Dimanche dernier, à Budapest, le rêve européen des handballeuses de Metz s’est encore brisé. Pour la troisième fois, elles terminent au pied du podium de la Ligue des champions, battues 30-27 par les Danoises d’Esbjerg. Pendant ce temps, Györ, emmené par les Françaises Estelle Nze Minko et Hatadou Sako, a soulevé le trophée pour la septième fois. Que retenir de ce week-end intense, marqué par des émotions contrastées pour le handball français ?
Metz Handball : Une Quête Européenne Inachevée
Les Messines abordaient ce Final Four avec un statut d’invaincues, auréolées d’un 27e titre de championnes de France et d’une Coupe de France. Pourtant, malgré cet élan, leur parcours s’est arrêté net, une nouvelle fois, à l’étape cruciale du dernier carré. Pourquoi ce rendez-vous européen reste-t-il un obstacle insurmontable pour Metz ?
Une Défaite Cruelle Contre Esbjerg
Face à Esbjerg, Metz a livré une bataille acharnée, mais marquée par des irrégularités. Les joueuses ont alterné entre des phases de domination et des moments de flottement, incapables de maintenir un rythme constant. « On a des bonnes séquences, mais on n’arrive pas à capitaliser », a déploré la gardienne Cléopâtre Darleux, auteure de 11 arrêts à 28% d’efficacité.
Les Messines ont pourtant montré du caractère après leur revers en demi-finale contre Odense (31-29 après prolongations). Mais face aux Danoises, des erreurs inhabituelles et un manque de lucidité en attaque ont scellé leur sort. Ce match pour la troisième place, loin d’être anodin, était une chance de repartir avec une médaille symbolique. Elle leur a échappé.
« À chaque fois, on fait des erreurs qu’on ne fait jamais. On est moins lucides en attaque ou en défense », a analysé Léna Grandveau, jeune internationale française.
Un Historique Frustrant en Final Four
Ce n’est pas la première fois que Metz bute à ce stade de la compétition. En quatre participations au Final Four, le club n’a jamais atteint la finale, terminant trois fois à la quatrième place (2019, 2024, 2025). Cette récurrence interroge sur la capacité des Messines à gérer la pression des grands rendez-vous européens.
Pour l’entraîneur Emmanuel Mayonnade, le constat est clair : « On n’est pas encore au niveau, pas encore taillées pour tout ça. » Ces mots, prononcés après la rencontre, traduisent une frustration partagée par tout un groupe. Pourtant, Metz reste une place forte du handball féminin, avec un palmarès national impressionnant. Alors, qu’est-ce qui manque pour franchir ce cap ?
Les clés du match contre Esbjerg :
- Manque de constance : Metz a alterné entre temps forts et temps faibles.
- Erreurs inhabituelles : Des pertes de balles et des tirs manqués à des moments cruciaux.
- Mental fragile : La pression du Final Four a pesé sur les joueuses.
Györ, l’Incontestable Reine d’Europe
Si Metz a déçu, Györ a une nouvelle fois prouvé sa suprématie. Le club hongrois, véritable institution du handball féminin, a remporté son septième titre en Ligue des champions en battant Odense 29-27. Ce succès, construit sur une entame de match explosive, doit beaucoup à l’apport des Françaises Estelle Nze Minko et Hatadou Sako.
Nze Minko, avec 6 buts sur 9 tirs, a été un rouage essentiel dans le dispositif de Györ. Sa coéquipière Hatadou Sako, ancienne Messine, a brillé en seconde période, apportant une énergie communicative. « C’est ce qu’on attend de moi : être là dans les moments importants », a-t-elle déclaré, rayonnante après son premier sacre européen.
« J’ai tout donné, je suis rincée. C’est un week-end intense », a confié Estelle Nze Minko après la victoire.
Les Françaises à l’Honneur
Si Metz n’a pas brillé, les Françaises de Györ ont porté haut les couleurs nationales. Estelle Nze Minko, avec sa vista et sa précision, s’est imposée comme une leader incontestée. Hatadou Sako, de son côté, a transformé son entrée en jeu en un véritable show, multipliant les arrêts décisifs. Leur performance rappelle que le handball français reste compétitif sur la scène européenne, même si le sacre collectif tarde à venir.
Pour Sako, ce titre est une revanche personnelle. Passée par Metz, elle connaît les exigences du haut niveau et les frustrations d’une quatrième place. Son explosion de joie à la fin du match traduit l’ampleur de l’exploit : un premier titre européen à 29 ans, après des années de travail acharné.
Joueuse | Équipe | Performance |
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Estelle Nze Minko | Györ | 6/9 aux tirs, leader offensive |
Hatadou Sako | Györ | Arrêts décisifs en seconde période |
Cléopâtre Darleux | Metz | 11 arrêts, 28% d’efficacité |
Les Défis à Venir pour Metz
Pour Metz, ce Final Four marque la fin d’une ère. Avec les départs annoncés de Cléopâtre Darleux et Allison Pineau, qui prendront leur retraite, le club devra se réinventer. Léna Grandveau, 22 ans, incarne l’avenir et promet de revenir plus forte. « Je reviendrai la saison prochaine, pour voir Metz gagner ! », a lancé Darleux avec un mélange d’espoir et de défi.
Les Messines devront travailler sur leur gestion des moments clés. Les erreurs inhabituelles pointées par Grandveau et la fragilité mentale évoquée par Darleux sont des axes d’amélioration évidents. Mais le potentiel est là : une équipe invaincue jusqu’au Final Four ne peut pas être le fruit du hasard.
Les chantiers pour Metz :
- Gestion de la pression : Mieux aborder les matchs à enjeu.
- Renouvellement de l’effectif : Intégrer de nouvelles joueuses après les départs.
- Constante offensive : Réduire les erreurs en attaque.
Un Handball Féminin en Évolution
Ce Final Four illustre l’intensité croissante du handball féminin européen. Györ, avec son expérience et son collectif rodé, reste la référence, mais des équipes comme Odense et Esbjerg prouvent que la hiérarchie peut être bousculée. Pour Metz, l’objectif sera de s’inspirer de ces modèles tout en cultivant son identité.
Le handball français, malgré cette déception, peut se targuer d’avoir des ambassadrices comme Nze Minko et Sako, qui brillent sur la scène internationale. Leur succès à Györ est une source d’inspiration pour les jeunes joueuses, mais aussi un rappel que la route vers le sommet est longue et exigeante.
Et Après ?
Pour Metz, l’heure est à la reconstruction. Le club devra tirer les leçons de ce week-end pour revenir plus fort en 2026. Les supporters, eux, continuent de rêver d’un premier titre en Ligue des champions, un trophée qui se refuse encore au handball français féminin. Györ, de son côté, savoure une domination sans partage, mais pour combien de temps ?
Ce Final Four, riche en émotions, a montré que le handball féminin est plus compétitif que jamais. Entre les désillusions de Metz et le triomphe de Györ, une chose est sûre : le spectacle était au rendez-vous. Et pour les Messines, l’histoire ne s’arrête pas là. Un jour, peut-être, ce sera leur tour.