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Milice soudanaise : Le chef Ali Kosheib nie en bloc les crimes de guerre

Un chef de milice soudanaise, Ali Kosheib, nie les graves accusations de crimes guerre portées par la CPI. Viol, meurtres, tortures : il rejette tout en bloc alors que son procès entre dans une phase décisive. Que révélera la suite des audiences ?

C’est un procès historique qui entre dans sa phase finale à la Cour Pénale Internationale (CPI). Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman, plus connu sous le nom de guerre d’Ali Kosheib, un chef de milice soudanais, a nié en bloc vendredi les terribles accusations portées contre lui. Crimes de guerre, viols, meurtres, tortures : la liste des exactions présumées est longue. Mais l’accusé rejette toute implication.

Une défense surprenante

Fait surprenant, Ali Kosheib a affirmé devant la cour : « Je ne suis pas Ali Kosheib. Je ne connais pas cette personne ». Une défense étonnante de la part de celui qui a été identifié comme étant le chef de la tristement célèbre milice Janjawid, alliée de l’ancien dictateur soudanais Omar el-Béchir. Kosheib, qui s’était rendu volontairement en 2020, soutient s’être présenté sous ce nom à la CPI uniquement par « désespoir », craignant d’être arrêté par Khartoum.

31 chefs d’accusation accablants

Ali Kosheib fait face à pas moins de 31 chefs d’accusation de crimes de guerre et crimes contre l’humanité devant la CPI. Selon le procureur Karim Khan, l’accusé était un haut responsable des Janjawid et aurait participé activement et « avec enthousiasme » à la commission d’atrocités. Les faits les plus graves se seraient déroulés lors d’attaques contre des villages du Darfour en 2003.

Un conflit dévastateur au Darfour

Le conflit au Darfour, qui a ravagé cette région de l’ouest du Soudan de 2003 à 2020, trouve son origine dans la rébellion de groupes insurgés dénonçant une marginalisation systématique de la part du pouvoir central de Khartoum, dominé par les Arabes. En réponse, le régime du dictateur Omar el-Béchir avait déployé les Janjawid, une force paramilitaire recrutée parmi les tribus nomades arabes locales.

Selon l’ONU, le conflit au Darfour a fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés.

Une étape cruciale du procès

Les plaidoiries finales entendues cette semaine par les juges de la CPI marquent une étape décisive du procès d’Ali Kosheib. Après plusieurs années d’instruction et de longues audiences, la parole est désormais à la défense pour tenter de contrer les lourdes charges retenues contre l’accusé. Mais avec la gravité des crimes allégués et le poids des témoignages accablants, la tâche s’annonce ardue.

Un procès sous haute surveillance

Au-delà du sort d’Ali Kosheib, ce sont les horreurs de la guerre du Darfour et l’impunité de ses principaux responsables qui sont en jeu dans ce procès très médiatisé. De nombreuses ONG de défense des droits humains suivent les audiences de près, espérant que justice sera rendue aux victimes. Le jugement sera aussi scruté par la communauté internationale, le Darfour étant devenu le symbole des pires atrocités commises en ce début de XXIe siècle.

D’autres dignitaires dans le viseur de la CPI

Au-delà d’Ali Kosheib, la CPI a lancé des mandats d’arrêt contre d’autres hauts responsables soudanais pour leur rôle dans les exactions au Darfour, dont l’ex-dictateur Omar el-Béchir lui-même. Si ce dernier a été renversé en 2019 et emprisonné au Soudan, il n’a toujours pas été remis à la justice internationale. Khartoum tergiverse, craignant des réactions dans le pays où Béchir conserve des soutiens.

Un nouveau pouvoir tiraillé

Depuis la chute de Béchir, le Soudan est dirigé par un gouvernement de transition, partagé entre civils et militaires. Ces derniers, dont certains sont soupçonnés d’avoir des liens avec l’ancien régime, freinent les réformes et s’opposent à une collaboration trop poussée avec la CPI. Les civils au pouvoir voudraient eux tourner la page et obtenir la levée des sanctions américaines en faisant des gestes vers la justice internationale.

Darfour : une paix encore fragile

Malgré un accord de paix signé en 2020 entre le gouvernement et les principaux groupes rebelles, le Darfour reste une poudrière. Des violences intercommunautaires éclatent régulièrement et le désarmement des milices, prévu par l’accord, est loin d’être achevé. Le maintien de la paix et la reconstruction de cette région meurtrie dépendront beaucoup de la capacité du nouveau pouvoir à rendre justice et à réconcilier les communautés.

Le procès Kosheib, un signal fort

Dans ce contexte, le procès d’Ali Kosheib devant la CPI est plus qu’un rendez-vous judiciaire. C’est un test majeur pour la justice internationale, souvent critiquée pour son impuissance, et pour le Soudan post-Béchir. En fonction du verdict et de ses répercussions, il donnera le ton des efforts futurs pour juger les crimes du Darfour et tourner l’une des pages les plus sombres de l’histoire du pays.

Le verdict est attendu dans les prochains mois et sera suivi avec la plus grande attention, au Soudan comme à l’étranger. D’ici là, Ali Kosheib restera présumé innocent, malgré le poids des accusations portées contre lui. Mais quelle que soit l’issue du procès, l’ampleur des crimes commis au Darfour ne pourra être effacée et continuera de hanter longtemps la mémoire collective soudanaise.

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