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Nayib Bukele, Le Président Qui Défie Les Gangs Au Salvador

Au Salvador, le président Nayib Bukele mène une guerre totale contre les gangs, avec des méthodes musclées qui font polémique mais semblent porter leurs fruits. Plongez dans le parcours atypique de cet homme fort qui se fait appeler le "dictateur cool"...

Au Salvador, un homme défie les gangs avec une politique de « tolérance zéro » qui ne laisse personne indifférent. Nayib Bukele, 41 ans, est le président salvadorien qui a déclaré la guerre totale à la criminalité, quitte à être taxé de dérives autoritaires. Portrait d’un leader atypique et controversé.

L’ascension fulgurante du « dictateur cool »

Élu en 2019 à la tête du plus petit pays d’Amérique centrale, Nayib Bukele s’est rapidement forgé une réputation sulfureuse. Vêtu de sa casquette à l’envers, très actif sur les réseaux sociaux, il aime à se faire appeler le « dictateur cool ». Une provocation assumée face à ceux qui dénoncent sa dérive autoritaire et sécuritaire.

Mais sa cote de popularité reste au plus haut. Il faut dire que Nayib Bukele a été élu sur la promesse de mettre fin à la violence endémique qui gangrène le Salvador. Un fléau incarné par les « maras », ces bandes criminelles ultraviolentes qui font régner la terreur depuis des décennies.

Un état d’urgence pour enrayer la violence

Dès son arrivée au pouvoir, Nayib Bukele a décrété l’état d’urgence pour lutter contre les gangs. Une mesure drastique qui suspend certaines libertés constitutionnelles et autorise les arrestations sans mandat. En un an, plus de 66 000 personnes ont été jetées en prison, souvent sur la base de simples soupçons ou de critères arbitraires comme des tatouages.

Cette politique de « mano dura » (main de fer) porte ses fruits, selon les autorités. D’après une source proche du gouvernement, le taux d’homicides a chuté de 57% au Salvador depuis la mise en place de l’état d’urgence. Un bilan dont se félicite le président Bukele, qui n’hésite pas à qualifier les détenus de « terroristes » qui vont « passer le reste de leur vie derrière les barreaux ».

Des méthodes qui font polémique

Mais à quel prix ? Les organisations de défense des droits humains dénoncent les abus et l’arbitraire de cette politique répressive à l’extrême. Arrestations massives, conditions de détention inhumaines, torture… Les dérives sont légion dans ce Salvador version Bukele.

La population carcérale a triplé, provoquant une surpopulation monstre dans les prisons. Pour y faire face, le président a inauguré en grande pompe une méga-prison de 40 000 places, une sorte d' »Alcatraz » salvadorien destiné à faire l’étalage de sa fermeté.

La seule manière de réduire la criminalité est de retirer les criminels des rues.

Nayib Bukele, Président du Salvador

Une popularité qui ne se dément pas

Malgré les critiques, Nayib Bukele reste extrêmement populaire au Salvador. Son parti a remporté une victoire écrasante aux élections législatives de 2024, lui assurant la majorité absolue au Parlement. De quoi consolider encore son emprise sur le pays.

Beaucoup de Salvadoriens se disent soulagés de voir la criminalité refluer, après avoir vécu dans la peur pendant si longtemps. Quant aux méthodes expéditives du président, elles ne semblent pas les émouvoir outre mesure. Une adhésion qui en dit long sur le traumatisme laissé par des décennies de violence aveugle.

Un modèle qui fait des émules

Au-delà des frontières du Salvador, la « méthode Bukele » suscite l’intérêt et même l’admiration. Plusieurs dirigeants d’Amérique latine, confrontés eux aussi à une criminalité galopante, voient dans le président salvadorien un exemple à suivre.

Une tendance inquiétante pour ceux qui y voient un nouveau visage de l’autoritarisme, sur un continent qui a payé un lourd tribut aux dictatures. Mais une tentation compréhensible pour des populations à bout, prêtes à tout pour retrouver la sécurité, fût-ce au prix de leurs libertés.

Quel avenir pour le Salvador version Bukele ?

Nul ne peut prédire jusqu’où ira Nayib Bukele dans sa croisade contre le crime. Une chose est sûre : il ne fait pas dans la dentelle et compte bien aller jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix politique ou humain.

Un pari risqué, pour ce petit pays meurtri qui rêve de tourner la page de la violence. Si les méthodes du président portent leurs fruits, il aura réussi là où tous ses prédécesseurs ont échoué. Mais gare au réveil si la spirale répressive finit par se retourner contre lui.

En attendant, Nayib Bukele poursuit sa route, en homme providentiel intouchable. Adulé par son peuple, craint par ses ennemis, il impose son style et sa vision au Salvador et au-delà. Le règne du « dictateur cool » ne fait peut-être que commencer.

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