Mauvaise nouvelle pour les habitants de la région parisienne qui attendaient avec impatience l’ouverture de la ligne 15 Sud du supermétro du Grand Paris. Ce tronçon stratégique, qui doit relier plusieurs communes du sud de la capitale, ne sera finalement pas mis en service en décembre 2025 comme prévu, mais à l’été 2026. Un énième report pour ce chantier pharaonique nommé « Grand Paris Express », le plus grand projet de transport urbain en Europe.
La Société du Grand Paris (SGP), qui pilote le chantier, a annoncé ce nouveau retard ce jeudi, invoquant des problèmes rencontrés lors de la phase d’essais. « Nous sommes entrés dans cette phase en septembre au lieu de juillet, et avons découvert des bugs inattendus, des difficultés qu’on n’anticipait pas », a expliqué Jean-François Monteils, le président de la SGP. Des défis techniques qui s’ajoutent à la complexité déjà extrême du projet, de par son ampleur inédite.
Un chantier vital mais semé d’embûches
Initialement annoncée pour 2020, puis successivement repoussée à 2023, 2024 et 2025, la ligne 15 Sud est très attendue par les habitants des communes concernées, ainsi que pour désengorger les lignes A et B du RER, saturées. Son ouverture promet de révolutionner les déplacements de banlieue à banlieue.
Mais le chantier, lancé en 2016, a accumulé les déconvenues. Problèmes de conception, malfaçons, accidents, dérive des coûts… Les déboires se sont enchaînés, repoussant sans cesse la mise en service. Le budget total du Grand Paris Express a d’ailleurs presque doublé, passant de 22 milliards d’euros estimés en 2010 à plus de 36 milliards aujourd’hui.
Des essais complexes source de retards
Cette fois, ce sont donc les essais techniques, phase cruciale préalable à l’ouverture, qui sont en cause. Débutés avec plusieurs mois de retard, ils ont révélé des problèmes inattendus, obligeant la SGP et ses prestataires à revoir leurs procédures. Un processus long et délicat, le métro du Grand Paris étant un projet d’une complexité rare de par ses caractéristiques :
- Près de 70 km de voies nouvelles au total, dont 33 km rien que pour la ligne 15 Sud
- 16 nouvelles gares connectées au réseau existant
- Un métro entièrement automatique circulant à 80 km/h
- Une nouvelle génération de matériel roulant haute capacité
L’extrême complexité du Grand Paris Express tient d’abord à sa taille : 200 km de métro au total, c’est du jamais vu !
– Jean-François Monteils, président de la Société du Grand Paris
Un coup dur de plus pour les voyageurs
Si ce nouveau retard ne remet pas en cause la réalisation du projet, il constitue un coup dur pour les centaines de milliers de voyageurs qui empruntent chaque jour les RER A et B. La ligne 15 Sud est en effet censée décharger significativement ces axes, parmi les plus fréquentés et saturés d’Europe.
Interrogés par une source proche du dossier, de nombreux élus et associatifs déplorent ce énième report et l’impact pour les habitants :
C’est une immense déception. La ligne 15 est vitale et fait l’objet d’une attente énorme. Chaque retard amplifie les difficultés quotidiennes des voyageurs.
– Un responsable d’association d’usagers
La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse ne cache pas non plus sa déception et son inquiétude. Pour elle, l’enjeu dépasse les questions de transport. C’est toute l’attractivité économique du Grand Paris et sa capacité à accueillir les JO 2024 qui sont en jeu.
2026, cette fois sera-t-elle la bonne ?
Les regards sont désormais tournés vers l’été 2026, nouvelle date d’ouverture annoncée. La SGP se veut rassurante, affirmant que le reste du calendrier est maintenu, avec une mise en service complète du Grand Paris Express en 2031.
D’ici là, il faudra s’armer de patience. Les essais vont se poursuivre pour résoudre les problèmes identifiés et valider toutes les procédures de sécurité. Un processus complexe mais indispensable pour que ce métro d’un genre nouveau, très attendu mais aussi très scruté, puisse enfin révolutionner les transports franciliens.
Le supermétro du Grand Paris finira par arriver. Mais le chemin s’annonce encore long et semé d’embûches. En 2026, les voyageurs jugeront sur pièce si cette nouvelle infrastructure aura tenu toutes ses promesses. Rendez-vous est pris.