La situation dans les camps de migrants en Grèce est préoccupante. Selon l’ONG Refugee Support Aegean (RSA), de nombreux centres d’enregistrement et d’accueil, dont celui de Malakasa près d’Athènes, manquent cruellement d’interprètes et de médecins pour répondre aux besoins des demandeurs d’asile. Une carence qui a des conséquences désastreuses sur les conditions de vie et les droits fondamentaux des migrants.
Des rétentions prolongées illégales faute d’interprètes
Le manque d’interprètes dans les camps grecs est un problème sérieux aux yeux de la RSA. Faute de pouvoir soumettre leur demande d’asile, de nombreux migrants se retrouvent retenus au-delà de la limite légale de 25 jours. Une situation inacceptable pour Eirini Gaïtanou, responsable de l’ONG :
Il n’y a pas assez d’interprètes dans les camps, le problème est sérieux et dans certains cas la rétention des migrants dépasse la limite de 25 jours prévue par la loi.
– Eirini Gaïtanou, Refugee Support Aegean
Selon une source au ministère grec des Migrations, le nombre insuffisant d’interprètes s’expliquerait par une procédure de renouvellement de contrat en cours avec l’organisation qui les fournit. Mais pour la Commission européenne, la Grèce est en infraction depuis 2023 en raison de ces rétentions prolongées, souligne Minos Mouzourakis, avocat et conseiller juridique de la RSA.
Un accès aux soins largement défaillant
Au-delà du manque d’interprètes, c’est l’insuffisance de personnel médical qui inquiète dans les camps grecs. Selon un rapport de la RSA, en juin, le centre de Malakasa qui accueillait 1411 migrants ne disposait que de deux médecins. Une situation similaire dans le camp de Ritsona, qui compte environ 1700 personnes :
Il n’y a pas de médecin régulier depuis juin. C’est grâce à l’ONG SAMS qu’on a un pédiatre une fois par semaine dans notre camp.
– Pépi Papadimitriou, responsable enseignement des mineurs à Ritsona
Pour le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe (CPT), les centres d’enregistrement fermés en Grèce ne répondent pas aux besoins fondamentaux d’accueil et de protection des demandeurs d’asile. Beaucoup y restent privés de liberté au-delà des délais légaux, sans accès à un avocat ou à des interprètes.
Malgré les appels à la réforme, le problème persiste
Le CPT a une nouvelle fois exhorté la Grèce à réformer son système de rétention des migrants. Mais le pays, principale porte d’entrée en Europe pour les personnes fuyant guerres et pauvreté, peine à remédier à ces problèmes récurrents. Les ONG dénoncent les conditions déplorables et le non-respect des droits des demandeurs d’asile.
Cette situation soulève de sérieuses questions quant à la capacité de la Grèce à offrir un accueil digne aux migrants. Sans interprètes et médecins en nombre suffisant, comment garantir l’accès à la procédure d’asile et à des soins adéquats ? La Commission européenne saura-t-elle contraindre Athènes à se mettre en conformité ? L’enjeu est de taille pour les milliers de personnes en quête de protection, qui se retrouvent piégées dans des conditions indignes.