnel à bord et une densification des rames, le modèle semblait gagnant. Mais pour les syndicats, cette quête effrénée de rentabilité se fait désormais au détriment de la qualité de service et potentiellement de la sécurité.
Ces trois derniers mois, les TGV Ouigo ont accumulé plus d’incidents techniques et de suppressions que sur les deux dernières années, affirme la CGT-Cheminots. En cause selon eux, un matériel vieillissant surexploité par des cadences infernales. Jusqu’à 7 rames sur 38 ont dû être immobilisées récemment. Des essieux en mauvais état auraient même pu conduire à un déraillement d’après un représentant, une accusation très grave.
Des cafards à bord ?
Autre grief, le manque de personnel et de temps pour nettoyer et entretenir des trains roulant jusqu’à 15 heures par jour. Conséquence, les signalements pour présence de cafards et punaises de lit se multiplient, au grand dam des voyageurs et agents. Un point contesté par la direction qui assure que les cas restent très marginaux et que les protocoles ont été renforcés.
Une grève programmée vendredi
Face à ces problèmes, la CGT-Cheminots, l’UNSA-Ferroviaire et SUD-Rail appellent à une mobilisation des personnels Ouigo ce vendredi. Les syndicats réclament un renforcement de la maintenance, des embauches et une prime de pénibilité. Si rien n’est fait, ils agitent le spectre d’une grève reconductible pouvant toucher 80 à 90% des effectifs.
De son côté, la direction de Ouigo réfute en bloc les accusations, qualifiées « d’irresponsables » car faisant planer un doute sur la sécurité. Elle assure appliquer les mêmes règles de maintenance et de sécurité que pour les TGV classiques, malgré les défis du modèle low-cost. La SNCF compte d’ailleurs étendre cette offre économique dans les années à venir, escomptant transporter 25 millions de passagers d’ici 2025 contre 16 millions en 2022.
Mais les inquiétudes syndicales font écho à un récent palmarès des compagnies ferroviaires qui classait Ouigo à la 25ème place sur 27 quant à la qualité de service. Entre impératifs financiers et attentes des voyageurs, le modèle low-cost ferroviaire parviendra-t-il à trouver son équilibre sans dérive ? Une question cruciale alors que la concurrence s’apprête à déferler sur les rails français.