Dans une annonce retentissante, Meta, le géant américain propriétaire de Facebook et Instagram, a dévoilé son projet le plus ambitieux à ce jour : déployer un câble sous-marin de plus de 50 000 kilomètres afin de stimuler l’innovation en intelligence artificielle (IA) à l’échelle planétaire. Cet investissement colossal, estimé à plusieurs milliards de dollars sur plusieurs années, vise à fournir une connectivité de pointe dans de nombreuses régions du globe, des États-Unis à l’Inde en passant par le Brésil et l’Afrique du Sud.
Une infrastructure critique pour l’essor de l’IA
Les câbles sous-marins, véritables autoroutes numériques qui sillonnent les fonds océaniques, sont devenus des infrastructures essentielles. Ils acheminent la quasi-totalité des communications numériques mondiales, jouant ainsi un rôle crucial pour les entreprises engagées dans la course à l’IA. Selon Meta, son futur câble apportera « la connectivité abondante et à haute vitesse nécessaire pour stimuler l’innovation en intelligence artificielle ».
Si l’impact précis de l’IA sur la demande en bande passante reste encore incertain, les experts s’accordent sur un point : l’entraînement des nouveaux modèles d’IA pourrait nécessiter de transférer rapidement d’immenses volumes de données aux quatre coins de la planète. De plus, les réponses générées par l’IA occuperont une part croissante du trafic Internet mondial.
La course à l’innovation IA s’accélère
Dans cette course effrénée à l’innovation, les géants de la tech semblent partir avec une longueur d’avance. Grâce à leurs vastes centres de données et aux réseaux de câbles qu’ils déploient, des entreprises comme Meta ou Google s’assurent un avantage compétitif certain. Comme l’explique Alan Mauldin, directeur de recherche chez Telegeography :
« Beaucoup d’entreprises pourraient émerger dans ce secteur, mais les grandes entreprises semblent avoir un très grand avantage. »
– Alan Mauldin, Telegeography
Une quête d’indépendance pour les géants du web
Jusqu’à présent, quatre sociétés se partageaient l’essentiel du marché des câbles sous-marins : SubCom (États-Unis), Alcatel Submarine Networks (France), NEC (Japon) et HMN Technologies (Chine). Mais les mastodontes du web, à l’image de Meta et Google, cherchent désormais à gagner en indépendance.
Après avoir participé à des projets communs avec d’autres groupes, ils misent aujourd’hui sur le développement de leurs propres réseaux. Une stratégie qui s’explique par les énormes volumes de données qu’ils génèrent. Comme le souligne Alan Mauldin :
« Lorsque votre croissance est très importante et que vos volumes de demande surpassent ceux des autres, vous êtes incité à investir vous-même, à éliminer l’intermédiaire. »
– Alan Mauldin, Telegeography
Sécuriser les flux de données, un enjeu majeur
Le « Projet Waterworth » annoncé par Meta sera le troisième câble détenu à 100% par le groupe, tandis que Google en possède déjà seize. Cette démultiplication des câbles ne répond pas uniquement à un besoin de puissance, mais aussi à un impératif de sécurité.
Chaque année, environ 200 incidents endommagent ces câbles sous-marins, le plus souvent en raison de causes naturelles (glissements de terrain, tsunamis) ou accidentelles (ancres de bateaux). Mais des actes de malveillance ne sont pas à exclure, comme en témoignent les récentes patrouilles lancées par l’Otan en mer Baltique suite à des attaques présumées attribuées à la Russie.
Meta semble avoir pris la mesure de ces risques dans le tracé de son futur câble. Selon Alan Mauldin, l’itinéraire du « Projet Waterworth » évite soigneusement plusieurs zones de tensions géopolitiques, comme la mer de Chine méridionale ou la mer Rouge.
Un pari audacieux sur l’avenir de l’IA
Avec ce projet titanesque, Meta lance un pari ambitieux sur le futur de l’intelligence artificielle. En déployant une infrastructure sous-marine d’une telle envergure, le groupe espère se positionner en leader dans la course à l’innovation IA.
Reste à savoir si ce mastodonte des câbles sous-marins tiendra ses promesses et permettra effectivement de « libérer le potentiel mondial de l’IA », comme l’affirme Meta. Une chose est sûre : les enjeux économiques, technologiques et géopolitiques liés à ces autoroutes numériques des profondeurs n’ont jamais été aussi considérables.
