Marine Le Pen, prise dans la tourmente judiciaire de l’affaire des assistants parlementaires européens du Rassemblement national, vient d’opérer un changement radical de stratégie. Alors qu’elle avait initialement choisi d’adopter un profil bas depuis le début de son procès, les lourdes peines requises par le parquet semblent avoir sonné le glas de cette approche. Décryptage d’un revirement qui pourrait bien redistribuer les cartes sur l’échiquier politique.
Un réquisitoire qui change la donne
C’est un véritable coup de tonnerre qui a retenti dans le prétoire lorsque les procureurs ont requis à l’encontre de Marine Le Pen une peine de 5 ans de prison, assortie d’une peine d’inéligibilité de la même durée. Des réquisitions d’une sévérité rare dans ce type d’affaires, qui auraient un effet immédiat si elles étaient suivies par les juges, même en cas d’appel.
Face à ce qu’elle considère comme une « ingérence politique insupportable », la présidente du RN a choisi l’offensive. Fini le profil bas, place à une stratégie de rupture qui vise à dénoncer ce qu’elle voit comme une tentative d’élimination politique par voie judiciaire.
Vers une défense offensive
Dans ce contexte tendu, les plaidoiries de la défense qui débutent ce lundi s’annoncent décisives. Selon des sources proches du dossier, Marine Le Pen et ses avocats entendent bien monter au créneau pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme un dévoiement de la justice à des fins politiques.
“Ce n’était pas la justiciable qui était jugée, c’était la cible politique”
Marine Le Pen
L’ancienne candidate à la présidentielle n’hésite plus à parler ouvertement d’une justice aux ordres, instrumentalisée pour l’empêcher de se présenter en 2027. Une ligne de défense qui risque de creuser encore davantage le fossé entre le RN et les institutions, mais qui pourrait bien trouver un écho favorable auprès d’une partie de son électorat.
Un pari risqué mais calculé
Si cette stratégie de rupture peut sembler à double tranchant, elle s’inscrit en réalité dans une logique politique bien rodée. En se posant en victime d’un “système” déterminé à l’abattre, Marine Le Pen espère fédérer autour d’elle tous ceux qui se sentent exclus ou méprisés par les élites.
C’est un pari risqué, mais qui pourrait bien s’avérer payant à l’heure où la défiance envers les institutions n’a jamais été aussi forte. En jouant la carte de l'”anti-système” jusqu’au bout, quitte à se “rediaboliser” un peu, Marine Le Pen semble déterminée à imposer un nouveau clivage politique dont elle serait l’incarnation.
Vers un séisme politique ?
Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits. Si le tribunal venait à suivre les réquisitions du parquet, c’est un véritable séisme politique qui pourrait secouer le pays. Une perspective qui n’est pas sans inquiéter certains observateurs, qui craignent une radicalisation du débat et une aggravation des fractures.
“La justice va-t-elle, pour la deuxième fois en dix ans, modifier le sort de l’élection présidentielle ?”
Un expert politique
D’autres, au contraire, y voient l’occasion d’une clarification salutaire et d’un retour aux fondamentaux de l’État de droit. Une chose est sûre : les prochaines semaines s’annoncent décisives, non seulement pour l’avenir politique de Marine Le Pen, mais aussi pour celui de toute la classe politique française.
Dans ce procès hors norme, c’est bien la place du Rassemblement national dans le jeu démocratique qui se joue. Et avec elle, peut-être, l’avenir même de notre paysage politique. Les débats s’annoncent houleux, les enjeux cruciaux. La France retient son souffle, dans l’attente du verdict.