L’affaire Boualem Sansal ne cesse de déchaîner les passions en France et en Algérie. Les récentes déclarations de l’écrivain algérien, très critique envers le régime de son pays, ont suscité une vague d’indignation des deux côtés de la Méditerranée. Dans ce contexte tendu, Malika Sorel, membre du Rassemblement National, appelle à la raison et dénonce ceux qui instrumentalisent cette polémique à des fins politiques.
Un appel à ne pas stigmatiser l’Algérie
Dans un tweet publié ce matin, Malika Sorel met en garde contre les dérives qui consistent à utiliser les propos de Boualem Sansal pour exprimer une hostilité généralisée envers l’Algérie et les Algériens. Selon elle, « ceux qui utilisent ce drame pour exprimer leur hostilité envers l’Algérie et les Algériens desservent la cause de Boualem Sansal. »
L’élue du RN souligne ainsi le danger de stigmatiser tout un peuple sur la base des critiques d’un intellectuel, aussi légitimes soient-elles. Car si Boualem Sansal dénonce avec virulence la dérive autoritaire du pouvoir algérien, ses prises de position ne sauraient justifier un rejet global de l’Algérie et de ses habitants.
Boualem Sansal, une voix dissidente en Algérie
Boualem Sansal est l’un des écrivains algériens les plus reconnus à l’international. Lauréat de nombreux prix littéraires, il s’est fait connaître pour ses romans qui dressent un portrait sans concession de la société algérienne post-indépendance. Ses prises de position courageuses contre l’islamisme et l’autoritarisme lui ont valu menaces et censure dans son pays.
Récemment, l’auteur a de nouveau fait polémique en Algérie en critiquant ouvertement le régime en place. Des propos qui ont déclenché une vague d’indignation dans les médias et réseaux sociaux algériens, beaucoup l’accusant de « trahir » son pays. En France, ses déclarations ont été largement relayées et commentées, certains y voyant l’occasion de régler leurs comptes avec l’ancienne colonie.
Ne pas confondre les critiques et la haine
C’est face à ces dérapages que Malika Sorel a tenu à réagir. L’ancienne diplomate, connue pour son franc-parler, refuse que les propos de Sansal soient détournés pour attiser la haine envers les Algériens. Car critiquer un régime politique ne signifie pas rejeter un peuple dans son ensemble.
Il est malhonnête et dangereux d’utiliser la souffrance d’un militant des droits humains pour propager des clichés racistes. C’est faire injure à son combat.
a déclaré Malika Sorel à des journalistes
La membre du Rassemblement National appelle ainsi chacun à faire preuve de discernement et de mesure dans ce débat sensible. Pointer les dérives d’un pouvoir ne doit pas mener à diaboliser une nation entière. Un message de sagesse qui tranche avec les outrances verbales qui se déchaînent depuis plusieurs jours autour de l’affaire Sansal.
L’Algérie, un pays meurtri mais debout
Car au-delà des prises de position de Boualem Sansal, l’Algérie reste une nation complexe, marquée par une histoire douloureuse mais animée d’une volonté farouche de se construire un destin. Depuis son indépendance en 1962 au prix d’une guerre terriblement meurtrière, le pays a connu bien des soubresauts politiques.
Du parti unique de Boumédiène à la guerre civile des années 1990 en passant par les émeutes du printemps berbère en 1980, les Algériens ont traversé de nombreuses épreuves. Plus récemment, le Hirak, vaste mouvement de protestation populaire, a ébranlé le régime en place, réclamant plus de libertés et de démocratie.
Malgré un verrouillage sécuritaire et une répression féroce, le peuple algérien a montré sa détermination à faire respecter sa dignité et sa soif de changement. Un élan que les observateurs étrangers ont parfois du mal à percevoir, focalisés sur les seules dérives du pouvoir.
Vers un dialogue apaisé entre la France et l’Algérie
Malika Sorel souligne ainsi la nécessité de changer de regard sur l’Algérie, au-delà des clichés et des rancoeurs héritées d’un passé colonial douloureux. Plutôt que d’utiliser les propos d’un intellectuel pour alimenter un ressentiment stérile, la France gagnerait à tendre la main à la société civile algérienne et à soutenir ses aspirations démocratiques.
La visite d’Emmanuel Macron à Alger en août 2022 pour « refonder » la relation franco-algérienne a montré la volonté d’ouvrir une nouvelle page entre les deux pays. Un processus qui nécessite d’affronter les blessures mémorielles avec courage et honnêteté, mais aussi de construire les bases d’un partenariat d’égal à égal, loin des rapports dominants-dominés.
En appelant à ne pas diaboliser les Algériens sur la base des critiques de Boualem Sansal, Malika Sorel invite ainsi à faire prévaloir le dialogue et le respect mutuel. Une vision humaniste qui tranche avec l’outrance et l’hostilité qui caractérisent trop souvent les débats sur l’Algérie en France. Un appel à « ne pas desservir » la cause des voix dissidentes en les utilisant comme prétexte à un rejet global de l’autre.
Dans un monde de plus en plus fracturé par les haines et les peurs, cette volonté de privilégier l’écoute plutôt que l’invective est plus que jamais nécessaire. Car ce n’est qu’en regardant la complexité de l’autre en face, au-delà des préjugés et des postures politiciennes, qu’un vrai respect mutuel pourra advenir entre la France et l’Algérie. Un chantier immense et semé d’embûches, mais vital pour l’avenir des deux rives de la Méditerranée.