En Géorgie, la volonté d’une partie de la population de se rapprocher de l’Union Européenne se heurte à la répression policière. Ce vendredi, la police anti-émeutes a tiré des gaz lacrymogènes contre des milliers de manifestants pro-UE rassemblés dans la capitale Tbilissi pour protester contre la décision du gouvernement de reporter les négociations d’adhésion à l’UE à 2028.
Un pays divisé entre volonté européenne et influence russe
Cette manifestation intervient dans un contexte de crise politique post-électorale en Géorgie. La présidente Salomé Zourabichvili et des juristes remettent en cause la légitimité du parlement et du gouvernement nouvellement élus, considérés comme pro-russes. Une partie significative de la population aspire à un rapprochement avec l’UE et à s’affranchir de l’influence de Moscou, 30 ans après l’indépendance.
Une adhésion à l’UE sans cesse repoussée
Malgré une demande d’adhésion déposée en 2022 dans la foulée de l’invasion russe en Ukraine, les perspectives européennes de la Géorgie semblent s’éloigner. L’annonce par le Premier ministre Irakli Kobakhidze de repousser les négociations à 2028 a mis le feu aux poudres, déclenchant ce vaste mouvement de protestation.
« Nous voulons montrer que le peuple géorgien est déterminé à construire un avenir européen, malgré l’obstruction du gouvernement actuel »
– Un manifestant pro-UE à Tbilissi
La police réprime, les manifestants persistent
Face à la détermination des manifestants, qui ont bravé les gaz lacrymogènes, la police a menacé d’utiliser d’autres moyens de dispersion si le rassemblement ne se dispersait pas rapidement. Mais les militants pro-européens semblent décidés à maintenir la pression sur les autorités.
La Géorgie, un allié stratégique convoité
Située dans une région stratégique du Caucase, à la frontière entre Europe et Asie, la Géorgie est depuis son indépendance un terrain d’affrontement entre influences occidentales et russes. Le conflit russo-géorgien de 2008 avait déjà montré la volonté de Moscou de garder ce pays dans sa sphère d’influence.
Une adhésion de la Géorgie à l’UE et un éloignement de l’orbite russe constitueraient un revers géopolitique majeur pour le Kremlin dans cette région clé. D’où les pressions et manoeuvres pour freiner ce processus et maintenir le statu quo.
Quel avenir pour la démocratie géorgienne ?
Au delà de l’enjeu européen, c’est la nature même du régime géorgien qui est en question. Entre dérive autoritaire dénoncée par l’opposition et aspirations démocratiques d’une partie de la société civile, le pays semble à la croisée des chemins.
Ces manifestations pro-UE massives malgré la répression montrent que la question européenne est devenue un catalyseur des luttes politiques et un révélateur des lignes de fracture qui traversent la société géorgienne. L’attitude des autorités dans les prochains jours sera déterminante pour la suite des événements et l’avenir du pays.