En Russie, la liberté d’expression est plus que jamais menacée. L’opposant Alekseï Gorinov, déjà condamné en 2022 à sept ans de prison pour avoir publiquement dénoncé l’offensive russe en Ukraine, vient d’écoper de trois années supplémentaires de détention. Son nouveau crime ? Avoir tenu des propos jugés comme une « apologie du terrorisme » lors de discussions avec des codétenus.
Une opposition muselée et réprimée
Le cas d’Alekseï Gorinov illustre parfaitement la répression féroce qui s’abat sur toute forme d’opposition ou de critique en Russie. Cet homme de 63 ans, conseiller municipal de Moscou, a été le premier à être lourdement condamné en vertu d’une loi entrée en vigueur juste après le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Un texte qui permet aux autorités de réduire au silence toute voix dissidente.
Je suis pour la paix, mais vous aimez la guerre.
– Alekseï Gorinov au juge après le verdict
Lors de son procès en 2022, Alekseï Gorinov avait été reconnu coupable de « diffusion de fausses informations » sur l’armée russe, pour avoir dénoncé « l’agression militaire en cours en Ukraine » lors d’un conseil municipal retransmis sur YouTube. Des propos désormais passibles de lourdes peines de prison en Russie.
De nouvelles poursuites pour « apologie du terrorisme »
Mais les autorités russes ne se sont pas arrêtées là. Alors qu’il purgeait sa peine, Alekseï Gorinov a de nouveau été poursuivi, cette fois pour « apologie du terrorisme ». Selon l’accusation, lors de conversations avec des codétenus alors qu’il était soigné pour une pneumonie en janvier 2023, il aurait justifié les frappes ukrainiennes sur le pont de Crimée et les actions d’unités militaires ukrainiennes qualifiées d' »organisations terroristes » par Moscou.
Avant le verdict, l’opposant a une nouvelle fois appelé à « arrêter le massacre sanglant et inutile » en Ukraine. Des propos courageux dans un contexte de censure et de répression totale. Malgré la menace de nouvelles sanctions, Alekseï Gorinov a continué à défendre ses convictions pacifistes, brandissant même une pancarte « Arrêtez de tuer ! Arrêtons la guerre ! » lors de son procès.
Une répression tous azimuts
Le sort d’Alekseï Gorinov est emblématique de la vague de répression qui déferle en Russie depuis le début du conflit en Ukraine. Des centaines, voire des milliers de personnes ont été jetées en prison pour avoir osé s’opposer à la guerre. Des peines très lourdes sont régulièrement prononcées pour des motifs aussi vagues que la « trahison », le « sabotage » ou « l’extrémisme ».
Ainsi, quatre personnes viennent d’être condamnées à des peines allant de 6 à 17 ans de prison pour avoir tenté d’incendier un bureau de recrutement de l’armée russe, selon les agences de presse russes citant les services de sécurité (FSB). Un signe supplémentaire que le régime de Vladimir Poutine ne tolère aucune forme de contestation et est prêt à tout pour faire taire les voix dissidentes.
La communauté internationale impuissante ?
Face à cette dérive autoritaire, la communauté internationale semble bien démunie. Les condamnations se multiplient, mais n’ont que peu d’effet sur la machine répressive russe. Les sanctions économiques et diplomatiques n’ont pas infléchi la détermination de Vladimir Poutine à poursuivre sa guerre en Ukraine et à museler toute opposition interne.
Le sort tragique d’Alekseï Gorinov rappelle la réalité sombre de la Russie d’aujourd’hui, où la simple expression d’une opinion pacifiste peut valoir de très lourdes peines de prison. Un régime qui bafoue chaque jour un peu plus les droits humains et les libertés fondamentales, au nom d’une guerre illégitime et meurtrière. Face à cette tragédie, la solidarité avec les opposants russes et ukrainiens apparaît plus que jamais comme un devoir moral et politique.