Le spectre du terrorisme jihadiste frappe à nouveau violemment le Niger. Ce jeudi 5 décembre 2024, un convoi commercial transportant des civils a été sauvagement attaqué par des bandits armés près de Téra, dans l’ouest du pays, faisant 21 morts. Cette région dite des « trois frontières » entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso est devenue un repaire pour les groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, qui y sèment la terreur.
Selon les autorités nigériennes, le convoi de véhicules qui transportait des marchandises revenait du marché hebdomadaire de Téra quand il a été pris pour cible vers 17h locales à 12 kilomètres au nord de la ville, en direction de Bankilaré, par des hommes lourdement armés qui l’ont intercepté. « 21 civils ont été assassinés froidement dans cette attaque » a indiqué une source locale sous couvert d’anonymat.
Un axe stratégique régulièrement visé
La ville de Téra est devenue ces dernières années l’épicentre des violences jihadistes au Niger. C’est aussi un point de passage obligé pour les milliers de camions qui approvisionnent le pays, immense et désertique, en marchandises provenant du port de Lomé au Togo, via le nord du Burkina Faso.
Mais cet axe stratégique est de plus en plus dangereux à emprunter. Fin octobre déjà, un convoi similaire avait été la cible d’une attaque de grande ampleur près de Téra. « Nous avons perdu plusieurs de nos camarades sur cet axe, victimes d’attaques terroristes de plus en plus fréquentes » a déploré l’Union des Travailleurs du Transport et Assimilés du Niger (UTTAN).
Notre pays a été contraint de se tourner vers le port du Togo, obligeant les camionneurs à dévier leur trajectoire et à passer dans les zones à haut risque du Burkina et du Niger.
– UTTAN
L’armée nigérienne impuissante
Malgré deux opérations anti-terroristes menées par l’armée nigérienne dans la région de Tillabéri où se situe Téra, la sécurisation de l’axe routier reste un défi. Les militaires font parfois état d’attaques menées par des « terroristes » contre leurs propres convois dans cette zone.
Au sud-est du pays, frontalier avec le Tchad, le Nigeria et proche du Cameroun, c’est la menace de Boko Haram et de l’État Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) qui prédomine. Une situation qui rappelle que le Niger est cerné de toutes parts par la menace jihadiste.
Une région sahélienne en proie à une crise sécuritaire majeure
Les chiffres sont alarmants. Selon l’organisation Acled qui répertorie les victimes des conflits dans le monde, quelque 1500 civils et militaires sont morts dans des attaques jihadistes depuis un an au Niger. C’est plus du double par rapport à la période juillet 2022 – juillet 2023.
La région sahélienne dans son ensemble est confrontée à une véritable crise sécuritaire avec la multiplication des attaques de groupes armés se réclamant de l’idéologie jihadiste. Malgré les efforts des armées nationales et les interventions militaires occidentales comme la force Barkhane, l’instabilité et la violence ne cessent de progresser. Les civils en payent le prix fort.
Un défi pour le gouvernement de transition au Niger
Cette nouvelle tragédie intervient à un moment délicat pour le Niger, où un gouvernement de transition est en place depuis le coup d’État de juillet 2023 contre le président Mohamed Bazoum. Les nouvelles autorités sont confrontées au défi majeur de ramener la sécurité et la stabilité au pays.
La lutte contre le terrorisme sera la priorité du gouvernement de transition. Nous mettrons tous les moyens nécessaires pour protéger nos concitoyens et notre territoire.
– Une source gouvernementale
Mais la tâche s’annonce ardue au vu de la détermination des groupes jihadistes à déstabiliser le pays et toute la région. Les populations civiles continuent de vivre dans la peur constante d’une attaque, alors que les convois de marchandises, indispensables pour l’approvisionnement, jouent à la roulette russe sur les routes. Le Niger est plus que jamais un maillon faible face à la menace terroriste qui gangrène le Sahel.