Un séisme politique pourrait frapper la scène politique française d’ici 2027. Marine Le Pen, figure de proue du Rassemblement national, risque une peine d’inéligibilité suite à l’affaire des assistants parlementaires européens. Une épée de Damoclès qui pèse lourd sur son avenir et celui de son parti.
Le spectre d’une condamnation
Mercredi dernier, lors du procès des assistants parlementaires du Front national (ancien nom du RN), le parquet a requis contre Marine Le Pen une peine de 5 ans d’inéligibilité, en plus d’une amende de 75 000 euros. Des réquisitions qui font l’effet d’une bombe au sein du parti nationaliste.
L’affaire, qui remonte à 2017, porte sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants au Parlement européen. Marine Le Pen est accusée d’avoir « détourné » environ 1 million d’euros d’argent public de l’UE, en faisant rémunérer des collaborateurs en réalité affectés à d’autres tâches.
Une défense laborieuse
Face à ces accusations, la défense de Marine Le Pen peine à convaincre. Plusieurs prévenus partagent un même avocat, ce qui complique la mise en cause de l’existence d’un système frauduleux centralisé. La présidente du RN a dénoncé « une ingérence politique insupportable » et une volonté de « mort politique ».
« Ce qui est requis contre moi est totalement excessif, on ne peut pas priver les Français de ce choix. »
Marine Le Pen, sur LCI
Jordan Bardella, dauphin providentiel ?
Si Marine Le Pen venait à être déclarée inéligible, la question de sa succession se poserait inévitablement. Son lieutenant Jordan Bardella, actuel président par intérim du RN, apparaît comme le favori. À 27 ans, il incarne une nouvelle génération et s’est imposé comme un cadre incontournable du parti.
Mais d’autres prétendants pourraient émerger, à l’image de Louis Aliot, maire de Perpignan et compagnon de Marine Le Pen, ou encore de Marion Maréchal, sa nièce, qui a pris ses distances avec le RN mais conserve une aura certaine auprès des militants.
L’avenir du RN en question
Au-delà de la succession, c’est la ligne politique du RN qui pourrait évoluer. Depuis plusieurs années, Marine Le Pen s’est efforcée de lisser son image et celle de son parti, dans une stratégie de « dédiabolisation ». Une inéligibilité remettrait en cause ce travail de fond et fragiliserait la position du RN comme premier parti d’opposition.
Certains cadres pourraient être tentés de revenir à une ligne plus dure, identitaire, quand d’autres plaideraient pour poursuivre la normalisation. Un débat qui promet d’être animé dans les mois à venir.
L’hypothèse d’un recours
Mais pour l’heure, Marine Le Pen n’a pas dit son dernier mot. Si elle venait à être condamnée, elle pourrait faire appel de la décision et éventuellement saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Des recours qui lui permettraient de gagner du temps et de continuer à peser sur le débat politique national.
« La bataille n’est pas finie, sans me placer dans cette situation, notre mouvement saura s’organiser et mener son projet. »
Jordan Bardella, sur France Inter
Un parti fragilisé mais pas coulé
Malgré ces turbulences, le RN reste solidement implanté dans le paysage politique français. Avec 89 députés à l’Assemblée nationale, il constitue la première force d’opposition et pèse sur les débats parlementaires. Son discours souverainiste et anti-immigration continue de séduire une partie non négligeable de l’électorat.
Mais une condamnation de Marine Le Pen fragiliserait incontestablement le parti. Il devra démontrer sa capacité à survivre et à prospérer sans sa figure tutélaire. Un défi de taille à l’approche de la présidentielle de 2027, où le RN espère plus que jamais accéder au pouvoir.
Les prochains mois s’annoncent donc cruciaux pour l’avenir de Marine Le Pen et du Rassemblement national. Entre procédures judiciaires, bataille de succession et repositionnement stratégique, le parti nationaliste joue gros. Mais fort de ses succès électoraux récents, il compte bien prouver sa résilience et continuer à peser lourd dans le débat politique français.