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Moshé Yaalon : « L’armée israélienne mène un nettoyage ethnique à Gaza »

L'ex-ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon affirme que l'armée mène un « nettoyage ethnique » à Gaza. Ses propos chocs provoquent l'indignation dans la classe politique. Que révèlent ces accusations sur la situation dans la bande de Gaza ?

Des propos qui font l’effet d’une bombe. L’ancien ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, accuse l’armée de son pays de mener un véritable « nettoyage ethnique » dans la bande de Gaza. Une déclaration choc qui provoque l’indignation au sein de la classe politique israélienne.

« On nettoie le terrain des Arabes » à Gaza selon Yaalon

Lors d’une interview accordée à la chaîne israélienne DemocratTV, l’ex-chef d’état-major Moshé Yaalon n’y est pas allé par quatre chemins. Selon lui, la voie empruntée par Israël mène « à la conquête, l’annexion et le nettoyage ethnique » à Gaza.

Relancé par la journaliste qui l’interrogeait, l’ancien ministre a enfoncé le clou :

Que se passe-t-il là-bas ? Il n’y a plus de Beit Lahia, plus de Beit Hanoun, l’armée intervient à Jabalia et en réalité on nettoie le terrain des Arabes.

Moshé Yaalon, ancien ministre israélien de la Défense

Des déclarations explosives qui font référence aux dernières opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza, théâtre de violents affrontements ces derniers mois entre l’armée et les groupes armés palestiniens.

Un « personnage » qui « fait honte » à Israël

Les propos de Moshé Yaalon ont immédiatement suscité un tollé au sein du gouvernement israélien. Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a qualifié de « honte » le fait qu’Israël ait eu « un tel personnage comme chef de l’armée et ministre de la Défense ».

D’autres membres de la coalition au pouvoir ont également vivement condamné les déclarations de l’ancien ministre. Une réaction qui illustre les profondes divisions au sein de la société et de la classe politique israéliennes sur la question palestinienne.

Yaalon, un « faucon » devenu adversaire de Netanyahou

Âgé de 72 ans, Moshé Yaalon a été le chef d’état-major de Tsahal entre 2002 et 2005, juste avant le retrait unilatéral d’Israël de la bande de Gaza. Membre éminent du Likoud, le parti de Benyamin Netanyahou, il a occupé le poste de ministre de la Défense de 2013 à 2016.

Longtemps considéré comme un « faucon » sur les questions sécuritaires, Yaalon a cependant fini par entrer en conflit avec Netanyahou. Il a claqué la porte du gouvernement en 2016 et est devenu depuis l’un des principaux opposants au Premier ministre israélien.

Accusations sans précédent d’un ancien ministre

Si les critiques contre la politique israélienne à Gaza ne sont pas nouvelles, c’est la première fois qu’un ancien ministre de la Défense accuse aussi directement l’armée de « nettoyage ethnique ». Un terme extrêmement fort qui renvoie aux pires exactions commises dans l’histoire.

Ces accusations sans précédent de la part d’une personnalité de ce rang mettent en lumière la gravité de la situation dans la bande de Gaza. Elles posent aussi la question des dérives de l’armée israélienne dans ce territoire sous blocus depuis plus de 15 ans.

La bande de Gaza, une poudrière

Avec 2,3 millions d’habitants entassés sur 365 km2, la bande de Gaza est l’une des zones les plus densément peuplées au monde. Ce territoire coincé entre Israël, l’Égypte et la Méditerranée est le théâtre de violences récurrentes depuis le retrait israélien en 2005.

Contrôlé par le Hamas, mouvement islamiste considéré comme une organisation terroriste par Israël et plusieurs pays occidentaux, Gaza est soumis à un strict blocus. La population vit dans des conditions très difficiles, avec un taux de chômage qui dépasse les 50% et de fréquentes coupures d’électricité.

Dans ce contexte, les affrontements entre groupes armés palestiniens et l’armée israélienne sont quasi-quotidiens. Tsahal mène régulièrement des raids aériens et des incursions terrestres contre ce qu’elle présente comme des cibles terroristes. Des opérations qui font de nombreuses victimes civiles.

Un lourd bilan humain côté palestinien

Selon des sources proches des organisations humanitaires sur place, les différentes offensives israéliennes à Gaza ces dernières années ont fait plusieurs milliers de morts palestiniens, en grande majorité des civils. Des chiffres contestés par Israël.

La dernière guerre de mai 2021, déclenchée après des tirs de roquettes du Hamas, a duré 11 jours. Elle a coûté la vie à 260 Palestiniens dont 66 enfants, et fait des milliers de blessés et de sans-abris. Côté israélien, 13 personnes ont été tuées, dont un enfant et un soldat.

Au-delà des bilans, ces affrontements à répétition plongent Gaza dans une crise humanitaire majeure. Selon l’ONU, 80% de la population dépend de l’aide internationale pour survivre. Les infrastructures civiles, comme les hôpitaux et les écoles, peinent à fonctionner.

Enquêtes sur des crimes de guerre présumés

Ces accusations de « nettoyage ethnique » à Gaza font écho aux nombreux rapports d’ONG et d’organisations internationales dénonçant de possibles crimes de guerre commis par Israël. Amnesty International a ainsi appelé la Cour pénale internationale (CPI) à se saisir du dossier.

En 2021, Human Rights Watch a publié une enquête accablante affirmant qu’Israël commet le crime d’apartheid dans les Territoires occupés. Un terme repris quelques mois plus tard par Amnesty, qui accuse l’État hébreu d’imposer un « système d’oppression et de domination » aux Palestiniens.

Des accusations vigoureusement rejetées par le gouvernement israélien, qui dénonce une campagne de « délégitimation ». À Gaza, les groupes armés palestiniens sont également accusés de crimes de guerre pour leurs tirs de roquette aveugles sur les populations civiles israéliennes.

Révélateur d’un conflit enlisé

Au-delà du choc des mots, les propos de Moshé Yaalon mettent en lumière l’impasse tragique dans laquelle se trouve le conflit israélo-palestinien. En l’absence de tout horizon politique, la logique d’affrontement prévaut sur toute perspective de paix.

Pour de nombreux observateurs, les accusations de l’ancien ministre révèlent aussi l’ampleur de la faillite morale et stratégique de la politique israélienne dans les Territoires occupés. Une dérive que dénoncent de plus en plus de voix en Israël, y compris dans les rangs de l’armée et des services de sécurité.

Face à ces propos sans précédent d’un ex-ministre de la Défense, le gouvernement israélien se retrouve sur la défensive. Mais au-delà des condamnations, c’est un véritable examen de conscience que semblent appeler les déclarations fracassantes de Moshé Yaalon sur la situation à Gaza.

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