Un débat crucial agite nos sociétés : comment faire face aux menaces, tant intérieures qu’extérieures, qui semblent saper les fondements mêmes de nos démocraties occidentales ? Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Éducation nationale et président du laboratoire de la République, et Gilles Kepel, éminent islamologue, croisent leurs regards sur ces enjeux majeurs de notre époque.
L’islamo-gauchisme, un virus dans nos universités ?
Les récentes occupations de Sciences Po et de la Sorbonne par des militants propalestiniens illustrent la progression de l’islamo-gauchisme au sein même de nos institutions académiques. Un phénomène que Gilles Kepel avait anticipé depuis longtemps. « Il y a eu un blocage global de Sciences Po », déplore-t-il, pointant « un problème de gouvernance » ayant facilité ces actions déstabilisantes.
Pour Kepel, les études sur le monde arabe ont pris un tournant inquiétant, l’amphi où il enseignait ayant même été brièvement rebaptisé « Gaza ». Un symptôme parmi d’autres de la dérive idéologique gangrénant certains pans de l’université française.
Un laboratoire du wokisme
Sciences Po semble s’être mué en un véritable incubateur des thèses wokes, importées des campus américains. Une évolution préoccupante pour Jean-Michel Blanquer, qui y voit une menace pour « les valeurs de la République et de la laïcité ». L’ancien ministre pointe la responsabilité de certains enseignants, qui « ne transmettent plus un savoir mais une idéologie ».
On assiste à un renversement complet de valeurs, où l’on culpabilise les dominants et sacralise les dominés.
Jean-Michel Blanquer
Des puissances étrangères à l’œuvre
Au-delà de ces menaces internes, nos démocraties font aussi face à des ingérences extérieures. Des puissances comme la Chine, la Russie ou la Turquie cherchent à nous déstabiliser en exploitant nos failles. « Elles utilisent nos propres armes contre nous, en infiltrant nos réseaux sociaux et en finançant certains activistes », alerte Gilles Kepel.
Face à ce double péril, interne et externe, quelles solutions ? Pour Jean-Michel Blanquer, il est urgent de réaffirmer « les valeurs universelles qui fondent notre civilisation ». Cela passe par un sursaut républicain à l’école et à l’université, remparts essentiels contre l’obscurantisme.
Vers une résistance culturelle
Gilles Kepel, lui, prône une forme de « résistance culturelle ». Face à la « déconstruction » de notre héritage prônée par les wokes, il faut réhabiliter la transmission des savoirs et la fierté de notre histoire. Sans naïveté ni repli identitaire, mais en réaffirmant ce que nous sommes.
Un combat difficile mais crucial. Car derrière les dérives de Sciences Po ou les manipulations sur les réseaux sociaux, c’est bien notre modèle de société qui est en jeu. Libre à nous de le défendre, en refusant la tyrannie des minorités et les intimidations de l’étranger. La survie de nos démocraties en dépend.