En déclarant samedi qu’« en tant que citoyen, il faut se battre pour que le RN ne passe pas » lors des prochaines élections législatives, l’attaquant des Bleus Marcus Thuram a créé la surprise par sa prise de position politique inhabituelle dans le monde du football. Une sortie qui n’a pas manqué de faire réagir la classe politique, suscitant soutiens comme critiques acerbes.
Le RN dénonce « un donneur de leçons privilégié »
Sans surprise, c’est du côté du Rassemblement National, directement visé, que les réactions ont été les plus virulentes. Le porte-parole du parti Julien Odoul a ainsi fustigé sur X (ex-Twitter) celui qu’il qualifie de « donneur de leçons privilégié », lui reprochant de ne jamais s’être exprimé sur les jeunes « massacrés par la racaille ».
Ras-le-bol de ces donneurs de leçon privilégiés qui prennent les Français pour des imbéciles !
– Julien Odoul, porte-parole du RN
Aleksandar Nikolic, spécialiste des questions sportives au RN, a quant à lui critiqué le « repli sur soi racialiste » de Thuram, opposé selon lui à « l’identité spirituelle » et au « ressenti français rassembleur » prônés par son parti.
Un « jeune homme formidable » pour Yannick Jadot
À l’inverse, plusieurs responsables politiques de gauche ont tenu à saluer le courage de l’attaquant de l’Inter Milan. Yannick Jadot, tête de liste du « Nouveau Front populaire » pour les législatives, a ainsi rendu hommage à un « jeune homme formidable », en référence à l’éditorial du journaliste de L’Équipe Vincent Duluc qualifiant la sortie de Thuram de « remarquable et rare ».
Le député Renaissance sortant Clément Beaune a lui estimé « courageux et nécessaire » que « de grands sportifs s’engagent » dans un « moment si grave ». Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a pour sa part adressé une lettre ouverte aux Bleus pour les appeler à « mobiliser des électeurs qui votent peut-être moins ».
La FFF en appelle à la « neutralité »
Alors que le débat enflait, la Fédération française de football s’est fendue d’un communiqué samedi soir pour rappeler sa « neutralité en tant qu’institution » ainsi que celle de l’équipe de France, demandant d’« éviter toute forme de pression et utilisation politique » des Bleus. La FFF s’est toutefois associée à « l’appel à aller voter » en tant qu’« exigence démocratique ».
Reste à voir si d’autres joueurs prendront position dans les jours à venir ou si l’appel à la neutralité sera entendu. Une chose est sûre, en choisissant de s’engager publiquement dans le débat politique à quelques jours d’une élection cruciale, Marcus Thuram a bousculé les codes du football, quitte à provoquer une vive polémique dont il se serait sans doute bien passé en pleine préparation de l’Euro 2024 avec les Bleus.