Treize jours à peine après le passage dévastateur du cyclone Chido, Mayotte se relève déjà et reprend un combat vital pour son avenir : la lutte contre l’immigration clandestine massive venue des Comores voisines. Malgré les dégâts considérables sur les infrastructures et un bilan humain provisoire d’au moins 39 morts, les autorités ont décidé de ne pas relâcher la pression sur ce fléau qui gangrène l’île.
«La lutte contre l’immigration clandestine a repris dans des conditions opérationnelles depuis une semaine», a ainsi affirmé François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte, ce vendredi sur Europe 1. Certes, l’archipel souffre encore de nombreux problèmes liés au cyclone comme des coupures d’électricité, des difficultés d’approvisionnement en eau et en nourriture. Mais pas question pour autant de baisser la garde face aux kwassa-kwassa, ces embarcations de fortune déversant chaque année des milliers de migrants clandestins sur les côtes mahoraises.
Radars, drones et intercepteurs : la surveillance renforcée des frontières maritimes
Pour endiguer ces arrivées illégales, le préfet a annoncé le redéploiement en force des moyens de surveillance et d’interception en mer. Radars nouvelle génération, drones patrouilleurs, vedettes interceptrices : tout l’arsenal est de nouveau opérationnel pour traquer les passeurs et les clandestins.
«D’abord en mode dégradé pendant quelques jours, notre dispositif a repris dans des conditions normales depuis une semaine. Nous avons réinstallé les radars, les drones, et les intercepteurs continuent à fonctionner», a détaillé François-Xavier Bieuville.
Une priorité absolue pour reconstruire Mayotte
Au-delà de la seule sécurité de l’île, c’est un enjeu majeur pour la reconstruction de Mayotte meurtrie par Chido. Emmanuel Macron lui-même l’avait souligné lors de sa visite le 19 décembre : «On ne pourra pas régler les problèmes de fond si on ne règle pas l’immigration clandestine». Les clandestins, estimés à plus de 100.000, vivent pour beaucoup dans des bidonvilles insalubres, aujourd’hui anéantis par le cyclone. Leur relogement et leur prise en charge pèseront lourd dans les efforts de reconstruction.
On ne pourra pas reconstruire Mayotte comme avant en matière d’immigration irrégulière. Il faudra être beaucoup plus dur vis-à-vis des Comores.
– Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, le 16 décembre 2024
Le gouvernement semble déterminé à saisir ce drame pour renforcer durablement la lutte contre ce fléau à Mayotte. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, dès sa visite sur place le 16 décembre, avait prévenu : «Pour reconstruire, on ne pourra plus faire comme avant». Parmi ses pistes : un durcissement des relations et des pressions sur l’Union des Comores, d’où viennent la plupart des clandestins.
Des défis immenses pour endiguer les flux
Mais la tâche s’annonce immense pour juguler durablement ces traversées illégales. En 2023, environ 22.000 reconduites à la frontière ont été effectuées, contre 25.000 en 2022, des chiffres dérisoires par rapport à l’ampleur réelle du phénomène. Les passeurs rivalisent d’ingéniosité et de détermination pour déjouer les contrôles. Les clandestins prennent tous les risques pour tenter leur chance à Mayotte, département français où le niveau de vie reste sans comparaison avec la misère comorienne.
Malgré ces difficultés, les autorités mahoraises affichent leur volonté de ne rien lâcher dans cette lutte existentielle. La reprise immédiate des contrôles maritimes, en dépit du chaos post-cyclone, en est un symbole fort. Mais il faudra aussi s’attaquer aux racines de ces flux, en coopérant plus étroitement avec les Comores et en soutenant son développement. Un vaste chantier géopolitique et humanitaire, en plus de la reconstruction de Mayotte dévastée.
